Dialogue n°14 : l'océan notre bien commun (original) (raw)

Ocean richesse de l'humanité: un bien commun à protéger

Ocean richesse de l'humanité: un bien common à protéger, France Forum, 2015

SOURCE de toute vie, espaces d’une extraordinaire beauté et d’une grande diversité, nos mers et nos océans ont, de tout temps, bercé nos croyances et éveillé nos rêves d’aventure les plus fous. De la figure emblématique de Poséidon, dieu des mers et des océans, au temps des grandes découvertes de Christophe Colomb, de Jacques Cartier ou du capitaine Cook, nos mers et nos océans ont stimulé notre imagination et offert à nos civilisations des ressources alors inépuisables et des espaces invitant les plus téméraires d’entre nous aux plus belles découvertes. L’incroyable développement des activités humaines, déclenché par les révolutions industrielles successives et accéléré par la mondialisation économique, a bouleversé notre rapport à ces espaces bleus. Autrefois traversés par quelques expéditions commerciales, ils sont désormais sillonnés de toutes parts, à un rythme effréné, par les porte-conteneurs et autres navires de fret. D’une surface permettant la communication entre les terres, les océans sont devenus un vecteur d’internationalisation et de globalisation. La mer s’affirme comme l’espace où s’étendent actuellement la puissance et l’influence des États. La puissance stratégique et militaire des grands pays est de plus en plus « maritimisée ». Aux dimensions plus classiques de dissuasion, de contrôle, de projection, de présence ou de sécurité près des côtes, s’ajoutent les nouveaux modes d’action contre des menaces asymétriques, des acteurs illégaux et face aux migrations humaines généralisées. En parallèle, les États affirment leur souveraineté, s’approprient des parties toujours plus importantes des océans et se trouvent souvent en compétition, de l’Arctique aux mers de Chine. Certains espaces encore vierges de toute présence humaine seront ainsi, d’ici quelques années, complètement transformés. Parmi ceux-ci, nous pensons bien évidemment à l’Arctique, avec le passage du Grand Nord. Mais cet exemple n’est que la partie émergée de l’iceberg. L’érosion des côtes, la montée des eaux et la disparition de nombre d’îles dans le Pacifique, ainsi que l’acidification, l’eutrophisation et la perturbation du milieu marin dues à de nouvelles activités humaines, sont autant de facteurs de transformation. D’autres tendances vont aussi s’intensifier en surface, telles que l’immigration clandestine et bientôt les réfugiés climatiques, rappelant ainsi le lien intrinsèque entre la terre et la mer, entre l’espace de contrôle et l’espace de liberté. Ces phénomènes sont présents et réels et le constat est alarmant : les menaces se multiplient, les activités se développent, se diversifient, et nos mers et nos océans se meurent. Nos plages et notre sable sont menacés de disparition, nos ressources halieutiques diminuent dramatiquement, les mammifères et les poissons ingurgitent du plastique et agonisent. Malgré tout cela, ces espaces sont le plus souvent oubliés de la plupart des agendas politiques nationaux et internationaux, faute d’intérêt, faute de mode aussi, malheureusement. Cette absence de conscience collective dans la plupart des agendas politiques s’explique en partie par la tension intrinsèque entre environnement et développement, tension qui est en réalité un héritage très lourd de notre développement industriel du XXe siècle. L’enjeu du XXIe siècle est de bâtir des stratégies alliant prospérité économique et protection des milieux marins. Un prochain test, à court terme, sera la COP21 de Paris à la fin de l’année 2015 : quels accords pour les océans ? Nous avons rassemblé, dans ce numéro, un panel d’auteurs, tout aussi passionnés que nous le sommes, offrant une analyse engagée, moderne, internationale et profondément ancrée dans une vision intégrée et, avant tout, pluridisciplinaire. Nous souhaitons que ce numéro jette la lumière sur le potentiel incontournable des enjeux maritimes et marins et encourage le développement de politiques nationales, régionales et internationales du XXIe siècle, à la hauteur de ces enjeux.

Mer et Littoral : un bien commun ?

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2021

Archipel, quel drôle de nom pour un projet universitaire. Le terme évoque surtout un « ensemble d'îles disposés en groupe » 1 ou encore un « ensemble d'îles relativement proches les unes des autres [dont] la proximité se double le plus souvent d'une origine géologique commune, en général volcanique » 2. Pourtant, c'est le nom que s'est choisi l'Université Bretagne Sud (UBS) pour son Institut citoyen d'études maritimes et littorales. Annoncé dans le projet stratégique d'établissement approuvé en octobre 2017 et officiellement créé en décembre 2018, Archipel vise plusieurs objectifs. Tout d'abord, Archipel a pour but de réaffirmer la dimension littorale et maritime de l'UBS. Du fait que Lorient et Vannes, qui accueillent les deux sites principaux de notre Université, sont des communes littorales, il peut sembler évident que l'offre de formation de l'UBS compte par exemple une licence professionnelle Nautisme et métiers de la plaisance ou une licence professionnelle Métiers de l'industrie et de la construction navale, qu'une unité de recherche se nomme Laboratoire de biotechnologie et chimie marine, qu'un bâtiment emblématique de l'Université soit surnommé Le Paquebot, ou encore que le service des sports propose des activités de voile et de plongée. Cependant, il y a une différence notable entre reconnaître la présence d'activités éparses, ici et là, et penser une véritable identité littorale et maritime unifiante de l'UBS. Si d'aucuns voient uniquement une multiplicité d'îles dans un archipel, ce qui le constitue en tant que tel c'est qu'il fasse ensemble et qu'il ait le plus souvent « une origine […] commune ». Archipel, ce n'est donc pas un agrégat disparate d'activités concernant la mer et le littoral. C'est, surtout, un ensemble cohérent d'actions et de lieux qui, en lien avec notre écosystème local, caractérise l'UBS et lui donne une identité maritime et littorale forte. Il fallait au moins le dire pour qu'on le sache et qu'on ne le refoule pas. DES REGARDS SUR LA MER La création d'Archipel est un projet collectif, dans l'intérêt général. La notion de bien commun abordée ici est la base de l'existence et du développement d'une société (Petrella 1997). Axé sur le partage et la préservation des ressources, ce concept renaît à travers le monde. La mer et le littoral sont des ressources naturelles environnementales, c'est-à-dire un bien commun. En effet il est proposé de considérer comme ressource naturelle tout ce qui, sans être un produit de l'activité humaine, influe ou pourrait influer sur l'économie des pays ou le bien-être de leurs habitants. Aujourd'hui, ces zones de vie et d'activités sont, partout dans le monde, impactées par la présence des hommes. Nous avons souhaité que ce colloque, et donc cet ouvrage, concerne plusieurs disciplines et des chercheurs de différents pays. Il n'a pas la prétention d'être complet, le thème est très large. Ici, l'approche est multidisciplinaire, c'est-à-dire que les disciplines sont juxtaposées ; et chaque auteur aura cherché à rendre intelligible les concepts et le vocabulaire de sa propre discipline. Ce n'est qu'une première étape. Dans le cadre d'Archipel, nous souhaitons mettre en place, demain, une approche interdisciplinaire. L'objectif serait alors que les disciplines s'interpénètrent pour faire progresser chaque discipline, mais aussi faire apparaître de nouvelles questions (Besnier 2013). La relation des sociétés à la mer ne cesse d'évoluer. D'un territoire hostile sur lequel se lançaient les explorateurs, la mer est devenue une aire d'échange et de travail, un espace ludique et un cadre d'innovation pour demain. Chacun possède des représentations, une culture maritime (ou non), un imaginaire, des expériences en fonction de son lieu de vie, de sa famille, de ses activités professionnelles, de ses loisirs et de ses temps de navigation.

Du béton à la mer : l’enjeu de l’espace commun

2015

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Dialogue n°9 : Ensemble, protégeons la biodiversité

Dialogue , 2021

La Chine, l’un des pays les plus diversifiés au monde du point de vue biologique, a fait partie des premières nations à adhérer à la Convention sur la diversité biologique. Ces dernières années, les efforts et les réalisations de la Chine en matière de protection de la biodiversité ont été reconnus de tous. Si nous résumons l’expérience de la Chine à cet égard, nous devons mentionner son innovation dans les méthodes de protection, en plus de la haute attention accordée par le gouvernement à ce sujet et de l’implication de toute la société. En effet, la Chine a proposé et établi le système de ligne rouge écologique. Depuis le mois de novembre 2015, moment où la Chine a créé des projets pilotes de contrôle liés à la ligne rouge écologique dans cinq régions (les provinces du Jiangsu, de Hainan et du Hubei, la municipalité de Chongqing et Shenyang), environ 25 % de la superficie terrestre nationale est délimitée de manière préliminaire par cette ligne rouge. Fin 2019, la superficie totale des diverses réserves naturelles représentait 18 % de la superficie terrestre de l’État, ce qui signifie que la Chine a atteint plus tôt que prévu les Objectifs d’Aichi : protéger aumoins 17 % des zones terrestres et des eaux intérieures et 10 % des zones côtières et marines avant 2020. Plus précisément, la ligne rouge écologique de la Chine concerne trois parties : les régions très riches en biodiversité, les régions dont l’environnement écologique est sensible et fragile, ainsi que les régions ayant une fonction écologique importante. Toutes les réserves naturelles et tous les parcs nationaux sont inclus dans le champ de la ligne rouge écologique ; les activités d’urbanisation et d’industrialisation à grande échelle y sont restreintes.

Une Mer Partagee

Territoire en apparence vierge et immaîtrisable, l'Amazonie était aux yeux des premiers scientifiques un espace quasi déserté par l'homme. L'archéologie propose désormais une vision diamétralement opposée : villes, agriculture, cultures florissantes, etc. Les populations anciennes habitant la plus grande forêt du monde maîtrisaient parfaitement leur environnement, sans aucun doute mieux que leurs successeurs venus d'Europe. Eduardo G. NEVES Traduit du portugais par Sophie Lobo Enfant tenant une jatte de culture Guarita, moyen Amazone.

NOH04 -- Pour un avenir océanologique du Québec maritime

Congrès Avenir maritime du Réseau Québec maritime (RQm), Québec, juin, 2021

JN21 (MàJ MA23) -- L'étude moderne de la mer est jeune et l'océanographie y est prépondérante. Ces savoirs de marinité englobent les dimensions marines, naturelles des phénomènes. D'autre part, une maritimité récente sonde, en contexte de maritimisation, les activités techniquement maritimes et leurs incidences politique et économique (transport, productions, loisirs, maripolitique, etc.). En parenté, la maritorialité, troisième et nouveau domaine d'étude, relèverait davantage de culture au sens large, apposée à nature. Elle examine les relations entre l'humain et des maritoires (territoires marins) en contextes culturels maritimes. L'étude de la maritorialité gagne à se situer au coeur des maritoires, comme on se placerait au large, sans références constitutoires aux côtes, afin d'analyser ces sociétés maritimes. Pour structurer en partie notre avenir maritime et y être scientifiquement campés, devrions-nous évoluer dans une discipline à suggérer et bâtir d'océanologie humaine ? Structurée sur le modèle de la géographie de même, elle offrirait à l'étude de la mer un cadre océano- et non plus géo-, et aux chercheur*es une posture d'océanologue. Mieux, en toute transdisciplinarité des sciences, cet espace adapté devrait-il proposer des océanologies sociale, culturelle, historique, politique, touristique, spirituelle, etc., à conjuguer au besoin avec océanographie ?

La Francophonie océanienne

La communauté francophone de l'Océanie insulaire se limite à quatre membres, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, le Vanuatu et Wallis-et-Futuna, dispersés entre la Mélanésie et la Polynésie. La langue française ne joue pas un rôle de lingua franca puisque ce sont plusieurs dizaines de langues autochtones mélanésiennes et polynésiennes, auxquelles on peut ajouter les langues des minorités asiatiques ainsi que l'anglais et le bichlamar (créole du Vanuatu), qui assurent la communication orale entre les différents groupes, clans et royaumes. Les solidarités et les dynamiques endogènes de ce groupe francophone sont finalement très limitées. Le Vanuatu, avec son développement humain moyen, est là pour le rappeler. Si la francophonie océanienne doit plus son existence au hasard de l'histoire et de la géographie, révèle-t-elle pour autant une véritable aspiration de ses habitants à partager un héritage colonial commun ? Mots-clés : Francophonie ; organisations régionales ; Océanie insulaire ; développement économique ------------------------------------------------------------------------------------------- Can the Oceanian French-Speaking Community be a vector of development ? Abstract The French–Speaking Community of insular Oceania is composed of only four members, New Caledonia, French Polynesia, Vanuatu and Wallis-and-Futuna, that are scattered between Melanesia ans Polynesia. The French language does not play the role of a lingua franca, since oral communication between the different groups, clans and kingdoms is achieved by the use of several dozens of Melanesian and Polynesian indigenous languages, to which can be added the languages of the Asian minorities as well as English and Bichlamar (Creole from Vanuatu). The endogenous dynamics and solidarities of this French-Speaking unit are very limited. Vanuatu, with its rather mediocre human development, is a good example. If the existence of an Oceanian French-Speaking Community is due more to a coincidence of history and geography, does it reveal for as much a true aspiration of its inhabitants to share a common colonial heritage ? Key Words : French-Speaking Community, Regional Organisations ; Insular Oceania; Economic Development