Troubles mentaux et suicide (original) (raw)
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Malgré les nombreuses publications dans le champ de l'« économie du bonheur » et de la « psychologie hédonique » aucun indicateur de bien-être subjectif ne s'est à ce jour imposé. De surcroît, la subjectivité de ces indicateurs est toujours entachée de critiques nombreuses. Sur le versant sombre, le mal-être subjectif a reçu bien moins d'attention. Plusieurs recherches se sont attachées à mettre au jour les liens entre suicide et le faible bien-être subjectif. Partant du constat que le suicide s'appréhende comme une expression d'un mal-être indubitable, les indicateurs de faible bien-être subjectif peuvent alors lui être confrontés pour en vérifier leur pertinence. La multiplicité des indicateurs, des données et des méthodes, l'absence d'une convergence claire des résultats dans cette littérature font que ces indicateurs subjectifs demeurent dans un halo de suspicion quant à leur pertinence. L'enquête « Statistiques sur les Ressources et les Conditions de Vie » de l'Insee permet de mobiliser 5 indicateurs subjectifs et d'examiner leurs comportements au regard du suicide. A l'instar d'autres phénomènes sociaux, il ne faut pas s'attendre à découvrir « le vrai » indicateur du mal-être. Plus modestement, il faut se contenter d'approximations diverses qui chacune avec ses spécificités et ses limites tente de décrire une réalité plus complexe que ce qui a été perçue jusqu'à présent. De fait, sous le vocable mal-être sont regroupés des indicateurs distincts dont leurs intensités varient et leurs comportements fluctuent, voire entrent en contradiction rendant par-là même difficile une généralisation des constats. Enfin, indicateurs de faible bien-être subjectif ou suicides accomplis possèdent des niveaux, parfois des évolutions, distincts qui conduisent à douter de leur usage pour définir le bien-être d'une nation. De surcroît, le bien-être ou le mal-être dépendent aussi de la culture de chaque nation rendant ainsi les comparaisons internationales difficilement interprétables, notamment pour les acteurs publics.
La prévention du suicide par la prévention des troubles mentaux : où en sommes-nous au Québec?
Santé mentale au Québec, 1996
RÉSUMÉ L'étroite relation pouvant exister entre la maladie mentale et le suicide n'est plus à démontrer. Cependant, au Québec, les intervenants en prévention du suicide, sans nier ce lien, semblent ne pas avoir intégré cette information dans leur pratique. Comme en Amérique du nord ou en Europe, peu de centres de prévention ont évalué l'efficacité et l'impact de leurs interventions. Enfin, les quelques programmes de promotion de la santé mentale ou de la prévention des troubles mentaux élaborés au Québec ne visent que rarement la prévention du suicide. Dans ces conditions, comment peut-on espérer y réduire le taux de suicide ?
Economie et statistique, 1984
Suicidio y ritmos sociales -Además de los vínculos estudiados en el artículo anterior, la estadística pone de manifiesto la regularidad en la frecuencia de los suicidios. Dicha regularidad fué evidenciada hace un siglo; tal es el caso con el incremento del número de suicidos en la primavera, tras un número más restringido en invierno. Mas en una fecha reciente, se manifiestan evoluciones tales como una rotunda aminoración durante el mes de agosto, a la que sigue una reactivación en septiembre. Dicho cambio esta seguramente vinculado con los nuevos ritmos de vida social, en especial la institucionalización de las vacaciones retribuidas. Durante la semana, y tras una fuerte elevación el lunes, el número de suicidios decrece con regularidad hasta el domingo. Este perfil semanal así como el perfil anual maniffiesta la aminoración de suicidios durante el tiempo fuera de la jornada laboral, el cual es también el tiempo en que se estrechan los lazos familiares.
Suicide, souffrance et narrativité
Atelier d’eté - Fonds Ricoeur, 2018
Pouvons-nous parler du suicide ? Pouvons-nous le comprendre, ou bien sommes-nous au-delà de la narrativité et de la compréhension – domaine des causes plutôt que des motifs ? Pour la psychiatrie le suicidé est un malade, et point final. Ni libre arbitre, ni responsabilité : il est au-dessous du seuil éthique, qui exige que la personne soit reconnue en toute sa dimension imputable à ses actes. Seuil éthique, seuil de la dignité humaine : le suicidé n’a pas de dignité, n’est pas proprement sujet. Le psychiatre (et avec lui notre contemporanéité) voit plutôt la victime de soi que l’assassin de soi – le pâtir plutôt que l’agir. Une position qui contraste avec celle de la tradition qui remonte à Saint Augustin : "Qui se ipsum occidit homicida est" (Civ Dei I, 17) ; assassin de soi-même, sui-cide. On dit : « il a commis un suicide » : l’utilisation courante du verbe « commettre » (moins en Français qu’en Anglais, Espagnol ou Portugais, toutefois) en reste comme trace. Pécheur et criminel – ou bien non-sujet. Est-il possible d’échapper à cette dichotomie ? En finir avec la tradition d’excommunication et rétablir pour celui qui quitte la vie un espace de dignité? Pour le savoir, il faudrait d’abord essayer de comprendre l’origine de l’impossibilité d’en parler. La souffrance n’est pas la douleur nous rencontrons des catégories qui, mobilisées par Ricœur autour du deuil en général, peuvent servir à une telle démarche. "La souffrance y apparaît comme rupture du fil narratif, à l'issue d'une concentration extrême, d'une focalisation ponctuelle, sur l'instant. (...) l'instant est arraché à cette dialectique du triple présent, il n'est plus qu'interruption du temps, rupture de la durée ; c'est par là que toutes les connexions narratives se trouvent altérées. Mais le rapport à autrui n'est pas moins altéré que l'impuissance à raconter et à se raconter, dans la mesure où l'histoire de chacun est enchevêtrée dans l'histoire des autres (…) c'est ainsi que notre histoire devient un segment de l'histoire des autres. C'est ce tissu internarratif, si l'on peut dire, qui est déchiré dans la souffrance. On en fait l'expérience lorsque l'on est confronté à certaines formes de confusion mentale, où tous les repères d'une temporalité commune, avec ses horizons de passé et de futur, sont brouillés. La souffrance de l'interlocuteur n'est alors pas moindre que celle du patient. En ce sens, on pourrait risquer le mot d'inénarrable pour exprimer cette impuissance à raconter. La perturbation des axes soi-autre et pâtir-agir est notre point de départ. Si dans la mort d’un proche ces axes sont altérés, en cas de suicide il se produit une subversion radicale." Une symétrie où l’acte du suicide en tant que centre s’impose. Un point où converge toute une histoire de vie, toute la souffrance aboutissant en un geste. Pour les vivants, cet instant devient dès lors source d’une souffrance extrême, d’absurde, d’inénarrable, une projection s’ouvrant sur leur monde. Coauteur de l'horizon commun, du réel que nous constituons et entretenons ensemble, celui qui quitte le monde n’en sort pas de manière silencieuse : il fait éclater ce réel partagé. L'onde de choc atteint de nombreux cercles concentriques de relations avec le mort, s'étend sur plusieurs générations. Les gens, en particulier les proches, ces autres moins autres, auront une énorme difficulté à s'adapter à ce nouveau monde qui exige qu’ils placent l’acte du suicide dans la trame narrative de leur propre vie et de celle du mort. Le suicidé devient un autre absolu, une sorte d’altérité radicale, au-delà de toute interprétation. Aucune chance de se mettre à la place de celui qui a éliminé toute possibilité de place. La vie de celui qui était un proche, soudainement devenu en quelque sorte un inconnu, doit être resignifiée à la lumière de son geste final. Cela exige une vraie reconfiguration du monde. Le deuxième axe, agir-pâtir, est aussi pulvérisé par celui qui renie le mandat (divin, sociétaire, familiale, parental, atavique…) de préservation de la vie. Le suicidé provoque un court-circuit lors qu’il exerce un pouvoir extrême, de vie et de mort, sur lui-même. Il libère en un geste la totalité de sa puissance, provocant donc une explosion aveuglante des catégories de l’agir et du pâtir. Assassin ou victime, ou bien les deux ? Par son acte irrévocable, il devient en quelque-sort tout-puissant, laissant les autres dans l’impuissance la plus cruelle. Demeure (voici le troisième axe en jeu) la question : « pourquoi moi ?, pourquoi mon enfant ?». Impuissance et culpabilité : ne pas avoir vu, ne pas avoir pu ou su éviter le destin tragique, tel est le fardeau d’un parent qui cherche, malgré le silence imposé, à faire de sa souffrance une histoire. C’est à partir de l’analyse de ces trois axes que nous essayerons de discerner ce qu’occulte le voile de silence autour du suicide.
Agora débats/jeunesse, 2011
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