Le choix du "marché" : présupposés et limites (original) (raw)
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Actuel Marx, 1991
Les mutations récentes des économies "capitalistes" développées, de l'organisation internationale des flux de capitaux et marchandises, les changements et projets de changements dans les sociétés à "socialisme bureaucratique", bref les processus en cours à l'échelle de l'économie mondiale conduisent les économistes à se réinterroger sur la catégorie de marché. Ce faisant, ils sont conduits à mettre en évidence la complexité des phénomènes réels désignés comme phénomènes de marché . Alors que pendant longtemps, le débat principal en matière de méthodologie consistait à savoir s'il fallait privilégier la dimension du marché assimilée à celle de l'échange ou la dimension de la production, les approfondissements théoriques récents montrent que ce clivage n'est pas totalement pertinent. Alors que le débat en matière d'analyse du fonctionnement économique et d'analyse des structures économiques portait sur la place relative -et, sur un plan normatif, sur l'efficacité relative -des logiques marchande et non marchande, l'on s'aperçoit de l'hétérogénéité des logiques marchandes selon le type de marché considéré. Le marché ne peut plus être implicitement assimilé au marché concurrentiel, simple lieu de rassemblement des agents économiques, forme sans épaisseur, structure formelle d'échange de l'analyse libérale, que ce soit pour en défendre ou en critiquer les résultats.
Revue de Synthèse, 2006
RÉSUMÉ : L'historiographie des États-Unis de la fin du XVIII e siècle et du premier XIX e siècle est caractérisée par l'accent mis sur le rôle essentiel du développement du marché dans la croissance économique. Les différentes écoles s'opposent sur l'importance de l'économie morale non-marchande (ou économie du foyer), et le rythme et l'ampleur de l'intégration des marchés. Pourtant, du fait de la chronologie du développement économique du pays, différente de celle observée en Grande-Bretagne, cette intégration, plus que l'évolution technique, a dans l'ensemble toujours été considérée comme la source première de la révolution industrielle et du capitalisme industriel. Mais la notion même de marché, elle, n'a jamais été critiquée et historicisée. L'article propose un modèle historiquement déterminé de fonctionnement marchand et avance quelques hypothèses sur la transition au capitalisme industriel. MOTS-CLÉS : marchés, capitalisme, révolution industrielle, histoire économique, États-Unis. Great-Britain, it has long been assumed that this market integration, more than any technological progress, has been at the root of the industrial revolution and of industrial capitalism. The concept of market, however, has never been itself criticized and historicized. This paper offers a historically relevant modelization of merchant activity, and offers some hypotheses on the transition from this model to industrial capitalism.
Journal des anthropologues
Apprivoiser le marché Éléments d'interprétation des alacitas en Bolivie Taming the Market: Elements for the Interpretation of the Alacitas in Bolivia Michèle Cros et Daniel Dory Depuis quelques décennies on assiste, en Bolivie, à la diffusion croissante de pratiques et croyances liées à la vente et à l'achat d'objets en miniature (et en particulier de billets de papier-monnaie de taille réduite), associées à des expectatives de mobilité sociale ascendante et à l'acquisition de biens et services spécifiques. Ce phénomène est généralement désigné par le nom d'alacitas 1 , par lequel il se manifeste à La Paz, où un marché de miniatures se tient chaque année en relation avec la fête de Notre-Dame de La Paz (de la paix), patronne de la ville, le 24 février. Pour comprendre la multiplication des occurrences des objets et croyances d'alacitas, dans le temps et dans l'espace bolivien, il est nécessaire d'en décrire les principales caractéristiques, puis de rendre compte de quelques-uns de ses nouveaux contextes. Ensuite on s'attachera à évoquer rapidement les principales transformations qu'a connues la société bolivienne depuis le milieu du XX e siècle, en insistant sur celles qui ont pu retentir sur les croyances et pratiques rituelles. Enfin, à titre d'hypothèse argumentée, on proposera les grandes lignes d'une interprétation des alacitas comme l'un des moyens mis en oeuvre par un nombre croissant de Boliviens pour affronter les opportunités et incertitudes du marché. Pour ce faire on évoquera à la fois la diversité des pratiques, représentations et symboles qui confèrent un sens et une efficacité aux alacitas, ainsi que les tensions qui se manifestent entre le caractère traditionnellement localisé (et daté) de ces pratiques marchandes et les enjeux globaux qu'elles sont désormais amenées à assumer. Le marché (feria) d'alacitas D'entrée de jeu il nous apparaît essentiel de distinguer clairement la fête d'alacitas (qui se déroule à La Paz avec des particularités que nous mentionnerons plus bas), du marché ou feria d'alacitas. Ce dernier consiste en la rencontre, en un lieu variable et en un moment Apprivoiser le marché Journal des anthropologues, 98-99 | 2004 Les quelques indications dont on dispose concernant cette célébration au cours du XIX e siècle font état de la coexistence de la fête religieuse (avec messe, procession, danses, arcs d'argenterie et feux d'artifice) avec le marché de miniatures où les artisans des différentes corporations (gremios), ainsi que des indigènes ou encore des enfants exposent et vendent leurs productions (Butrón, 1990 ; Cuba, 2001). Fait important : ces transactions Apprivoiser le marché Journal des anthropologues, 98-99 | 2004 10 Mais si la fête d'alacitas, combinant la célébration de la Vierge patronne locale et le marché des objets en miniature associé à la figure changeante de l'Ekeko, est une Apprivoiser le marché
Marché et autonomie des acteurs : histoire d'une illusion
L Économie politique, 2008
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Revue de Synthèse, 2006
Analyser « le marché dans son histoire », c'est d'abord interroger la catégorie de marché et l'usage qu'en font les historiens. La démarche ne va pas de soi, dans une discipline largement plus empiriste que théoricienne, qui emprunte le plus souvent ses concepts aux sciences sociales voisines. Or, dans les théories économiques, la catégorie de marché occupe une position assez paradoxale : considéré comme le mode de coordination essentiel entre les agents, et souvent même le seul considéré, le marché est au coeur des constructions théoriques, mais celles-ci se contentent souvent d'hypothèses bien réductrices pour le définir. « Dans les approches dominantes, écrivent Benjamin Coriat et Olivier Weinstein, le marché est représenté comme un espace où se rencontrent offreurs et demandeurs, suivant des mécanismes tels que s'y établissent des prix dits d'équilibre 1 . » « Charmante fiction », assurément, que celle que nous propose la théorie standard dominante, d'essence néoclassique, au regard de laquelle la plupart des marchés que peut observer l'historien apparaîtront comme largement « imparfaits », faute de voir réalisées toutes les conditions que requiert le schéma théorique. On peut alors non seulement se demander quelle est l'efficace d'un modèle qui n'est jamais réalisé dans la pratique, mais aussi dans quelle mesure ce concept de marché peut éclairer les historiens de façon heuristique : à bien des égards, il apparaît comme un obstacle à l'analyse historique. De sorte que nombre de travaux récents s'en sont éloignés : les contributions rassemblées ici montrent la complexité des processus de construction des marchés, la pluralité et la variété des arrangements qui rendent possibles leur existence et qui permettent leur fonctionnement. Elles soulignent surtout la nécessité d'historiciser la catégorie de marché, à rebours de toute abstraction intemporelle, de tout schéma universel préconstruit.
Le marché : concept économique et réalités historiques
Ce séminaire, ouvert à tous, s'inscrit dans le cadre des axes du laboratoire Ausonius, "Les marchés dans le monde antique : concepts, conceptions et réalités". Il a pour ambition d'articuler une étude des conceptions économiques des Grecs et des Romains avec une étude des faits économiques, autour du concept de marché. Comme le note Michel Callon, "les lois du marché ne sont pas plus dans la nature des hommes et des sociétés -attendant que le scientifique, comme un prince charmant, les réveille et les révèle -que des constructions ou des artefacts produits par les sciences sociales dans une tentative d'improviser des structures simples pour expliquer une réalité complexe et opaque" ("The Embeddedness of economic markets in economics", in : Id. éd., The Laws of the Markets, Londres, 1998, p. 46). La science économique est un discours performatif qui change la forme de l'économie et de la société. Cette approche n'annule pas pour autant l'interaction. Les réalités économiques telles qu'elles sont perçues affectent les analyses produites. Elles constituent un élément qu'il convient de prendre en considération à part entière.
Libérer la pensée pour réinventer le marché
L'Expansion Management Review, 2010
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