"Le "missionnaire désespéré" ou de la différence africaine en philosophie" (original) (raw)
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Culture Pentecôtiste et charisme visionnaire au sein d'une Église indépendante africaine
Archives de Sciences Sociales des Religions, 1999
Cet article se propose d'illustrer la manière dont la culture pentecôtiste, présente dès les années 1920 dans les pays d'Afrique anglophone et même francophone, a joué un rôle majeur dans la formation des Églises indépendantes africaines, Églises prophétiques ou Églises de l'Esprit. L’Église du Christianisme Céleste née au Bénin en 1947 et largement répandue aujourd’hui non seulement en Afrique de l'Ouest mais aussi en Afrique équatoriale n'est pas à proprement parler une Église "pentecôtiste" mais elle s'inscrit dans la mouvance des Églises Aladura (les Priants) du Nigeria qui ont accompagné le Réveil religieux des années trente. Le charisme visionnaire associé à la lecture divinatoire de la Bible, à l'efficacité de la prière et à la guérison spirituelle, prend dans cette Église une dimension ritualisée et institutionnelle particulièrement développée. Les "virtuoses" de la vision, prophètes ou voyants, s'y livrent à un travail symbolique intense de rationalisation de l'expérience et de la pratique visionnaire conjuguant le prophétisme inspiré par la Puissance de l'Esprit et les ressources africaines d'une culture de la transe divinatoire. Cette tension entre rationalité et hybridité permet de mieux comprendre sur quel mode la culture pentecôtiste peut constituer la matrice d'identité d'un certain christianisme africain d'aujourd'hui.
Paradigmes missionnaires et art chrétien africain (XVe-XXIe siècle)
What we call the catholic missions, that is the company of setting-up of the Roman Catholic Church in sub-Saharan Africa began in the XVth century and knew several stages. If the process which goes of the rejection(discharge) to the consideration of the African cultural realities by the European missionaries is approached in a scattered way on the missiologiques studies, rare are the works which show in a concrete way the evolution of relationships on a long lasting. It is what proposes this contribution through the prism of the Christian art and the question of its adaptation in Sub-Saharan Africa. The study envisages a double perspective: how the Christianity, through the question of the Christian art, adapted itself to the African cultures and how these welcomed the Christian religion.
Les missionnaires et la botanique : l’exemple du père Urbain Faurie en Extrême-Orient
Moussons, 2005
Depuis plusieurs siècles, au cours de leur périple évangélisateur, les missionnaires ont arpenté le grand jardin du monde et emprunté nombre de chemins difficiles et inconnus à travers jungles et forêts peu fréquentées, sur lesquels ils n'ont pas manqué de remarquer l'extraordinaire richesse de la flore locale, souvent méconnue dans leur pays d'origine. Ils ont remarqué des plantes qu'ils n'avaient jamais vues auparavant, ont commencé à les collecter, à les étudier, puis à les classer et à les nommer, attirant dès lors l'attention des scientifiques européens sur leurs trouvailles (voir Fournier 1932). Dès 1585, ce sont les jésuites qui font connaître en Europe le litchi (Nephelium litchi) et, en 1656, paraît la Flora sinensis du père Michel Boym (1612-1659), qui fait notamment connaître l'ananas, la goyave, le dourion et l'acajou. Aux XVII e et XVIII e siècles, dans leurs Lettres édifiantes, les jésuites présentent de nombreuses plantes chinoises, dont le ginseng, et le père du Halde, en 1735, consacre plusieurs chapitres à la flore chinoise, introduisant l'olive, le thé, le mûrier à papier (Broussonetia papyrifera), et signalant les céréales, plantes économiques, industrielles ou officinales les plus remarquables (voir Esquirol 1923). Le père d'Incarville (1706-1757) introduisit l'indigo, la reine-marguerite et le jujubier, et le jésuite portugais Loureiro (1715-1794), qui passa 36 ans en Annam, élabora une Flora cochinchinensis, parue en
Le pasteur est-africain et sa fierté. Essai sur l’idéologie pastorale
2021
The paper aims at elucidating the causes of the haughtiness and of the scornful attitude displayed by East African pastoralists towards both the hunting and agricultural peoples. These attitudes have been reported so often by anthropologists and others that we may take them to be characteristic of the herding groups. The author examines a few plausible explanations, but he primarily focuses on the ideological dimension, arguing that the most crucial factor of the unbounded pride of the pastoralists may have been linked to the notion they had of their own mode of livelihood. Not necessarily siding with the herders, the author attempts to discover the empirical features of pastoralism likely, on the one hand, to foster in their minds a deep feeling of moral supremacy over the hunters and the peasants, and, on the other hand, to induce these two categories of people at least to take seriously into account the rather annoying claims of the pastoralists.
"Emplois et réemplois de la philosophie" : la philosophie africaine en question(s)
Yannick Essengue, 2017
Ethnophilosophy does not represent what should be called here African philosophy. Such is the clarification which Marcian Towa attempts, when he reacts after the publication Bantou philosophy by Placide Tempels. He characterizes such philosophy in a pejorative way as being ethno-philosophy, a double treason of both ethnology and philosophy. The same criticism is equally resounding in Fabien Eboussi, who proposes to clarify the conditions of a "use and re-use of philosophy". Here we would like to suggest through the hermenetics perspective, the contrary and the reverse side of an expression (ethnophilosophy) that still bears until today, misunderstandings.
Intérêt de la philosophie négro africaine
En quoi la philosophie peut-elle être aujourd’hui utile en Afrique ? Que peut-on retenir de pertinent et d’essentiel dans l'étude de l'histoire de la philosophie négro-africaine ? Notre réflexion est une analyse de l’histoire de la philosophie africaine. Elle va de ses origines égypto-nubiennes dans l’Antiquité, de son déploiement au Moyen-âge avec les écoles de Tombouctou, de Gao ou de Djenné à nos jours. Un tel parcours a pour souci de révéler la dynamique de l’activité philosophique en Afrique, malgré la ténacité du préjugé raciste qui est née en plein modernité et fondée pour l’essentiel sur le rejet de l’Afrique de l’Histoire. Une telle idéologie a sans doute contribué à justifier et à pérenniser la traite et l’esclavage durant trois siècles. Elle a également motivé l’Europe conquérante dans sa prétendue mission civilisatrice à coloniser l’Afrique. Ces actions de déshumanisation et d’exploitation systématique furent une véritable tragédie pour l’Afrique. Toutefois, il importe de souligner que c'est durant cette période douloureuse que le désir de liberté et de libération a été particulièrement recherché , notamment avec les actions initiées par les « Noirs » de la diaspora. Leur abnégation et leur militantisme a motivé les luttes de libération dans les colonies à travers le mouvement de décolonisation. C’est dans ce contexte de lutte pour les indépendances que se situe le débat autour de l’existence de la Philosophie Africaine suite à la publication de La philosophie bantoue de Tempels, ainsi que des controverses et critiques qui vont animées ce débat. Sans vouloir nier la pertinence des points vue sur le débat sur l’existence de la Philosophie africaine, nous tenons à préciser que l’intérêt de philosophie apparaît dans l’étude de son histoire et de son impact sur la transformation des sociétés. Notre souci est d’inviter les philosophes africains à repenser le discours philosophique africain, c’est-à-dire à réinterroger sa problématique afin de la rendre plus opérante. Car la question que chacun devrait désormais se poser est la suivante : qu’est-ce que le discours philosophique peut nous procurer comme arme redoutable pour le développement de l’Afrique ? Comme solution nous pensons qu’il est nécessaire de se réapproprier de notre passé, non pas en terme de possession ou d’exhumation mais de manière à ce qu’il puisse nous aider à comprendre et à vivre le présent, d’améliorer notre vivre-ensemble afin de construire l’avenir. Aussi, d’adopter une attitude de gagnant, de vainqueur et non de perdant, une attitude d’action et non de passivité devant la vie et les événements. D’où l’urgence d’une philosophie de la libération et du développement à laquelle nous vous invitons. Agir ainsi, c’est être capable d’orienter le discours philosophique négro-africain dans l’unique optique de la transformation radicale de la société africaine, afin de susciter une prise de conscience réelle de notre identité culturelle et d’encourager chaque africain où qu’il soit à une ouverture d’esprit et à adopter une mentalité de développement. Voilà tout l’intérêt de notre étude.
La philosophie négro-africaine de l'existence frappée de déni
Colloque. Provincialiser la philosophie: regards croisé, Laboratoire de recherche pour une philosophie perspectiviste, 5-7 Oct 2023, Québec (Canada), Université Laval, Canada., 2023
Nous nous proposons de rendre compte de l’offre philosophique de Basile-Juléat Fouda, celle d’une philosophie négro-africaine de l’existence, qualifiée d’ethno-philosophie. En effet, alors que Basile-Juléat Fouda voulu saisir la culture à partir de l’ordinaire de la vie des négro-africains par une libération de sa possibilité herméneutique, son effort philosophique, dont la matière essentielle aura été la littérature orale négro-africaine, connu un singulier destin dans le débat philosophique africain du fait du préjugé européo-centrique de la philosophie comme essentiellement critique. Or, le cas typique d’une approche compréhensive de son objet, celle d’une herméneutique du sens de l’homme et de l’univers, développé à la croisée des chemins d’une sociologie anthropologique et d’une philosophie comparée des cultures, est doublement récusé : d’abord, comme réactionnaire parce que développée dans le sillage de l’affirmation de l’existence d’une philosophie africaine originale ; et, ensuite, parce qu’elle constituait une révision de la notion même de philosophie, ce au sens d’un élargissement qui aboutirait à une compréhension propre des modes de pensée africains. Puisqu’il s’agissait d’une orientation philosophique aux antipodes de la philosophie occidentale, elle fut perçue comme une dilution de la philosophie dans la culture aux fins d’une démonstration de l’existence d’une philosophie négro-africaine. Or, la philosophie négro-africaine de l’existence ainsi frappée de déni et qualifiée d’ethno-philosophie payait le prix d’une dissidence méthodologique. Car, nous y lisons les préludes d’un affrontement d’approche sur le sol philosophique africain, concomitamment à celui de Gadamer et d’Habermas sur le sol philosophique européen, d’une raison herméneutique contre une raison critique connue et reconnue jusque-là. Pourtant, il s’agissait d’une expression des humanités africaines, d’un refus de compréhension de soi du philosophe africain dans le miroir de l’Autre. On se rend compte que c’est par l’herméneutique que la philosophie africaine en quête d’authenticité aborde la question du sujet. Cette recherche d’une connaissance de soi ne pouvait correspondre, au dire de Jacques Chatué, à « un ego cogito pur cartésiano-husserlien, mais à un ego cogito spécifique assumant sa différence humaine, culturelle et historique » (Chatué, J., Basile-Juléat Fouda. Idiosyncrasie d’un philosophe africain, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 29).