Sens au travail et management du travail (original) (raw)
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Sens et reconnaissance dans le travail
La plupart des sociologues ayant interrogé des salariés dans différents secteurs économiques, ont été confrontés à une plainte récurrente : le manque de reconnaissance (Dubet, 2006). Ce désir de reconnaissance peut être vu comme le corollaire, dans de nombreuses activités, d'un sentiment de perte de sens du travail. Si l'on ressent le besoin de voir le fruit de son labeur validé par autrui, c'est peut-être parce qu'il ne fait plus suffisamment sens par luimême, que l'évidence de l'action fait défaut. Du coup, les contraintes, les difficultés, les épreuves du travail paraissent, elles aussi, dénuées de sens : à quoi bon faire des heures supplémentaires, s'investir dans le travail, faire preuve d'ingéniosité ou prendre des risques si l'intérêt qu'il y à le faire s'estompe ? Les plaintes croissantes de stress ou de souffrance au travail témoignent de cette difficulté ressentie à supporter un travail qui s'écarte de l'idéal que l'on voudrait atteindre ou pire, ne propose plus suffisamment d'idéal.
Esprit, 2011
Pour vivre heureux, il faut forcément avoir quelque chose à faire, mais pas quelque chose de trop facile Primo Lévi 1 La chose semble entendue depuis la nuit des temps : le travail est une peine, le travail nuit à la santé, le travail fait mal ! Rien de neuf à le redire, si ce n'est pour signaler que le travail aujourd'hui ne fait pas le même mal qu'hier. Bien faire et même mal faire son travail fait mal, et pourtant ne pas avoir de travail est pire. Le travail, son travail, du travail,… le même mot, chaque fois un sens différent : la tâche, l'activité, l'emploi, et même plus car sont mêlés le travail et le fruit du travail et qu'en plus la même tâche peut être, selon la situation, un bon travail, un boulot dont on se débarrasse, ou une épreuve qui vous gâche la vie. Il y a pourtant une raison forte à ne pas trop dissocier ces sens : la désignation d'un rapport particulier de l'homme à la nature qui en mêle toutes les dimensions psychique, technique, économique et sociale et se détruirait d'en oublier une. Puissance de transformation de la matière, qui organisée démultiplie sa capacité, source de bien-être lorsque est reconnu l'apport de celui qui y participe, le travail est fondamentalement une activité collective, c'est pourquoi il est essentiel, mais c'est aussi pourquoi il pose problème quand sa valeur ne coule plus d'évidence. Ces dernières années on s'est surtout arrêté sur ses facettes noires, comme si la fin des hymnes au progrès avait tari sa valeur positive et qu'il n'était plus de libération à espérer que de sa réduction ; comment alors retrouver ses facettes positives, les liens qu'il crée, le plaisir qu'il peut procurer, sans se résigner à ne pouvoir qu'en améliorer les conditions d'exercice, de travail, d'emploi et de salaire, ou qu'en réduire la durée ? Ces facettes noires ne sont pas inhérentes à l'activité de travail. Elles sont les ratés d'un apprentissage en cours, largement inachevé, celui d'un nouveau régime de productivité du travail humain valorisant l'implication individuelle des salariés dans les finalités et la réussite de leur travail. Elles relèvent plus d'une transition que de la révélation d'un nouvel état stable 2. Jusqu'alors cette implication ne semblait productive que pour des travailleurs autonomes, artisans ou professions libérales ou pour des salariés cadres ou experts. Aujourd'hui, une telle
Management, "sensemaking" et économie sociale et solidaire
2013
Papers are available on the EMES website (www.emes.net) and on the SOCENT website (www.iap-socent.be). These papers do not undergo any editing process. They are published with the support of the Belgian Science Policy Office, within an Interuniversity Attraction Pole (IAP) on social enterprise entitled "If not for profit, for what? And how?".
Vulnérabilité, management et bien-être au travail
Que peut bien faire un philosophe au milieu de spécialistes du management ? Que peut bien faire un philosophe qui, comme c'est mon cas, s'intéresse aux questions d'éthique et plus particulièrement d'éthique médicale, parmi des chercheurs opérant dans les domaines de la gestion et des organisations ? Que peut-il bien y avoir de commun entre ces domaines que d'aucuns pourraient trouver antinomiques ? En effet, les problématiques liées à la médecine et à l'éthique médicale évoquent plutôt la sollicitude et l'ouverture à autrui. Le management, en revanche, n'a pas toujours une réputation aussi positive. Pour beaucoup, il évoque encore des technique d'exploitation et de manipulation des personnels, une tentative de réduction de l'être humain à la seule dimension de moyen, comme le laisse d'ailleurs entendre la notion de « ressources humaines ». Certes, il s'agit là d'une vision réductrice du management, mais qui reste présente dans de nombreux esprits et qui est probablement nourrie par une approche taylorienne encore mise en oeuvre par de nombreux managers. Aussi, m'a-t-il semblé qu'un rapprochement de ces deux mondes, celui du soin et celui du management, pourrait probablement être fécond pour développer un mode de management plus humaniste. Un management qui ne consisterait plus à gérer des ressources humaines, mais à prendre soin de l'être humain au travail pour lui permettre de trouver dans cette activité une source possible de joie et d'épanouissement. Le terme de management peut d'ailleurs nous invite à emprunter cette voie, si l'on se réfère à l'une de ses multiples origines étymologiques. En effet, si l'on s'intéresse aux différentes sources qui ont convergé pour aboutir à la formation du mot « management », on s'aperçoit que les puristes de la langue française, qui