Heurtaux J., « Le 23 octobre tunisien. Sociologie des électeurs d'un quartier résidentiel » (1/2), Médiapart.fr, Le carnet de l'IRMC (irmc.hypotheses.org), 23 octobre 2013. (original) (raw)

J. Talpin, H. Balazard, M. Carrel, S. H. Belgacem, S. Kaya, A. Purenne et G. Roux. – L’Épreuve de la discrimination. Enquête dans les quartiers populaires, Paris, Puf, 2021, 420 pages. Camille Giraut L'Année sociologique 2022/1 (Vol. 72)

L'Année sociologique, 2022

Article disponible en ligne à l'adresse : https://www.cairn.info/revue-l-annee-sociologique-2022-1-page-e4.htm Ce livre analyse l'incidence des discriminations sur les subjectivités des individus et sur leur rapport au politique en s'inspirant des approches de la sociologie culturelle qui prend en compte les cadres discursifs et les répertoires culturels propres à chaque société. L'enquête collective menée entre 2014 et 2018 a permis de collecter un corpus de données riche et diversifié puisqu'elle a été menée dans neuf quartiers populaires, dont six se trouvent sur le territoire français (Le Pile à Roubaix, Pasteur à Villepinte, Les Tilleuls au Blanc-Mesnil, le Mas-du-Taureau à Vaulx-en-Velin, le Mistral à Grenoble, et Lormont près de Bordeaux), et trois à l'étranger, dans des pays anglo-saxons (Montréal-nord à Montréal, Shadwell dans l'est de Londres et South Central à Los Angeles). C'est le double mouvement de l'analyse entre différentes échelles-l'échelle locale où se jouent des dynamiques institutionnelles et celle, nationale, où circulent les répertoires et récits sur la race et les discriminations-qui permet de comprendre les différences de modalités d'engagement face aux discriminations non seulement sur le territoire français, mais surtout entre la France et le reste du monde. Le corpus de données est composé, d'une part, de 245 entretiens biographiques réalisés par la méthode boule de neige à partir des entrées associatives des auteur•e•s, et d'autre part, de données ethnographiques récoltées auprès de collectifs militants actifs dans la lutte contre les discriminations. Les auteur•e•s précisent que la méthode de collecte conduit à une surreprésentation, au sein de l'échantillon, de personnes engagées au sein d'activités collectives et associatives de leur quartier (trois-quarts des personnes interviewées) et qui sont diplômées du supérieur (62 % du corpus total des personnes enquêtées). Ceci a pu avoir une incidence sur l'analyse dans la mesure où les personnes les plus diplômées déclarent davantage d'expériences de minoration que les autres (p. 48). Les écarts sont néanmoins minimes puisque, d'une part, les auteur•e•s notent que l'expérience de la discrimination et de la stigmatisation est très largement partagée, quel que soit le profil des personnes enquêtées (p. 352). D'autre part, la majorité des enquêteurs et enquêtrices ont pu être perçu•e•s comme blancs et blanches au cours de l'entretien et cela est décrit comme un facteur d'inhibition de certains ressentis ou expériences de discrimination dans un contexte français où ceux-ci suscitent malaise et controverse (p. 356), et conduisent souvent les individus qui en sont victimes à les minimiser (p. 46) ou à mettre en avant des formes de prudence ou de retenue (p. 35). C'est d'ailleurs pour ces mêmes raisons, et également pour obtenir un large échantillon ne se restreignant pas aux personnes militantes, que les entretiens n'ont pas été négociés comme portant explicitement sur les questions de discrimination (p. 33). Le premier chapitre expose un aperçu du nombre d'expériences discriminatoires recensées au cours des 245 entretiens réalisés, en portant une attention particulière à trois critères-ethnoracial, religieux et territorial-de discrimination. D'une part, le pourcentage de personnes déclarant avoir vécu au moins une expérience de discrimination ou de stigmatisation à titre personnel est supérieur à celui récolté lors des précédentes enquêtes statistiques et s'élève

Bellanger Emmanuel, Desage Fabien, Rivière Jean, 2014, "Les scrutins municipaux sous le regard des sciences sociales", Introduction/présentation du dossier, Métropolitiques, avril

Beaucoup a déjà été dit et écrit sur les dernières élections municipales de mars 2014, et en particulier sur leurs résultats. Ces derniers, loin de livrer une « vérité » de l'élection, restent inévitablement un enjeu d'interprétation, mettant aux prises une multitude d'intérêts et d'acteurs sociaux qui les « font parler » et émettent un ensemble de « verdicts » (Lehingue 2005) à leur endroit. Qui a « réellement » gagné ? Pourquoi les perdants ont-ils perdu ? « Vote sanction » de la politique du gouvernement ou prééminence des enjeux locaux ? Autant de questions omniprésentes dans les analyses « à chaud » mais qui seront absentes des articles de ce dossier spécial de Métropolitiques. La vingtaine d'auteurs réunis ici montrent plutôt, chacun-e à leur manière, que les élections municipales peuvent être un terrain fécond pour les sciences sociales, pour peu que l'on abandonne la perspective du pronostic ou de l'interprétation des résultats, et que l'on se concentre sur ce qu'elles éclairent du fonctionnement et des transformations des espaces politiques locaux et de leurs organisations.