Le Kafka de Josipovici : le cas d'une filiation littéraire (original) (raw)

2014, HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe)

Kafka est le grand poète de la solitude […] cela veut dire qu'on est coupé du passé et du futur, qu'on sent que l'on n'a plus le droit d'appartenir à la famille des hommes 1. Si Gabriel Josipovici, romancier, dramaturge et essayiste britannique, peut être considéré comme un héritier de Kafka, c'est parce qu'il a toujours voué un intérêt particulier pour cet écrivain pragois. Parlant de sa propre expérience de lecture de Kafka, Josipovici met en avant la problématique à laquelle il s'est vu confronté : un sentiment à la fois de familiarité et de profonde étrangeté 2. C'est sans doute un sentiment que partagent nombre de lecteurs de Kafka. Dans la citation en exergue de cet article, un personnage du roman Moo Pak de Josipovici décrit Kafka comme le grand poète de la solitude, solitude qui peut se lire comme une aliénation. Cette aliénation n'est pourtant qu'un aspect d'une réalité bien plus complexe. Josipovici, autant que Kafka, la cultive sans se défaire pour autant du besoin impérieux d'adéquation. Josipovici a publié de nombreux romans et nouvelles ainsi qu'une dizaine de recueils d'essais portant sur la littérature. Ses essais passent rarement le nom de Kafka sous silence. Dès lors, Kafka constitue une figure de proue dans la pensée de Josipovici qui, depuis près d'un demi-siècle, se penche sur des questions liées au « modernisme littéraire ». En parcourant certains des aspects de la critique de Josipovici sur Kafka-questions de l'écriture, de l'ordinaire, du corps et du sens-cet article démontre la parenté entre Kafka et Josipovici. Il n'y est pas seulement question de la critique de Josipovici, mais aussi de son oeuvre littéraire, car, elle aussi, recèle des thèmes qu'il convient d'évoquer moins comme une inspiration intertextuelle que comme un réseau d'échos que l'on peut tisser entre les deux écrivains.