Communication à la journée d’études « Images, imaginaires. Rêve d’Égypte aux XIXe et XXe siècles » (Paris, musée Rodin, vendredi 27 janvier 2023). (original) (raw)

Dans le livre XIII de son Histoire Naturelle, Pline l’Ancien affirmait au sujet de l’Égypte qu’il était « de tous les pays [...] le plus apte à produire des parfums ». Placé sous le double registre de la temporalité et de la spatialité, le parfum épouse incontestablement la référence à l’Égypte Antique, qui convie tout aussi bien à l’évasion. Située dans le contexte précis des découvertes archéologiques majeures, la Grande- Bretagne du XIXe siècle, dans cette perspective, rend incontestablement hommage aux propos de Pline l’Ancien. En effet, des générations d’artistes, d’archéologues et d’historiens britanniques ont réactualisé leur culture visuelle, sensorielle et sensible relative à cette ancienne civilisation. À travers la culture matérielle exhumée, notamment les flacons, onguents et encensoirs, une nouvelle dimension du passé, celle d’un patrimoine culturel immatériel encore peu connu, est apparue. De ce fait, la présente communication propose d’étudier les sources visuelles et textuelles relatives à la culture olfactive qui ont inspiré une partie de la production artistique de deux peintres victoriens, Sir Edward Poynter (1836–1919) et Sir Lawrence Alma-Tadema (1836–1912). Particulièrement sensibles à l’actualité archéologique, ces deux peintres d’histoire britanniques ont exécuté un ensemble d’oeuvres qui accordent un vaste répertoire visuel aux fragrances du passé. Les motifs aniconiques de volutes d’encens présents au sein d’oeuvres comme The Snake Charmer (1866) de Poynter et les motifs iconiques d’encensoirs représentés dans des toiles comme The Meeting of Antony and Cleopatra (1883) de Alma-Tadema seront abordés par le biais de l’histoire culturelle des odeurs. Plus précisément, nous nous attarderons aussi sur la manière dont ces sources matérielles, textuelles et visuelles sont interprétées, ré-imagées et représentées dans ces toiles. Dans cette optique, nous dresserons un parallèle avec les artefacts de la collection du British Museum et les illustrations présentes dans l’ouvrage Manners and Customs of the Ancient Egyptians (1837, II Vol.) de l’égyptologue John Gardner Wilkinson (1797– 1875) que ces deux peintres ont abondamment étudiés.