ACHAR, Gilbert (dir.). Le marxisme d'Ernest Mandel. Paris, Presses Universitaires de France, Actuel Marx Confrontation, 1999, 238 p (original) (raw)

Sur Labour After Communism de David Mandel. Un livre pour mieux comprendre les errements du mouvement ouvrier en Russie, Ukraine et Biélorussie

L’étude de l’évolution de la classe ouvrière dans trois des pays les plus industrialisés de l’ex URSS (Russie, Ukraine et Biélorussie) après la chute du Mur de Berlin comporte sans aucun doute un grand intérêt en soi. Mais l’actualité internationale qui place la crise en ukrainienne au centre des enjeux géopolitiques de plusieurs puissances impérialistes et d’un géant comme la Russie nous pousse à réfléchir sur le rôle qui y joue (ou qui pourrait jouer) le prolétariat d’Ukraine et des pays de la région. En ce sens, même si le livre de David Mandel, Labour After Communism, a été finalisé en 2004, il constitue un outil très riche pour comprendre l’état actuel du mouvement ouvrier dans ces pays.

Sur la réception du marxisme en France : le cas Andler (1890–1920)

Revue de synthèse, 1989

«... ce sont precisement les intelligences les plus distinguees et les plus solides du monde bourgeois qui se consacrent ä une etude minutieuse de 1'evolution du marxisme non pour 1'aneantir, mais au contraire pour le comprendre.. Des lots il nous semble assez scabreux de vouloir demontrer ainsi le declin du marxisme. N

Crise du marxisme et critique de l'Etat. Le dernier combat d'Althusser (Reims, Le Clou dans le Fer, Collection "Matérialismes", 2009)

2009

Je livre ici une reconstruction-avec un petit dossier à l'appui-des enjeux propres à la séquence finale de l'action publique de Louis Althusser, consacrée à la crise du marxisme : des enjeux dont on peut apprécier le caractère démesuré, visant la rouverture (des interrogations vis-à-vis) d'un processus historique en train de s'épuiser inéluctablement. Car la crise du marxisme dépassait la prise d'acte des limites d'une théorie, des failles dans un savoir se voulant scientifique : elle a été une situation générale impliquant nécessairement l'ensemble gigantesque de formes de vie et de pensée qu'était le mouvement communiste du XXème siècle. On pourrait soupçonner, dans cette démesure du philosophe s'entêtant à aller à rebours de la dissolution d'un système historique, la trace d'une forme de délire de la présomption intellectuelle. Cela pourrait être vrai, en partie. Mais la philosophie s'assigne de son origine des tâches démesurées, ne pouvant pas exercer ses effets sans des stratégies d' « hyperbolisation » capables de se confronter à l'excès, à l'hétérogène, à la démesure, étant dépourvue d'objet, elle peut donc thématiser des non-objets, c'est-à-dire les commencements et les émergences dispersées et contingentes de ce que d'autres discours prendront justement pour objet. La tâche archéologique de la philosophie est d'opérer l'anamnèse de cet espace neutre, pré-objectif, d'où surgit tout objet possible.

Gerald A. Cohen (1941-2009) et Le marxisme : apports et prise de distance

Revue de philosophie économique, 2013

revue de philosophie économique / volume 14, n˚2 Gerald A. Cohen (1941-2009) et le marxisme : apports et prise de distance Fabien Tarrit * Résumé Le philosophe Gerald A. Cohen est décédé le 5 août 2009. Sa contribution s'est d'abord articulée autour de la pensée de Marx. Elle émergea sur la scène intellectuelle en 1978 avec la parution de Karl Marx's Theory of History : A Defence, qui impulsa la constitution du marxisme analytique. Par la suite, Cohen tendit à se détacher progressivement de la théorie de Marx. Il participa à la discussion sur le concept libertarien de propriété de soi en vue de l'associer à une approche marxiste, avant d'intégrer pleinement le débat normatif autour des problématiques de justice sociale, autour de la Théorie de la justice de John Rawls. Fondée sur la philosophie kantienne, sa critique de la théorie de Rawls lui reproche de ne pas accorder suffisamment d'autonomie aux choix individuels. Le présent article discute la pertinence du voyage intellectuel de Jerry Cohen dans son rapport à l'oeuvre de Marx. Mots-clé : Matérialisme historique, philosophie analytique, propriété de soi, philosophie politique

Chaput, E (2016), "Hegel, la propriété et le libéralisme", Phares, 16, p.219-238.

Nombreux sont les lecteurs de Hegel à avoir souligné l'intérêt et la perspicacité du philosophe au sujet des bouleversements de la société à l'ère du capitalisme naissant : « Dès le début du siècle, à une époque donc où triomphaient les " harmonies économiques " , Hegel qui a lu et commenté Stewart et Adam Smith, décrit avec une stupéfiante perspicacité les contradictions qui déchirent ce qu'il appelle la " civilisation industrielle " 1 ». Malgré ces analyses qui anticipent et recoupent certains aspects de la critique marxienne, Marx et ces continuateurs verront principalement dans la philosophie politique hégélienne centrée autour de son concept d'État la promotion d'« une idée mystique d'unité qui voile la réalité empirique des divisions de la société bourgeoise 2 ». Hegel, en tant qu'il omettrait le conflit social au coeur du capitalisme, serait ainsi, à leurs yeux, un apologue de l'état de fait, de l'immobilisme et du consensus abstrait. Si l'enjeu est donc de situer la pensée rien de moins que complexe d'un philosophe comme Hegel par rapport aux développements sociétaux de son époque, force est de constater que nous faisons face à une position fort ambiguë. Hegel est-il un précurseur de la critique du capitalisme naissant en soulignant les contradictions du libéralisme ou n'est-il pas plutôt, à travers son concept d'État, le théoricien du despotisme prussien ? Tout en prétendant décrire le réel 3 , ne trace-t-il pas, comme le prétendait la critique marxienne, un portrait mensonger du monde politique dans lequel il vit, en omettant les tensions internes de la société allemande pour souligner l'unité de l'Un et du Multiple, du pour soi individuel et de l'en soi commun dans la figure de l'État ? Le présent texte se veut une contribution à ce genre de réflexion sur la nature de la pensée politique de Hegel. On tentera ainsi, à travers l'analyse du concept de propriété chez Hegel, de questionner le rapport que ce dernier entretenait avec le libéralisme.