Accouchement des patientes enceintes infectées par le VIH : étude rétrospective de 358 grossesses suivies entre 2000 et 2004 (original) (raw)

2006, Gynécologie Obstétrique & Fertilité

Objectif.-Évaluer dans quelle mesure les femmes enceintes VIH+ traitées par une multithérapie antirétrovirale peuvent accoucher par les voies naturelles sans augmenter le risque de transmission materno-foetale du VIH. Patientes et méthodes.-Étude rétrospective concernant toutes les parturientes infectées par le VIH et ayant accouché à la maternité du CHU de Bichat-Claude-Bernard entre le 1 er janvier 2000 et le 31 décembre 2004. Le suivi de la grossesse, le traitement antirétroviral pendant la grossesse, la décision du mode d'accouchement et la prise en charge du nouveau-né sont conformes aux recommandations en vigueur entre 2000 et 2004. Résultats.-Sur 358 grossesses suivies pendant cette période, 332 dossiers ont pu être analysés. Soixante-quinze pour cent des patientes ont reçu une multithérapie antirétrovirale, 24 % une monothérapie par AZT et 1 % n'a reçu aucun traitement pendant la grossesse. L'obtention d'une charge virale indétectable s'est produite chez 64,6 % des femmes sous multithérapie et chez 28,7 % des femmes sous monothérapie AZT. Seulement 31,7 % des femmes sous multithérapie antirétrovirale ont accouché par voie basse. 44,7 % des patientes sous multithérapie ayant une charge virale plasmatique indétectable au moment de l'accouchement ont accouché par les voies naturelles. Enfin, 59,5 % des patientes sous multithérapie pour qui la voie basse était autorisée ont accouché normalement. Trois cent trente-deux patientes ont accouché de 341 enfants avec neuf grossesses gémellaires et une mort foetale in utero à 22 SA, soit 340 enfants vivants. Sur ces 340 enfants, seuls trois ont été contaminés (0,88 %). Les trois enfants infectés sont nés de mères ayant reçu une multithérapie antirétrovirale soit 1,18 % (deux transmissions in utero et une transmission per-partum). Discussion et conclusion.-Les raisons pour lesquelles un tiers seulement des femmes VIH+ sous multithérapie antirétrovirale a pu accoucher par voie basse dans cette étude sont d'abord la persistance d'une charge virale détectable sous multithérapie. Vient ensuite le choix de la patiente en faveur d'une césarienne programmée, très dépendant de la qualité et de la teneur de l'information fournie sur les bénéfices et les risques de la césarienne dans le contexte de l'infection par le VIH. La troisième raison est l'existence de contre-indications obstétricales à l'accouchement par voie basse dépendant du contexte de l'infection par le VIH. Dans l'avenir, on peut espérer réduire l'incidence de la césarienne par l'élévation du seuil de charge virale plasmatique autorisant l'accouchement par voie basse, par l'amélioration de l'observance des patientes, par l'adaptation de la posologie des antirétroviraux grâce à leur dosage plasmatique et par l'assouplissement de certaines conduites obstétricales. Par ailleurs, l'intérêt de la césarienne prophylactique en cas de charge virale plasmatique indétectable doit continuer à être évalué.