Publics et usagers, convergences et articulations (original) (raw)
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Au nom du (transport) collectif : quand une crise de la mobilité reflète une crise du public
Cet article propose une réflexion sur la situation brésilienne actuelle de crise du public, terme général qui englobe aussi bien le commun, ou le collectif (ce qui est partagé) et la représentativité (en tant que pouvoir public), le public étant ce qui est (ou devrait être) ouvert et accessible à tous. Nous prenons l'évolution des manifestations récentes au Brésil comme base pour une réflexion sur l'espace public en tant qu'espace de circulation – de personnes et de discours – mais aussi espace de contrôle. Concernant ce dernier aspect, nous nous interrogeons sur la domination du privé sur le public, ainsi que sur la politique de répression et de soumission plutôt que de dialogue avec le collectif. Il s'agit ici d'une première tentative de compréhension de ces questions urbaines, en partant d'une crise de la mobilité dans le contexte des villes brésiliennes, jusqu'à des problématiques plus globales.
Recherche Transports sécurité, 2010
Enjeux de la mise en accessibilité des transports publics : le rôle de la maîtrise d'usage et de la coproduction. Depuis la loi du 11 février 2005, l'objectif politique est de construire une mise en accessibilité pour tous de l'ensemble de la chaîne du déplacement, comprenant le cadre bâti, la voirie, les aménagements des espaces publics, les systèmes de transports et leur intermodalité désormais indispensable à l'élaboration des projets d'aménagements. Ce contexte politique favorable est renforcé d'une part, par une demande sociale accrue relayée par les associations et d'autre part, par le besoin d'anticipation des conséquences du vieillissement de la population. Une enquête qualitative menée en Îlede-France et à Grenoble auprès de représentants d'associations, de transporteurs, de collectivités et d'experts, montre que la loi ne suffit pas. L'enjeu d'une mise en accessibilité réussie réside notamment dans la volonté politique au niveau local et dans l'implication des personnes en situation de handicap dans les projets locaux, à travers des démarches de concertation et de coproduction. Portée par les usagers eux-mêmes, la maîtrise d'usage permet de faire évoluer un projet, et de l'adapter en fonction de la demande sociale. L'usager détient un savoir-faire de par ses expériences vécues que nul ne peut égaler. Il a donc un rôle essentiel dans l'élaboration, la réalisation et l'évaluation de projets de mise en accessibilité. Pour citer cette revue : Rech. Transp. Secur. 27 (2011).
Hermès, 2001
Traduit de l'anglais par Joëlle Zask L'éclipsé du public [...] Désormais, ce sont eux qui veulent qu'on les laisse tranquilles et qui poussent le cri de guerre de la liberté pour l'industrie, l'épargne, le contrat et leurs fruits pécuniaires. Aux Etats-Unis, le mot « libéral », en tant que désignation d'un parti, est encore employé pour désigner un progressisme dans les questions politiques. Dans la plupart des autres pays, le parti « libéral » est celui qui représente les intérêts commerciaux et financiers acquis et établis en protestation contre la régulation gouvernementale. L'ironie de l'histoire n'est nulle part plus sensible que dans le retournement de la signification pratique du terme « libéralisme », et ce, en dépit de la continuité littérale de la théorie. L'apathie politique, qui est un produit du décalage entre les pratiques actuelles et la structure politique traditionnelle, provient de l'inaptitude des gens à s'identifier avec des questions à l'ordre du jour précises. Ces dernières sont difficiles à trouver et à localiser dans les grandes complications de la vie moderne. Quand les cris de guerre traditionnels n'ont plus d'impact sur les mesures politiques pratiques qui les expriment, on y voit des bêtises et on les rejette facilement. Plutôt qu'une
Personnels et usagers des services publics : des relations transformées ?
Regards croisés sur l'économie, 2007
La remise en cause des services publics ne pouvait pas rester sans effet sur le role attribue a leur personnel et les relations que celui-ci entretient avec les usagers. Francoise Dreyfus, professeur a l’universite Paris I, montre dans cet article que la conversion du secteur public a une « culture du resultat » reduit a neant la figure « du » fonctionnaire sous la multiplicite nouvelle des statuts, des missions et des attentes auxquelles le personnel des services publics doit faire face. S’il y perd la legitimite de serviteur impartial de l’interet general qu’il a pu avoir un temps, le personnel y gagne peut-etre l’occasion d’une reformulation de son role, qui etait de plus en plus conteste. Sous la metaphore de la « modernisation par l’usager » se trouvent en effet de nombreuses transformations visant a placer « l’usager », figure mediane entre le client et le citoyen, au centre du service public. La fonction des personnels en sort transformee, mais les effets de cette transformation des relations entre usagers et personnels restent ambigus.
Publics, problèmes publics, arènes publiques…
Questions de communication, 2016
Publics, problèmes publics, arènes publiques… solutions à leur mesure, imaginent des scénarios, projettent des alternatives, essaient de trouver comment réguler ou supprimer ce qu'elles ont défini comme situation problématique (Spector, Kitsuse, 1973). Cette dynamique collective fait à la fois émerger un problème et son public. Le premier concept important est celui de « situation problématique » (Dewey, 1938) 2. Dans la psychologie fonctionnelle dite de l'école de Chicago, une situation devient problématique quand les réactions habituelles d'un organisme aux sollicitations de ses environnements ne procurent plus la satisfaction de ses besoins et de ses désirs. La totalité intégrée que formaient les transactions (Dewey, Bentley, 1949 : 121-139 ; Follett, 1924) de l'organisme et de son environnement connaît une crise. L'organisme, comme être vivant (life form), doit s'engager dans une enquête pour déterminer quel est le problème et tenter de le résoudre en transformant son milieu de vie et les relations qu'il entretient avec lui. Il en va de même quand les types de réponses, routinisés et standardisés qu'une collectivité donne à son environnement s'avèrent mal ajustés, inadéquats ou insuffisants : un trouble naît de l'indétermination de la situation que les membres d'une collectivité devront circonscrire, contenir, comprendre, contrôler (pour une élaboration de ces questions, voir Cefaï, Terzi, 2012). Le problème n'est pas seulement « dans nos têtes », il est dans le processus de coopération entre organismes et entre organismes et environnements. Dans le langage de la sociologie de William I. Thomas ou de Robert E. Park à Chicago, avec son mélange d'écologie humaine et de psychologie sociale, les multiples processus d'organisation collective et d'organisation personnelle, médiatisés par des institutions sociales, ne sont plus en phase. Ce manque d'intégration engendre des situations problématiques, que ce soit à l'échelle des milieux de vie collective ou des histoires de vie individuelle et provoque des relations de tension et de conflit qui ne se résolvent pas par de simples procès d'accommodement ou d'assimilation. Des personnes, des groupes, des organisations et des institutions se mobilisent alors, en des lieux et à des moments divers, et tentent de reconnaître, chacun depuis sa perspective, en quoi consiste ce trouble et, s'il y a lieu, de l'identifier et de le définir, de lui assigner des causes et des raisons, de le déterminer comme un problème. Ils en examinent différents aspects en vue de sortir du brouillard de l'indétermination, tentent de cerner « ce qui ne va pas », formulent des hypothèses ou des conjectures, proposent des explications et des interprétations. Ils mènent une enquête (Dewey, 1938). Cette enquête a nécessairement une dimension normative (Dewey, 1939) : il s'agit simultanément d'imputer des responsabilités, de dénoncer des négligences ou des infractions, éventuellement, de désigner des victimes et des coupables, en tout cas de porter des jugements d'ordre esthétique, moral, légal ou politique afin de réparer des dommages ou de punir des fautes (Gusfield, 1981).