Aux Sources de la Pollution Urbaine : Le Contexte des Villes Européennes au Second Moyen Âge (original) (raw)
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La recherche présentée dans ces pages découle de travaux réalisés au cours des dernières années, qui visent à affiner et approfondir notre connaissance de l'espace urbain médiéval, de ses réalités, de son organisation et de sa signification pour ses contemporains. Nous poserons une série de questions qui viseront à éclaircir les rapports entretenus entre les citadins et leur environnement et en particulier avec leurs déchets. Nous essayerons de cerner ce qu'est le « sale » dans une ville médiévale. Est-il repoussé aux marges de la cité ou en fait-il intégralement partie ? Qui en assure la gestion ? Y a-t-il des lieux systématiquement associés à l'amoncellement des saletés ou, au contraire, des lieux qui ne peuvent souffrir cette association ? Y a-t-il des « temps » associés au sale ou à son bannissement ? En définitive, au-delà de l'anachronisme du terme, qu'est-ce que la « pollution » dans l'espace urbain médiéval de nos régions ?
Je suis très heureuse de m'intégrer à votre réflexion de ce jour sur "Marché, fiscalité et environnement". Mais pour une médiéviste, manier la notion d'environnement n'est pas sans complication. L'environnement au sens médiéval du terme englobe des réalités complexes, qui ne peuvent être définies par notre vision contemporaine, façonnée socialement et politiquement. Le terme « environnement » au Moyen Age est déconnecté de la nature comme nous l'entendons aujourd'hui, car si non, la notion serait pauvre et peu opératoire. Le principe d'environnement est à lier à ce qui nous entoure, au sens strict du terme apparu en 1265 environemenz entendu comme « contour, cercle ». Gérard Chouquer reprend d'ailleurs cette notion de cercle en préférant au terme d'environnement celui de circumcolens, circum colere (habiter en cercle), les circumcolentes étant donc les habitants qui partagent le même contour, cercle de vie. Pas d'environnement donc dans un sens de protection, très omnipotente d'ailleurs, de la nature, mais plutôt dans l'amélioration et la gestion du cadre quotidien de vie. Autre question de vocabulaire que nous pouvons d'emblée nous poser : qu'est-ce que « polluer » au Moyen Age ? Le terme, très neuf au XVe siècle puisqu'il vient d'apparaître, est emprunté du latin polluere, « salir en mouillant, souiller », lui-même dérivé de luere, « baigner, laver, mouiller ». A la lecture des ordonnances municipales, il est vrai que la notion de « pollution », jamais citée cependant, s'applique en grande partie à la peur et au danger d'une corruption de l'eau ou par l'eau. Ce n'est qu'au début du XVIe siècle que ces mêmes ordonnances se soucient d'un autre élément : l'air.
En attendant Nadeau. Journal de la littérature, des idées et des arts, 2021
Les Parisiens toujours plus nombreux dans une ville de plus en plus étendue, produisent une quantité croissante de déchets et d'ordures. Paris est pourtant loin d'être engloutie sous la masse des immondices. Comment le défi de la salubrité est-il relevé trois siècles durant ? Les historiens Nicolas Lyon-Caen et Raphaël Morera s'attellent à la question dans À vos poubelles citoyens !
This article is dealing with the health risks management and the urban developments that have been made accordingly in port cities during the XVIII century. Based on a concrete example from Bordeaux coming from 3 mains bursars' intervention between 1720 and 1789-Claude Boucher, Louis-Urbain Aubert de Tourny and Nicolas Dupré de Saint-Maur-, the matter is to go back over the different main steps that have marked the transformation of Bor-deaux, from a medieval city to a modern port. The main goal of the study is to highlight the vulnerability of the port environments and the importance of new concepts; such as the hygiene and the public health acquire within the governments political economy. Finally, a comparison with the city of Trieste, on the Adriatic, will lay the emphasis on the specificities of each background dealing with prevention and the fight against health threats.
"Lutum magnum et turpe inficiens". Une affaire de pollution à Avignon à la fin du Moyen Âge
Emilien SEGANTINI, 2022
[Version FR] En ville, nul besoin de chercher pour trouver des résidus de l'activité et de la consommation humaines. Des canettes de bières aux chewing-gums, des mégots de cigarettes aux cartons d'emballage ou plastiques de toutes sortes, nombreuses sont les sources de pollution de l'espace urbain. Mais qu'en était-il au Moyen Âge ? Trois actes, rédigés entre la fin du XIVème et le début du XVème siècle, conservés aujourd'hui aux Archives départementales de Vaucluse, permettent d'en savoir un peu plus sur la question. Cette contribution, prenant la forme d'une étude de cas, se veut tout à la fois stimulante, pédagogique et propédeutique. Elle cherche, d'une part, à montrer comment lire, comprendre et interpréter un document médiéval et, de l'autre, à éveiller l'intérêt du lecteur pour des problématiques qui méritent d'être approfondies. [Versione IT] In città, non c'è bisogno di cercare per trovare dei residui dell'attività e del consumo umano. Dalle lattine di birra ai chewing-gum, dai mozziconi di sigaretta ai cartoni di imballaggio o plastiche di qualsiasi tipo, ci sono tante fonti di inquinamento dello spazio urbano. Ma com'era la situazione durante il Medioevo ? Tre atti notarili, realizzati tra la fine del Trecento e l'inizio del XV secolo, attualmente conservati negli Archivi dipartimentali di Vaucluse, danno qualche risposta. Questo contributo sviluppato sotto forma di un caso di studio, vuole essere stimolante, pedagogico e propedeutico a studi futuri. Si cerca, infatti, da un lato, di mostrare come leggere, capire e interpretare un documento medievale e, dall'altro, a suscitare l'interesse del lettore su problematiche che meritano di essere approfondite. Article publié sur le site de la revue transnationale étudiante Quartier Latin : https://quartierlatinrevue.com/2022/11/07/lutum-magnum-et-turpe-inficiens/
Urbaphobie. La détestation de la ville aux XIXe et XXe siècles
2009
L'âge industriel marque le triomphe de la ville. En deux siècles, les dynamiques démographiques, économiques, sociales et culturelles font aboutir un processus de domination urbaine qui remodèle en profondeur le visage des sociétés occidentales. Mais à l'ombre des cités triomphantes se déploie une autre histoire moins connue : celle du rejet de la ville. Gouffre de l'espèce humaine, où se perdent des contingents toujours plus nombreux de paysans déracinés, pieuvre ardente qui étend ses tentacules sur les campagnes, les images abondent pour exprimer la détestation de la ville. Territoire des miasmes pour les uns, temple du vice et de la corruption pour d'autres, la cité moderne apparaît comme un lieu mortifère - au propre comme au figuré - un vaste mouroir où agonisent tout à la fois l'homme et la civilisation. Cette urbaphobie inspire toute une gamme d'attitudes et de réalisations : stratégies d'adaptation ou programmes de réforme urbaine, fuite temporaire ou définitive loin des agglomérations. Rares sont pourtant ceux qui prônent leur destruction pure et simple. Ainsi, les remèdes aux maux de la ville confortent indirectement le fait urbain comme donnée majeure de la modernité occidentale. Plus encore, ils participent au renouvellement des pratiques sociales et de la pensée urbaine et, à ce titre, jouent un rôle actif dans la dynamique de transformation de la ville contemporaine. Finalement l'urbaphobie, à l'instar de toute réaction anti-moderne, participe pleinement de la modernité qu'elle dénonce.