"Psyché (d'Apulée)", Encyclopédie Berbère 37, 2015, 6588-6602. (original) (raw)

Psyché à la croisée des chemins : la fable d'Apulée à la source de l'emblématique sacrée

Psyché à la Renaissance. Actes du LIIe Colloque International d'Études Humanistes (29 juin - 2 juillet 2009)

psyché à la croisée des chemins : la fable d'apulée à la source de l'emblématique sacrée olga Vassilieva-Codognet, école des hautes études en sciences sociales, paris Une des gravures des Amoris divini emblemata, livre d'emblèmes d'Otto Van Veen paru à Anvers en 1615, nous donne à voir Psyché à la croisée des chemins ( . Bien que consciencieusement appliquée à jouer avec la flèche dont la blessure la rendra irrémédiablement amoureuse, Psyché, ou plutôt Anima car tel est ici son nom, n'a cependant pas encore décidé qui sera l'objet de son amour, l'amour Divin ou l'amour Terrestre. le premier se trouve à la base d'un étroit sentier escarpé menant à sa demeure qui jouxte les cieux, tandis que le second a bâti en contrebas sa cité que secoue le bruit des explosions et qu'obscurcit la fumée des incendies ; Jérusalem et Babylone sont les noms de ces deux cités qui s'opposent comme le ciel et la terre. l'amour Terrestre chérit le monde et tente par son regard de séduire Anima ; l'Amour Divin foule ce même monde aux pieds et brandit un crucifix qu'il contemple avec piété. Ce combat amoureux, cette érotomachie, se déroule dans l'esprit d'Anima, et du choix qu'elle fera, sa conscience seule sera témoin. « Conscientia testis » est d'ailleurs le titre de cette gravure, plus exactement le motto de cet emblème 1 .

L'inuentio de Psyché: Apulée, lecteur de Dion de Pruse

Les savoirs d'Apulée, Spudasmata 175, Hildesheim, 2018, pp.299-323. “Inventing Cupid & Psyche: Apuleius as a Reader of Dio Chrysostomus” The present work is an extension of the study on the relationship between Cupid & Psyche and Berber oral literature, which appeared in Apuleius and Africa and was also the subject of an article in the Encyclopédie Berbère. To adapt a suspicious matter like a barbaric oral tale, the author allowed himself the Platonic tradition, and specifically, the Socratic sophist, Dio of Prusa. Firstly, we take up a hitherto diffuse argumentation which proves that the philosopher of Madaura has indeed read Dio. Then, we attempt to show that the anus character, by which Apuleius amplifies a tiny figure of the Onos, is built in reference to the old priestess that Dio staged in Or.1. But there is more: the prologue to Or. 5 of Dio can be interpreted as, on the one hand, supporting the hitherto unseen operation of exploiting a true barbaric tale, and, on the other hand, constituting a kind of poetics of adaptation which seemingly inspired Madaura’s philosopher. Finally, this article ends with a reflection on the polytropic nature of the insertion of Cupid & Psyche in the Metamorphoses. It is indeed a dialectic of ostentation and occultation that characterizes the relation of Apuleius to its native culture.

L'Invention d'un mythe: Psyché. Allégorie et fiction, du siècle de Platon au temps de La Fontaine. Paris, Honoré Champion, 2006

"This book deals with the poetics of the myth of Psyche, and is concerned in particular with its invention (in both senses of the word). It demonstrates, against the grain of standard interpretations, that what we now call the myth of Psyche was “invented” — and recognised as such — from the moment it was appropriated by christendom, and that it developed, in the early modern period, within the context of a reflexion on the powers and the dangers of allegory and fiction. The book examines as well the “invention”, in the rhetorical sense, of the myth. It first relates the fabula, which is at the heart of Apuleius’s Metamorphoses, to a network of figurative representations, lyrical metaphors and philosophical allegories that deal with the nature of psukhê, with its links with eros, from the first Homeric poems through classical tragedy to the first centuries of christianity. The book then establishes a distinction between allegorical reading and allegorical writing. It thus shows that Apuleius’s fabula was read along later allegorical fables taken from Martianus Capella, from Fulgentius and from Boccacio — theatrical works, heroic or mystical poetry, in Italy, in France, in Spain, in England, in Germany. Courtly society therefore focused on a topic that could be adapted to the staging of crucial religious debates within the context of the Counter-Reformation, to the investigation of the modes of gallantry, of civility and of the relations between men and women. This book further reflects on the notions of genre and on the forms of the tale that surround Apuleius’s fabula, and it shows, finally, that the questioning of allegory moved the interrogation on senses and sensuality from the field of ethics and theology to aesthetics. The impossibility for Psyche to see the forma of the god gave rise, in European literatures, to a meditation on beauty and its pleasures. "La Fable de Psyché", écrivait Charles Perrault dans les dernières années du XVIIe siècle, "est une fiction toute pure et un conte de vieille": contre l'opinion établie, il récusait la valeur allégorique du récit légué par Apulée et modernisé par La Fontaine. Ce statut nouveau permettait à Psyché d'entrer dans la mythologie commune, qui l'avait longtemps tenue à l'écart. Tout comme les errances et la quête de Psyché elle-même, la compétition entre allégorie et fiction, termes clés de l'herméneutique et de l'esthétique classiques, avait pour enjeux la vérité et la beauté. Cet ouvrage s'attache d'abord à réhabiliter les allégories de Psyché, en montrant leur richesse et leur capacité d'invention poétique depuis l'Antiquité jusqu'à la Contre-Réforme, qui a vu Psyché triompher comme fable chrétienne dans la poésie et sur les théâtres européens. Il montre ensuite comment la contestation de l'allégorie a déplacé — du champ de la morale et de la théologie vers celui de l'esthétique — la mise en cause des sens et de la sensualité: l'interdit qui empêche Psyché de voir la forma du dieu est devenu dans les littératures européennes le lieu d'une réflexion sur les formes et les genres de ces mêmes littératures."

"Du conte berbère au mythe grec: le cas d'Éros et Psyché"

Revue des Études Berbères (INALCO), volume 9, p.533-563., 2013

du récit de Psyché Livre IV, 28 Un roi et une reine avaient trois filles dont la cadette, nommée Psyché, était si belle que des foules entières de fidèles délaissaient les temples de Vénus et lui rendaient un culte. Mais Psyché ne reçoit aucune demande en mariage. Désespéré et pensant à une malédiction divine, son père va consulter l'oracle d'Apollon à Milet, lequel lui demande d'exposer sa fille sur un rocher escarpé pour un mariage avec un monstre qui effraie même les dieux. Une fois seule sur le rocher, Psyché sent la douce brise de Zéphyr qui la soulève au-dessus des pentes rocheuses pour la déposer très loin sur un gazon fleuri où elle s'endort. Livre V À son réveil, elle se rassure en voyant un palais merveilleux dans lequel elle s'enhardit. Le soir, lorsqu'elle se couche, elle entend un léger bruit, « craint pour son honneur », sent une présence auprès d'elle, c'est son mari qui « fait d'elle sa femme », et disparaît avant le lever du jour, sans qu'elle ait eu le temps de le voir. Il en est ainsi chaque jour. Mais le temps passe et, privée de présence humaine, Psyché pleure de ne pouvoir voir ses parents et ses soeurs ; elle s'ennuie dans ce qui est devenu une prison dorée et demande à son époux mystérieux qu'elle ne voit jamais, la permission de visiter sa famille. Grâce à des « murmures amoureux » elle obtient de son mari de revoir sa famille à condition de ne jamais chercher à le voir. Le temps passe. Le mari mystérieux met en garde Psyché contre le piège, ourdi par ses soeurs, dans le but d'éveiller en elle la curiosité de voir son visage. Il lui annonce qu'elle est enceinte d'un dieu qui, si elle révèle l'identité de son mari, sera un simple mortel. Mais sur les conseils de ses soeurs jalouses de ses richesses, Psyché rompt sa promesse, en découvrant une lampe allumée qui lui offre la vision de son mari, l'Amour resplendissant, couché à ses côtés. En jouant avec une des flèches, elle se pique le doigt et devient ainsi amoureuse de l'Amour. Mais sous l'émotion de tant de beauté, elle laisse tomber de la lampe une goutte d'huile bouillante sur l'épaule droite du dieu. Cupidon, brûlé, se réveille, bondit et s'envole. Psyché a juste le temps de s'accrocher à sa jambe droite et est emportée jusqu'aux nuages pour retomber, épuisée, sur le sol. Cupidon se pose sur un cyprès et reproche à Psyché d'avoir failli à sa promesse, « je me vengerai de tes soeurs, quant à toi, je te quitte ! » Et il s'envole à tir d'aile. Psyché, livrée au désespoir, part à la recherche de son mari et parcourt de longues distances pendant qu'il se meurt dans son lit. Vénus, sa mère, est furieuse d'apprendre que son fils est amoureux d'une certaine Psyché, une mortelle. Livre VI Psyché poursuit inlassablement sa recherche, mais, n'ayant pu obtenir ni l'aide de Cérès ni celle de Junon, se rend chez Vénus dans l'espoir d'y trouver son mari. Celle-ci lui fait subir de mauvais traitements et lui inflige quatre épreuves impossibles : trier des graines mélangées, recueillir de la toison d'or de brebis dangereuses, recueillir une fiole de la fontaine du Styx, rapporter des Enfers une boîte de jouvence. Psyché s'acquitte de la première tâche avec l'aide de fourmis, de la seconde avec celle d'un roseau, de la troisième avec celle d'un aigle, et de la quatrième avec celle d'une tour isolée. Mais après avoir réussi la quatrième épreuve, et bien qu'ayant été mise en garde par la tour contre cette tentation, Psyché ouvre la boîte de jouvence remise par Proserpine. Les effluves qui s'en échappent la plongent dans un sommeil de mort. Durant ce temps, Cupidon, remis de sa blessure, retrouve Psyché, la pique de sa flèche et, ce faisant, la réveille, sans manquer de lui faire remarquer que c'est sa curiosité qui l'a perdue. Cupidon va trouver Jupiter, lequel réunit les dieux pour consacrer l'union des deux jeunes gens, fait de Psyché une déesse et légitime ainsi leur union auprès de Vénus qui accepte enfin sa bru. Le récit se termine en apothéose et Psyché déjà enceinte, mettra au monde une fille qui sera nommée Volupté.