1998 Approvisionnement carné et équilibres agro-pastoraux : l'exemple des communautés lacustres du Néolithique final Chalain "Station 3" (Jura France). (original) (raw)
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Meat supply and agro-pastoral evolution in the French Late Neolithic: the case of two successive lake shore villages from Chalain (Jura, France).The archaeozoological study of twosuccessive Horgen culture village sites on the shore of lake Chalain (Jura, France) during the 32nd century 8.C., is part of ageneral concern of the reseorch on the occupation of lacustrian environments in the northwestern part of the AIps; the focal point of this research being to determine the interactions between thechanges in population, technological systems, social organizations and environmental balance. This archaeozoological study reveals a system of meat supply marked by important successive reorientations reflecting upon a rapid adaptationand highly flexible food supply strategies. The interpretation of the variations of quantitative proportions of the principalmeat sources, together with the osteometric features of the main species exploited do suggest, in connection with the extension of land clearing and the accelerationof population growth, a meet economy that seems marginal because of thegrowth of cereal production.
L’analyse des spectres de faune du Néolithique final de Chalain et de Clairvaux (Jura), grâce à plusieurs centaines de milliers de vestiges osseux de faune parfaitement conservés, permet d’explorer différents aspects, le plus souvent étroitement imbriqués, de la relation au monde animal dans le cadre de l’occupation des sites lacustres. Les caractéristiques qui s’en dégagent composent une gestion originale des ressources animales, tant du point de vue de leur insertion dans les modes de production que de leur organisation et de leur évolution sous l’influence des facteurs environnementaux, culturels et techniques. L’approvisionnement en viande repose en grande partie sur la chasse et semble organisé pour peser le moins possible sur les troupeaux domestiques. La part des animaux d’élevage dans l’alimentation semble assez modeste et repose en grande partie sur l’exploitation des porcs et une utilisation limitée des bovins et des petits ruminants pour l’embouche. L’approvisionnement en viande apparaît ainsi en grande partie tributaire de l’exploitation des animaux sauvages, et plus particulièrement du cerf, dont la chasse assure les apports les plus conséquents et les plus constants. Cette chasse est une activité organisée, qui s’appuie sur un contrôle des populations sauvages aussi précis que celui qui encadre la conduite d’un troupeau domestique. L’importance de la chasse et le développement de l’élevage du porc peuvent être considérés comme révélateurs de la recherche d’un équilibre entre les espaces forestiers et des étendues cultivées, entre les ressources en gibier et les possibilités offertes à l’élevage au sein du système agraire. Ces caractéristiques participent d’une exploitation agricole extensive confrontée à ses limites dans le contexte de l’intensification démographique mise en évidence à Chalain à la fin du IVe millénaire av. J.-C. (Pétrequin et Bailly 2004, Pétrequin et al. 2005, Pétrequin 2007). Les variations de la taille des animaux, particulièrement marquées dans le cas des bovins par une diminution, qui se répète lors de chacune des occupation de Chalain et de Clairvaux, peuvent être rapportées aux difficultés de l’élevage à trouver sa place. D‘ampleur moindre, cette même tendance à la diminution qui marque la biométrie d’espèces sauvages comme le cerf, peut être considérée comme un signe d’épuisement des populations animales sauvages, en réponse à l’exploitation intensive dont elles font l’objet. La conjonction de différents indices laisse soupçonner, au Néolithique final, une surexploitation du milieu et souligne les limites d’un mode de faire-valoir agricole dans lequel la traction animale, directement attestée par la découverte du travois et du joug de Chalain 19, ne semble pas réellement développée. Les comparaisons élargies à l’ensemble des sites lacustres suisses confortent cette image tout en la précisant et soulignent de nombreuses convergences dans les transformations progressives de l’économie agricole pendant deux millénaires d’occupation au bord des lacs du domaine alpin.
Bulletin de la Société préhistorique française, 2005
Bulletin de la Société préhistorique française 2005, tome 102, n o 2, p. 335-344 Valérie BEUGNIER et Yolaine MAIGROT La fonction des outillages en matières dures animales et en silex au Néolithique final. Le cas des sites littoraux des lacs de Chalain et Clairvaux (Jura, France) au 30 e siècle avant notre ère Résumé Dans le cadre de cet article, nous présentons la synthèse de deux études fonctionnelles conduites au départ de façon indépendante, portant respectivement sur l'outillage en matières dures animales et en silex de deux sites d'habitat datés du Néolithique final. Les gisements sont implantés en bordure des lacs de Chalain et Clairvaux, dans le Jura, et sont tous deux affiliés au groupe de Clairvaux. Par la reconstitution des chaînes opératoires liées au travail des peaux, du bois et des matières dures animales, la place accordée à chacune de ces industries au sein du système technique a été définie. Ce travail a ainsi permis de mettre en évidence une gestion contrastée de ces assemblages qui renvoie dos à dos l'outillage en silex et en os, d'une part, et l'outillage en bois de cerf, d'autre part.
L'espérance de vie des maisons serait réglée par la durée moyenne de mise en culture des parcelles cultivées les plus proches. Pour présenter les méthodes et les résultats d'une démarche visant à reconstituer l'élévation de maisons du Néolithique moyen II(4000 à 3500 av. J.-C, années solaires), au nord-ouest des Alpes, on s'appuiera sur une documentation récente : les résultatsdes recherches de l'URA 12 (CRA/CNRS) sur les premiers plateaux du Jura français, dans le cadre d'un programme d'étudesélaboré en 1982 (« Dynamique des premières sociétés agricoles du Jura méridional »). L'essentiel des fouilles a porté sur dessites d'habitat littoral, qui se répartissent autour du Grand Lac de Clairvaux (commune de Clairvaux-les-Lacs, Jura, France) et à l'extrémité occidentale du lac de Chalain (commune de Fontenu, Jura). La conservation en milieu humide (tourbières basses) ou sous le niveau de l'eau (zones peu profondes de la beine lacustre) permet d'y retrouver les poteaux des constructions, une partiedes superstructures effondrées et les macro-restes végétaux, soit une documentation de tout premier ordre pour aborder les questions de restitution de l'élévation des constructions néolithiques.
Les fouilles menées sur le site de « Ganay », à Saint-Laurent-Nouan (41), dans le cadre du projet d'aménagement du golf des Bordes, ont porté sur une surface de 2,58 hectares divisée en trois secteurs séparés pas des zones boisées et des étangs. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges d'habitats datant de la fin de l'âge du Bronze ou du début du premier âge du Fer, de l'Antiquité gallo-romaine et du haut Moyen Âge. Parmi les structures les plus anciennes, mentionnons un silo (comportant de nombreux éléments de céramique, de torchis et des graines carbonisées) et un fosse dite « en Y » qui serait une fosse-piège à gibier. À la transition entre la fin de l'Antiquité et le premier Moyen Âge, deux petits fours pourraient avoir servi à cuire de la céramique. Le premier (ST 1289), assez bien conservé et construit exclusivement avec des fragments de tuiles, comporte un laboratoire circulaire (1 m de diamètre externe), les restes d'une sole perforée, et un alandier d'un mètre de long. Le second (ST 701) est très lacunaire. Son laboratoire, construit en tuiles et en petits blocs calcaire est quadrangulaire (un peu plus d'un mètre de côté), avec un alandier de 1,60 m de long. Leurs comblements d'abandon, ainsi que leurs abords, comportent un important lot de céramique comportant des stigmates de cuisson (près de 6500 tessons, pour un poids total dépassant 85 kg, au sein desquels de nombreux éléments sont fissurés, desquamés ou déformés). Celui-ci est constitué, entre autres, de fragments de pots globulaires standardisés, de coupes à carène souvent décorées à la molette, de marmites à suspension... Ces éléments sont datés typologiquement de la fin du V e ou du début du VI e siècle. Cette fourchette chronologique est confirmée par deux datations par thermoluminescence. De nombreux restes de tuiles de couverture sont associés aux rejets céramiques et portent les mêmes stigmates : déformation, gonflement, fissuration. Les deux fours de potier ont donc manifestement été employés à la cuisson de terres cuites architecturales, malgré leurs très petites tailles, à moins que d'autres fours, non conservés ou hors emprise, aient existés. Quelques autres structures (TP, fosses), réparties sur le secteur central de fouille, ont livré de petits lots de céramique de la même période, sans que l'on puisse savoir si elles sont liées à l'atelier de potier/tuilier ou si le mobilier qu'elles comportent est résiduel. L'occupation de la deuxième moitié du haut Moyen Âge (VIII e -XI e s.) consiste en un habitat rural assez vaste structuré notamment par plusieurs longs fossés parallèles d'axe sud-ouest - nord-est. On constate plusieurs concentrations de trous de poteaux (vestiges de bâtiments en terre et bois dont les plans sont très peu lisibles) et de silos qui témoignent, soit de la multi-polarisation de l'habitat, soit du déplacement de celui-ci sur de courtes distances, au cours de la période. Sept fours sont également dispersés sur les secteurs 2 et 3. La plupart s'apparente à des fours domestiques, probablement destinés à cuire le pain ou à griller les céréales. Ils sont creusés en sape dans le substrat sableux et comportent des soles constituées de limon ou construites avec des fragments de tegulae). Le four du secteur 3 (ST 331), qui se distingue des autres, notamment pas sa profondeur serait un nouveau petit four de potier. Il a livré 679 tessons témoignant d'une production très standardisée de pots et de cruches semblables à ceux consommés à Blois entre le IX e et le début du X e s. Trois puits, situés côte-à-côte, ont été fouillés intégralement. Ils sont peu profonds (moins de 3 m) et cylindriques. Deux d'entre eux ont livré, dans leurs fonds gorgés d'eau, des éléments en bois, dont des probables fragments de cuvelages effondrés.
Nos préconisations pour la sauvegarde des deux zones archéologiques inscrites au Patrimoine mondial de l’UNESCO sont certes proches de celles du cabinet Teleos, mais ne sont pas identiques : - pour ce qui nous concerne, nous ne pouvons travailler qu’avec la notion de niveau inférieur de battement du niveau du lac, qui correspond au seuil supérieur du barrage actuel. Évoquer – comme le fait le cabinet Teleos (Pl. 9) – un niveau moyen ou un niveau maximal du plan d'eau n’est en aucun cas une notion applicable à un bassin à alimentation karstique majoritaire. Ce qui compte en fait, du point de vue archéologique, c’est de ne jamais abaisser le niveau en dessous du sommet du barrage de sortie, considéré comme point zéro ; - quant à l’évolution de la végétation, nous doutons qu’une hausse artificielle du niveau du lac (les 50 cm proposés doivent-ils être considérés comme un seuil inférieur ? une valeur moyenne ? une cote supérieure ? Ce point devra absolument être éclairci) soit suffisante pour mettre en sommeil ou asphyxier la couverture buissonnante ou arbustive qui s’est rapidement développée pendant ces dernières années. En effet, en étudiant les documents historiques, nous avons constaté que l’expansion récente du couvert arbustif n’était absolument pas en rapport direct avec l’abaissement historique du plan d’eau, mais avec une modification profonde de la vocation des sols. De plus, les noyaux pré-forestiers tendent à s’ancrer sur des points hauts du bas-marais au nord du Grand Lac, que ce soient des remblais du XIXe siècle ou des sites archéologiques comme la Motte-aux-Magnins, dont l’altitude dépasse certainement celle du niveau du lac que l'on rehausserait artificiellement. Pour reconstituer les paysages historiques démontrés dans les bas-marais au nord et au sud du Grand Lac, il n’y a pas d’autre moyen, semble-t-il, que : - de considérer que le seuil minimal d’écoulement des eaux du lac est celui du sommet du barrage ou supérieur de quelque 20 cm, tout en supprimant tout contrôle artificiel et toute « régulation » du niveau du lac ; - d’envisager, dans de brefs délais, la fauche régulière pour mettre en sommeil les buissons et les arbres qui envahissent le bas-marais. Finalement le coût de telles opérations est assez faible pour pouvoir les envisager dans la longue durée, comme l’implique la protection et la conservation des sites archéologiques au titre des Monuments historiques et de l’inscription au Patrimoine mondial.
Late Neolithic breeding in Southeast France : some thoughts about flock management. In a context of important cultural changes, the economy of the late Neolithic societies of Southeast France is marked by increase of agricultural production and intensification of breeding. If flocks structure seems relatively constant, variability in their exploitation can be noticed both between the different cultural groups and inside the same cultural group. The recent archaeozoological analysis of Collet-Redon and Ponteau-Gare (Bouches-du-Rhône) settlements and current studies of La Fare (Alpes-de-Haute-Provence) and La Citadelle (Bouches-du-Rhône) settlements provide new data about herding modes sheep, goat and cattle as well as productions searched by breeders. At the same time, a study of the current sheep breeding provides us with precise information about the strategies of slaughtering developed in rearing for the production of meat. In order to obtain a comprehensive view about the late Neolithic pastoralist system, the interpretation of these pastoral practices have to be framed within territory management, which is a real stake for farming and grazing. The application of sheep and goat milk tooth methods (Helmer et al.this tome) to our series bring data about slaughtering seasonality. Comparing the whole results to data from other late Neolithic sites, Combe Obscure (Ardèche), Claparouse (Vaucluse) and Col-Saint-Anne (Bouches-du-Rhône), allows to hypothesize occupation seasonality and to suggest new researches trends to elucidate late Neolithic flock management in Southeast France.