« Portrait du récollet en écrivain au XVIIe siècle », C. Galland, F. Guilloux, P. Moracchini (dir.), Les récollets. En quête d’une identité franciscaine, actes du colloque de Paris, 1er-2 juin 2012, Tours, PUFR, 2014, p. 219-233. (original) (raw)

2014, C. Galland, F. Guilloux, P. Moracchini (dir.), Les récollets, en quête d’une identité franciscaine, actes du colloque de Paris, 1er-2 juin 2012, Tours, PUFR, 2014, p. 219-233.

Les récollets des différentes provinces françaises se distinguent au XVIIe siècle par une forte participation à la littérature spirituelle, apologétique et morale, avec près de 220 publications. Cette ample activité tient à une conception très particulière de la mission franciscaine dans le monde, et à une relecture de la vie de saint François, estimé premier écrivain de l’ordre dont il faut imiter l’exemple. D’un point de vue institutionnel, l’écrivain est extrêmement valorisé, au sein de l’ordre et à l’extérieur, comme en témoignent les histoires ou topographies de l’ordre de Placide Gallemant (1649), Césaire Cambin (1676) ou Hyacinthe Lefebvre (1677), qui présentent par ailleurs les religieux comme des hommes polyvalents, mais particulièrement exercés aux activités intellectuelles. Il est possible d’explorer le monde des écrivains récollets comme un véritable « corps » qui ne se dit pas mais qui existe pleinement, en recensant, aux côtés des auteurs, les personnalités sollicitées pour la délivrance des approbations avant publication des ouvrages. Il s’avère que les approbateurs sont souvent eux-mêmes auteurs et que ces derniers seront tôt ou tard amenés à examiner le manuscrit d’un confrère. L’écrivain bénéficie donc d’un statut particulier au sein de sa province, lié à une réputation d’expertise théologique (s’il est également lecteur dans un couvent) ou pastorale (s’il est prédicateur). L’auteur est indiscutablement celui qui détient l’autorité, tant aux yeux du public que de ses propres frères. Aussi, l’étude des productions imprimées permet de baliser les champs dans lesquels se déploie la compétence récollette en matière d’apostolat par l’écrit. Ils sont variés et constants tout au long du siècle : controverse, encadrement des religieuses, théologie ascétique, littérature de piété, publication de sermons, défense de dévotions spécifiques (la Vierge Marie, le saint Sacrement…). L’écriture devient ainsi un élément inédit d’observance franciscaine.