L’adaptation théâtrale au féminin : une stratégie de contournement (fin XIXe -début XXe s.) (original) (raw)
2022, HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe)
L'adaptation théâtrale au féminin : une stratégie de contournement (fin XIX e-début XX e s.) ? Les adaptations de formes romanesques constituent une part importante de la production théâtrale, « le roman sert d'inépuisable réservoir d'intrigues 1 » pour la scène, à partir du second XIX e s. Les programmations des théâtres comportent ainsi nombre de romans à succès, tels ceux de Balzac ou de Maurice Leblanc 2. L'adaptation semble garantir que l'engouement créé autour du roman va se poursuivre avec la forme scénique, dans un contexte de forte concurrence entre les établissements et d'industrialisation du théâtre. Les femmes, si elles accèdent davantage, au début du XX e s., à l'édition de romans, contes, nouvelles et recueils poétiques, connaissent toujours de grandes difficultés pour faire jouer leurs pièces. L'adaptation peut alors constituer une stratégie afin de contourner les obstacles liés aux préjugés envers les autrices. Dans cette période, plusieurs formes d'adaptation sont en effet repérables ; le cas le plus fréquent est celui d'adaptations féminines d'oeuvres masculines ; le cas le plus rare est celui d'adaptations d'oeuvres féminines par des hommes ; on trouve enfin des cas d'auto-adaptations, de femmes adaptant ellesmêmes leur oeuvre au théâtre. Majoritairement, les textes de ces autrices sont difficiles à trouver, voire n'ont pas été conservés, un phénomène plutôt usuel pour ce qui concerne les écritures féminines. L'étude se consacre donc à la pratique, plutôt qu'aux analyses précises des oeuvres. Nombre d'adaptations d'oeuvres masculines créées par des femmes concernent les classiques. Sophie Bovet de Courpon (1851-1934) adapte ainsi la ballade Der Taucher, de Schiller (1797) sous le premier titre La Ballade du Plongeur (1895, Bodinière 3), puis La Légende du roi de Sicile (1897, Trocadéro 4), avec une partition composée par Célanie Carissan 5. Elle adapte encore Sakountala, d'après la légende hindoue de Kalidasa (1896), musique de Samuel Rousseau 6 et Un Mariage sous Néron, « anecdote dramatique en deux actes en vers 7 », d'après les Annales de Tacite (1898, Bodinière), musique d'Henri Eymieu 8 .