Rapports patrimoniaux et crédit dans les ménages nobles. Dot et apanage des femmes à Bologne au XIXe siècle (original) (raw)

La dette des familles. Femmes, lignage et patrimoine à Florence aux XIVe et XVe siècles, Rome, Ecole française de Rome, 2011 (Collection de l'Ecole française de Rome, 445)

2011

Pour que la maison des pères fonctionne à la perfection, seuls les hommes doivent se succéder dans la continuité temporelle de la famille et la transmission des biens patrimoniaux. Les femmes sont et ne sont pas dans la durée du lignage. Ces femmes, par qui le lignage patrilinéaire se renouvelle et perdure dans la suite des générations qu'elles engendrent, devraient aller et venir entre les maisons, passer et se suivre sans succéder. Or, un des paradoxes du système dotal médiéval, c'est que les femmes, grâce à leur dot, ne sont pas complètement exclues du processus de dévolution des biens : elles sont et ne sont pas héritières de leurs ancêtres. Elles risquent ainsi, toujours grâce à leur dot, de rentrer dans la continuité temporelle des biens de la famille et donc de la famille elle-même. Car grâce à leur dot qui leur permet d'entrer dans les maisons des hommes par mariage, les femmes n'engendrent pas que des mâles pour le lignage, elles inaugurent aussi une autre ligne, une autre succession. Les femmes sont donc à la fois destinataires et agents dans le processus de transmission des biens: à défaut de pouvoir les déshériter totalement, les hommes s'efforcent de neutraliser leurs biens dotaux en les réduisant à de simples créances et de faire en sorte que ce patrimoine féminin soit dénué de tous les pouvoirs inhérents à la fonction de transmission, car c'est elle qui engendre la permanence et permet d'agir sur le temps. Pour entretenir cette puissante illusion d'optique qu'est la maison des pères, il faut enlever aux biens qui passent aux femmes et qui passent par les femmes toute dimension temporelle. Ce livre raconte l'histoire de ce combat mené par les Florentins de la fin du Moyen Âge pour réduire les droits successoraux des femmes, contrôler aussi bien leur pouvoir patrimonial que leur capacité de transmission et les maintenir à titre de suivantes dans la succession et la continuité des familles. Mais il raconte aussi que ce combat n'est jamais complètement victorieux. Isabelle Chabot est médiéviste, spécialiste d'une histoire de la famille attentive aux identités et aux rapports de genre. Elle a édité, avec Giulia Calvi, le volume Le ricchezze delle donne. Diritti patrimoniali e poteri familiari in Italia (XIII-XIX sec.) (Turin, 1998) et avec Anna Bellavitis, Famiglie e poteri in Italia tra Medioevo ed età moderna, dans la Collection de l'École française de Rome (Rome, 2009).

Dot et richesse des femmes à Venise au XVIe siècle

Clio, 1998

femme, mais c'est son mari qui en a l'usufruit et la gestion pendant toute la durée du mariage. Toutefois, quand elle rédige son testament, la femme vénitienne peut en disposer librement, même pendant son mariage. C'est seulement lorsqu'elle est veuve que la femme devient réellement et concrètement propriétaire de sa dot, en admettant qu'elle arrive à la récupérer. J'ai donc choisi de parler ici des deux seuls moments où, dans sa vie, une femme peut disposer de sa dot : quand, mariée ou veuve, elle rédige son testament et quand elle stipule, dans la plupart des cas personnellement, son contrat de remariage. Je base mon analyse sur un échantillon de cent-dix contrats de remariage du XVIe siècle et de cent-cinquante testaments de la deuxième moitié du siècle, de femmes de la bourgeoisie vénitienne 1. 2 Dot et richesse des femmes à Venise au XVIe siècle

Ariane Boltanski, Alain Hugon, Les noblesses normandes (XVIe-XIXe siècles), actes du colloque international (Cerisy-la-Salle, 10-14 septembre 2008), Rennes, P.U.R., 2011, 391 p.

Ariane Boltanski, Alain Hugon, Les noblesses normandes (XVIe-XIXe siècles), actes du colloque international (Cerisy-la-Salle, 10-14 septembre 2008), Rennes, P.U.R., 2011, 391 p. http://www.pur-editions.fr

Le crédit dans les registres notariaux de la région de Valence au bas Moyen Âge

Mélanges de l'école française de Rome, 117/1, pp. 407-439, 2005

notariale est au bas Moyen Âge énorme. Rien ou presque rien n'échappe à l'écrit. Tout ou presque passe chez le notaire à qui on fait appel pour valider et authentifier les transactions, pour leur donner forme juridique et pour en garder mémoire dans ses registres, conservés dans son bureau et transmis à sa mort à un autre notaire. Les actes relevant du crédit représentent un pourcentage élevé dans l'ensemble de la documentation notariale, judiciaire ou extra-judiciaire, et encore dans la documentation du bas Moyen Âge en général. Cependant, malgré l'importance du crédit en nombre d'actes et en volume économique, il n'y a pas de registres qui lui soient exclusivement consacrés ; il n'y a non plus de notaires vraiment spécialisés dans le crédit même si tous s'en occupent. On note aussi l'existence de compagnies mixtes de notaires et de courtiers de rentes perpétuelles et viagères qui profitent de leur position de force pour dominer le marché et faire des profits aux dépens des clients.

« Dotes, donations après rapt et donations mutuelles : les transferts patrimoniaux entre époux dans le royaume franc d’après les formules (VIe-XIe s.) », dans Dots et douaires dans le haut Moyen Âge..., éd. F. Bougard, L. Feller, R. Le Jan, Rome, 2002, p. 353-388.

Les formulaires et collections de formules sont un observatoire privilégié pour saisir comment les rédacteurs d’actes et leurs clients concevaient les transferts de patrimoine dans le couple pendant le haut Moyen Âge. La banalité de ces transactions est aussi frappante que l’étroitesse de leur typologie : 73% d’entre elles étaient des transferts de biens opérés à la constitution du couple, 27%, des donations mutuelles qui anticipaient la dissolution du couple par décès. Donation du sponsus à la sponsa au moment des fiançailles, la dos était indispensable à la validité du mariage. Elle était au cœur des négociations inter-familiales préalables à l’union ; sa composition et sa nature (propriété/usufruit) dépendaient davantage de paramètres sociologiques et géographiques que d’évolutions chronologiques avancées dans l’historiographie. Proposant des solutions variées, les donations mutuelles (interdonationes) étaient quant à elles utilisées pour contourner les règles successorales ou pour modifier la gestion des biens du couple.