Sylvie Bouissou, Jean-Philippe Rameau, musicien des Lumières, Paris, Fayard, 2014, 1024 p. ISBN 978-2-213-63786-0 (original) (raw)

Des Passions et des Sons: Notes sur l'Orchestration de Rameau

Musica Theorica, 2018

Partant de la premisse que Rameau pense les ressources sonores de l’orchestre comme un élément qui peut intervenir activement dans l’articulation d'une dynamique musicale mise au service de l'expression de situations dramatiques, nous nous proposons dans cet article d'étudier l'ariette Un Horizon Serein, de l'opéra Les Boréades, sous l'optique de son orchestration. Notre but est d'élucider comment le compositeur travaille les sonorités orchestrales dans le but de rendre tangibles à ses auditeurs les éléments dramatiques exposés dans le poème. Après avoir identifié les principaux topiques liés aux mot-clefs que le compositeur retient du poème, nous décrivons leurs configurations en insistant sur la diversité de leurs présentations sonores.

« Justine Favart compositrice : sur deux airs publiés dans le Théâtre de M. Favart », Quatre siècles d’édition musicale, Mélanges offerts à Jean Gribenski, éd. J. Elart, E. Jardin et P. Taïeb, Bruxelles, Peter Lang, 2014, p. 63-70.

Raphaëlle LEGRAND Célèbre à la scène sous le nom de madame Favart, Marie-Justine-Benoîte Duronceray (1727-1772) sut captiver son public par la diversité de ses talents : actrice, danseuse, chanteuse, elle fut également reconnue pour son action pionnière dans la réforme du costume 1 . Son jeu à la fois fin et naïf, comique et tendre, sa capacité à chanter dans le style français des vaudevilles comme dans le style italien des Bouffons, lui assurèrent maint succès sur la scène de la Comédie-Italienne dans les années 1750 et 1760, alors que l'opéra-comique en vaudeville évoluait progressivement vers la comédie mêlée d'ariettes. Si l'importance de Justine Favart en tant qu'interprète ne fut guère sous-estimée en son temps, même par ses détracteurs, la qualité d'auteure dramatique lui fut davantage disputée. Le cinquième tome du Théâtre de M. Favart, publié par son mari Charles-Simon en 1763 2 , est en réalité un recueil des six pièces dont elle a revendiqué une part principale d'auctorialité. Écrites en collaboration avec des dramaturges comme Harni de Guerville, Lourdet de Santerre ou Guérin de Frémicourt, probablement relues par Charles-Simon Favart, ces pièces doivent à Justine Favart (comme elle s'en explique dans le prologue apologétique de La Fête d'Amour 3 ) le plan, les situations, le choix des vaudevilles et l'invention des couplets, part non négligeable dans cette « écriture en société » si fréquente dans ce type de répertoire et qui justifiait parfaitement l'inscription de son nom sur les pages de titre 4 .

Lucie RAULT, Instruments de musique du monde. Paris : La Martinière, 2000. 232 p., photographies noir-blanc et couleurs

Cahiers D Ethnomusicologie Anciennement Cahiers De Musiques Traditionnelles, 2001

Voici certainement un des plus beaux livres récemment publiés sur la musique et ses instruments : soulignons d'abord le remarquable travail éditorial de La Martinière et le soin apporté à la conception graphique par la maison Rampazzo & Associés. Très aérée, la mise en page confère à l'ensemble de l'ouvrage une excellente lisibilité ; le texte principal y est réparti en deux colonnes par page, plus un espace latéral correspondant à peu près à une demi-colonne, où sont placées la plupart des légendes des illustrations. L'alternance des textes et des images rythme agréablement la présentation et l'oeil passe volontiers des uns aux autres ; de même, l'insertion de photos d'instruments détourées et d'encadrés donne à l'ensemble une dynamique tout à fait judicieuse. En revanche, l'absence de retrait en début de paragraphes-qui correspond à une mode typographique aujourd'hui courante-prive la lecture d'une certaine respiration naturelle qui rendrait le développement de la pensée de l'auteur plus facile à suivre. 2 Quant à la sélection iconographique, due à Ève Czinczenheim et Marise Delaplanche, elle séduit autant par son esthétique et sa richesse que par la diversité de ses sources : archives photographiques de nombreuses institutions (Musée de l'Homme surtout, mais aussi Library of Congress, Musée de Tervuren, Centre Georges Pompidou…), collections d'agences photographiques, clichés de terrain d'ethnomusicologues ou de voyageurs célèbres, etc. Les photographies d'instruments de musique, pour la plupart sélectionnés parmi les fleurons de la collection du Musée de l'Homme, et celles de musiciens, de Lucie RAULT, Instruments de musique du monde Cahiers d'ethnomusicologie, 14 | 2011

Musique et mimesis chez Denis Diderot : Rameau et le hiéroglyphe musical

Ithaque, 2019

Cet article explore la manière dont le problème du sens musical se pose chez Diderot, à partir de deux axes complémentaires : la théorie philosophique et l'écriture romanesque. J'y propose une lecture du Neveu de Rameau à partir des idées musicales exprimées par son auteur dans les années qui précèdent l'écriture du dialogue. J'explore d'abord la manière dont Diderot conçoit les rapports du signe musical avec le signe poétique dans la Lettre sur les sourds et muets et la Lettre à Mlle de La Chaux où Diderot atteint, sous forme paradoxale, le noyau problématique de la théorie de l'imitation musicale : le puissance affective de la musique est en raison inverse de ses propriétés figuratives. Le Neveu de Rameau adoptera plusieurs stratégies pour représenter la musique, ce qui pourrait laisser croire que Diderot n'a pas pris la mesure du paradoxe de la représentation musicale. Je suggérerai au contraire que comme Jean-François Rameau, la musique y est à la fois semblable et irréductible à toutes les formes extérieures qui la traduisent. Diderot n'a donc pas négligé, mais déplacé le paradoxe esthétique sur le plan éthique. Mon analyse tend ainsi à montrer que la plus géniale figure de l'amoralisme au XVIIIème devait être un virtuose de la musique.