Politique platonicienne et libéralisme : la réception de Leo Strauss aux États-Unis (original) (raw)

La réception chinoise de Carl Schmitt et de Leo Strauss

Revue Française de Science Politique, 2018

Note de lecture critique sur Kai Marchal, Carl K.Y. Shaw (dir.), Carl Schmitt and Leo Strauss in the Chinese-Speaking World. Reorienting the Political, Lanham/Boulder/New York/London, Lexington Books, 2017 et Qi Zheng, Carl Schmitt, Mao Zedong and the Politics of Transition, London, Palgrave Macmillan, 2015.

Un jeu de miroirs transatlantique. Deux paradigmes de réception de Leo Strauss

Archives de philosophie, 2023

Partant du principe que les raisons de la politisation (ou non) de la référence théorique « Leo Strauss » ne peuvent être élucidées qu’en considérant ensemble les écrits du philosophe et les processus de réception dont ils font l’objet, cette contribution présente d’abord quelques éléments de biographie intellectuelle, découpée en six « séquences » distinctes. Au terme de ce premier parcours, c’est l’aspect « polyphonique » de l’œuvre straussienne, semblant autoriser les lectures les plus contradictoires, qui est mise en avant. Suit une exposition de deux paradigmes opposés de réception : la réception états-unienne, rythmée par les polémiques depuis les années 1980, d’une part, et la réception française, assez consensuelle, d’autre part. A la fin du texte, on tente d’expliquer comment L. Strauss a pu devenir dans l’Hexagone une figure canonique dans le contexte du « retour de la philosophie politique », en nommant trois facteurs décisifs : l’absence d’école et d’orthodoxie straussiennes ; la lecture « critique » dont son œuvre a toujours fait l’objet, même chez des auteurs « conservateurs » comme Raymond Aron, Rémi Brague ou Pierre Manent ; son appropriation « à gauche » depuis les années 1980-1990, notamment par des philosophes comme Claude Lefort ou Miguel Abensour.

Retour dans la caverne. Philosophie, politique et religion chez le jeune Leo Strauss

Herrmann, Collection "Le bel aujourd'hui", 2018

Cet ouvrage propose une interprétation historico-critique de l’ensemble des écrits de jeunesse de Leo Strauss, ce personnage hautement controversé de la philosophie politique du xxe siècle. À travers une lecture philosophique et politique des textes du jeune Strauss sur Spinoza, Hobbes et Maïmonide, ce livre reconstruit la trajectoire de cet intellectuel atypique, allant de Nietzsche à Platon, du sionisme au néoconservatisme. En replaçant l’émergence de sa pensée dans le contexte des débats judéo-allemands de la République de Weimar, Retour dans la caverne apporte non seulement une perspective neuve dans les études straussiennes, mais invite également le lecteur à une réflexion sur la « question juive », symbole des contradictions de la modernité politique.

Le platonisme de Lautman dans la tradition d’épistémologie en France

Philosophiques, 2000

Résumé Cet article interroge la place du platonisme de Lautman dans la tradition épistémologique en France à partir de Brunschvicg. Nous soutenons que, malgré sa position originale, le platonisme de Lautman s’intègre en effet dans cette tradition et doit être compris dans ce contexte. La première partie rappelle certains éléments du relativisme critique de Brunschvicg. La seconde tente une reconstruction de la philosophie de Lautman. Nous concluons en montrant comment le rôle donné par Brunschvicg à « l’expérience » se traduit chez Lautman dans une difficulté propre, concernant la « matière » dans laquelle se réalisent les « Idées ».

DOSSIER : Interprétations, usages et appropriations de Leo Strauss. Philosophie et politique

Archives de philosophie, 2023

Les réceptions très politisées de l’œuvre de Leo Strauss (1899-1973) aux États-Unis et en Chine provoquent souvent une sorte de perplexité chez les chercheurs européens : comment cet auteur judéo-allemand arrivé à New York en 1937 et longtemps considéré comme un simple historien de la philosophie a-t-il pu devenir l’une des figures tutélaires du néoconservatisme américain et du trumpisme ? Comment expliquer que son héritage intellectuel soit aujourd’hui revendiqué par des idéologues nationalistes chinois, alors même qu’il ne s’est jamais intéressé à l’Asie de l’Est ni à ses penseurs ? De quelle manière un philosophe « zététique » (c’est-à-dire sceptique, non-dogmatique) qui n’avait rien d’un intellectuel engagé s’est-il retrouvé, après sa mort, au centre de controverses si violentes qu’on a pu parler de Strauss Wars ? Et pour quelles raisons ces « guerres » n’ont-elles pas eu lieu en Europe ? Comment, enfin, une pensée si fortement marquée par son contexte d’émergence, celui des débats intellectuels de la République de Weimar, a-t-elle réussi à s’exporter et à circuler avec une telle facilité à travers le globe ? Ce dossier d’Archives de philosophie propose quelques éléments de réponse à ces questions, à partir de l’étude des réceptions des écrits du philosophe aux États-Unis, en Chine, en Italie et en France. Notre parti pris interprétatif est le suivant : les raisons de la politisation (ou non) de la référence théorique « Leo Strauss » ne peuvent être élucidées qu’en considérant ensemble les écrits du philosophe et les processus de réception dont ils font l’objet. Ni radicalement « continuiste » (« tout est dans l’œuvre originale ») ni purement « discontinuiste » (toute réception est « annexion » pure et simple), notre démarche vise une voie médiane entre ces deux pôles. Car, si les écrits de Strauss donnent souvent des « prises » à leurs diverses réceptions futures, ces dernières suivent également leurs logiques propres, qu’il s’agira de prendre au sérieux dans ce dossier.