John Locke - essai sur l'entendement humain (original) (raw)
Cours 2la nature des idées L2-analyse d'une oeuvre Steve Humbert-Droz La nature des idees 3. Retour à Locke Une position intermédiaire • Comme chez Descartes, les idées sont des entités mentales / internes à l'esprit du sujet (à l'inverse de Malebranche, donc). • En revanche, les idées semblent bel et bien être pour Locke des objets mentaux. Ex. les idées intermédiaires entre le monde et la pensée; les idées sont perçues par la pensée ➢ Annonce du débat concernant l'innéisme: on acquière les idées (par les sens externes ou internes) ! Locke utilise parfois «avoir une idée» («having an idea») ➢ Imagisme: contrairement à Descartes, Locke semble considérer que les idées sont toujours « imagistiques » (des expériences de perception ou des images mentales) Exemples d'idées: blancheur, froideur, rondeur, dureté, douceur, mouvement, homme, elephant, armée, meurtre Idées et conscience 4. Percevons-nous toujours nos idées? Source des idées: la perception Sensation: perception des qualités sensibles Réflexion: perception des opérations de notre âme A. La perception est la source de la conscience B. Lorsque l'on n'est ni conscient de qualités sensibles ni conscients d'opération de l'âme, alors il est inutile de postuler que nous avons des idées «inconscientes» Les idées simples et complexes 1. Les idées simples Ne ressemble pas aux qualités secondes; ressemble aux qualités premières S'identifient par un critère phénoménologique Combinaison idées simples en une seule complexe Joindre (relier) des idées simples Séparer les idées simples les unes des autres Dans les bonnes circonstances, claires et distinctes Pas toujours claires et distinctes Deux grands principes Compositionalisme • Locke considère les idées comme appartenant à deux classes, simples et complexes. • Les idées complexes étant analysables en composants simples. Empirisme Disposition à produire des idées particulières Ce n'est donc pas une faculté nue qui consiste dans la seule possibilité de les entendre: c'est une disposition, une aptitude, une préformation, qui détermine notre âme et qui fait qu'elles peuvent en être tirées. Tout comme il y a de la différence entre les figures qu'on donne à la pierre ou au marbre indifféremment et entre celles que ses veines marquent déjà ou sont disposées à marquer si l'ouvrier en profite. (NE I.i.11) • J. Bennett (2001): Si p est une vérité nécessaire et que S découvre que p, alors S se rend compte d'une connaissance que p qu'il possédait déjà. ➢ Conséquence: énormément d'idées sont innées avec ce principe. ! Confusion flagrante des connaissances nécessaires et des connaissances innées ! Confusion possible entre connaissances a priori et connaissance innées Réponse de Locke Car si les hommes peuvent ignorer ou révoquer en doute ce qui est inné, c'est en vain qu'on nous parle de Principes innés, et qu'on en veut faire voir la nécessité. Bien loin qu'ils puissent servir à nous instruire de la vérité et de la certitude des choses, comme on le prétend, nous nous trouverons dans le même état d'incertitude avec ces Principes, que s'ils n'étaient point en nous. (I.ii.13) • Soit ces principes sont connus Donc-> empiriquement refutable • Soit ils sont seulement connaissables. Donc-> Vrai de tous les principes et n'identifie pas les plus « basiques » ou « innés » Les vraies erreurs de Locke • Locke a injustement tendance à supposer que l'innéisme doit être une explication de dernier recours, intrinsèquement inférieur à toutes les alternatives. • Locke ne prend pas au sérieux les dispositions innées et ne s'attaque qu'aux théories les plus fortes. • Parfois, ses attaques ressemblent à de la moqueries (personne ne pense que les enfants connaissent des propositions mathématiques en naissant) ➢ Leçon: bienséance philosophique-> même si on a raison sur le principe, il vaut mieux être trop généreux avec son adversaire que pas assez! Noam Chomsky L'innéisme est de retour La grammaire générative L'idée fondamentale consiste à ne pas se contenter d'une description superficielle des langues naturelles, mais de construire une 'grammaire générative': Par 'grammaire générative', j'entends une description de la compétence tacite du locuteurrécepteur qui sous-tend sa performance actuelle en ce qui concerne la production et la perception (compréhension) de ce qui est dit. (1966: 75) • Le retour de l'innéisme les nourrissons humains ne pourraient pas acquérir leur langue maternelle aussi rapidement qu'ils le font en écoutant le fragmenté et imparfaitement conversation articulée de leurs aînés à moins qu'ils ne « sachent » déjà certaines règles élémentaires de structure linguistique. ➢ Pour Chomsky, c'est cette compétence sous-jacente qui devrait constituer l'objet de la linguistique. Leibniz: ces cas particuliers sont fondés sur ces principes généraux. L'absence de consentement universel: Aucun principe n'est universellement accepté par les adultes. Or, si des principes étaient innés, ils devraient être acceptés par tous. Donc ... L'absence de transparence: S'il y avait des principes innés, chacun devrait en être conscient. Or, les enfants et les « idiots » ne peuvent avoir accès à ces principes. Donc ... Le besoin d'enseignement: Si certaines vérités étaient innées, elles n'auraient pas besoin d'être enseignées. Cependant, les candidates les plus plausibles sont enseignées. Donc ... Pourquoi cela ne pourrait-il avoir encore une autre cause, telle que serait celle-ci, que l'âme peut avoir cette chose en elle-même sans qu'on s'en soit aperçu? car puisqu'une connaissance acquise peut être cachée par la mémoire, comme vous en convenez, pourquoi la nature ne pourrait-elle pas y avoir aussi caché quelque connaissance originale? Faut-il que tout ce qui est naturel à une substance qui se connaît s'y connaisse d'abord actuellement? (NE I.i.5) Locke: KK-thesis: si vous savez que p, alors vous savez que vous savez que p K(p)-> K(K(p)) Leibniz: certaines connaissances innées peuvent être cachées et ne se révéler que via certains stimuli. Le décalage temporel: Les vérités soi-disant innées ne sont pas apprises immédiatement. Elles constituent un stade ultérieur de développement et ne peuvent être innées. Le besoin d'enseignement: Si certaines vérités étaient innées, elles n'auraient pas besoin d'être enseignées. Cependant, les candidates les plus plausibles sont enseignées. Donc ... Le surpeuplement: S'il y avait des idées innées, il y en aurait bien trop (une infinité) pour que l'innéisme soit plausible. ➢ A l'inverse, peu de philosophes reconnaissent qu'un tel sentiment accompagne l'imagination (ex., Sartre, 1940; Husserl, 1898). Retour sur ce que nous avons vu en cours Sur les idées ➢Au mieux on peut faire comme l'aveugle qui compare le rouge au son d'une trompette (p.642