L'Europe et ses intellectuels (original) (raw)
Dans le cadre du programme général du réseau scientifi que « Cultures européennes-identité européenne » et dans l'esprit des directives thématiques retenues par tous les partenaires, l'Université de Varsovie s'est proposé d'organiser un congrès au sujet de L'Europe et ses intellectuels. Le thème de la manifestation reconnaît l'importance de la contribution du patrimoine culturel à l'identité de l'Europe. Ainsi, au centre du débat se trouve une vision culturelle/politique de l'Europe, élaborée par ses élites intellectuelles, envisagée sous des angles variés et au fi l des siècles, à partir du Moyen Âge jusqu'aux temps modernes. Il s'agira donc d'observer de près la naissance de l'identité européenne et la cristallisation de l'imaginaire européen sous l'impact de grandes personnalités et institutions, comme les universités, académies, bibliothèques, musées, etc. L'envergure de cette problématique ouvre de nombreuses pistes d'interrogation. L'Europe et ses intellectuels. Vingt-trois essais sortis de la plume de chercheurs issus de différents centres universitaires de Pologne, France, Allemagne, Italie, Espagne, Grande-Bretagne, Suisse et États-Unis d'Amérique ont été regroupés en quatre parties essentielles. La première d'entre elles, L'engagement pour l'Europe et ses formes, constitue une discussion sur la forme de l'Europe. Ainsi, Didier Alexandre décrit la position d'écrivains et intellectuels français de l'entre-deux-guerres face aux relations Est-Ouest, intenses à l'époque, et leur importance pour l'éveil de la conscience européenne. Henryk Chudak discute à son tour la vision de l'Europe postnationale dans le texte-projet de Julien Benda de 1933 où l'opposition Europe/ Nation et la mise en garde contre le danger du nationalisme occupent une place centrale. Et enfi n, Thomas Hunkeler propose une synthèse des opinions de Denis de Rougemont, écrivain et philosophe suisse, sur le monde de la culture occidentale, son identité et les dangers qui les menacent. La deuxième partie de cet ouvrage, L'Europe en perspective comparatiste, apporte tout d'abord une étude de Marthe Segrestin, consacrée à la vision de l'Europe actuelle, publiée dans Europe à l'entre-deux-guerres. Dans le chapitre Discours d'ouverture de M. Marcin Pałys Recteur de l'Université de Varsovie Messieurs les Recteurs, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, C'est au moins à un double titre que j'ai l'honneur d'ouvrir cet important congrès : je le fais au nom de notre Université qui célèbre cette année son bicentenaire et je le fais au nom de la ville de Varsovie dont la culture est profondément ancrée en Europe. Qu'aurait été le patrimoine européen sans Frédéric Chopin qui a étudié à l'Université de Varsovie, sans Czesław Miłosz qui-avant d'obtenir le prix Nobel de littérature-y a étudié à la Faculté de Droit, sans Leszek Kołakowski, Bronisław Baczko, Krzysztof Pomian et tant d'autres, chassés de notre Alma Mater ou exilés de Pologne-pays longtemps dominé par les puissances étrangères. Il me semble que les villes d'Europe feraient quelque chose de précieux pour la culture commune et pour l'avènement de l'esprit européen si elles voulaient bien se souvenir ainsi, à tour de rôle, de tous les grands hommes qui-un jour-se sont arrêtés dans leurs murs. Permettez-moi de voir dans ce congrès un tel acte de mémoire collective. L'Europe et ses intellectuels fut d'abord une idée et un désir. Le désir de réunir des universitaires, des chercheurs hors du champ clos de leur spécialité. L'idée de leur proposer de réfl échir aux avatars historiques de ce qu'on peut appeler l'Homme européen. Par-delà la diversité des lieux (Pologne, France, Allemagne, Espagne, Italie, Belgique, Autriche, Suisse, Angleterre, États-Unis), par-delà l'éventail très ouvert des participations (huit universités), la règle du jeu est restée la même : il s'est agi, en chaque occasion, d'explorer à la fois l'émergence et la permanence d'une fi gure historique de l'humanité et sa contribution à l'identité et à la culture européennes. Je remercie mes collègues, les Recteurs M.