Les frontières du posthumain : mutations d'une figure critique entre transhumanisme et posthumanisme (original) (raw)

Le genre du posthumain : des transhumanismes à la théorie francophone

Multilinguales, 2023

Que l’on parle de « roman du posthumain » (Amaury Dehoux) ou de « fiction posthumaniste » (Mara Magda Maftei), le néologisme générique proposé compromet de nouveau les frontières déjà poreuses qui distinguent les domaines littéraire et scientifique. À travers cette contribution, il s’agit pour l’essentiel de s’interroger sur l’actualisation de la science-fiction par les auteurs transhumanistes.

Quand l'humanité diverge : la spéciation des posthumains

Elaine Després et Hélène Machinal (dir.), PostHumains : frontières, évolutions, hybridités, 2014

la posthumanité s'inscrit tout naturellement dans une réflexion sur le devenir humain, sur les transformations physiologiques, cognitives, génétiques ou technologiques de ce que nous sommes, soulevant la question de notre définition en tant qu'espèce et celle de nos limites, qui formeraient la frontière au-delà de laquelle nous ser(i)ons autre chose. cette réflexion peut relever de l'utopie (chez les transhumanistes), de l'optimisme (les théories gender du cyborg), de l'humanisme (refus de voir disparaître l'humain actuel ou celui d'un passé jugé meilleur) ou du pessimisme (représentation apocalyptique de la fin inéluctable de l'humanité), mais rarement la posthumanité est-elle perçue comme le résultat du mouvement naturel de l'évolution des espèces et rarement est-elle présentée comme pouvant prendre plusieurs formes coexistantes. Or, la plupart des théories de l'évolution sont fondées sur le concept de la divergence, la logique voudrait donc que l'on parle des posthumanités, comme il faudrait parler, sur le plan anthropologique, des humanités. Si l'homme est actuellement le seul représentant du genre Homo, il n'en a pas toujours été ainsi, tel que s'évertue à nous en convaincre le paléoanthropologue pascal picq : « il y a 40 000 ans, c'était hier, il y avait sur cette Terre plusieurs espèces d'hommes, c'est-àdire biologiquement différentes, mais […] tout aussi humaines. Jusqu'à s'échanger des outils, des parures 1 ». cette cohabitation entre espèces humaines, une locution jamais utilisée au pluriel, n'est pas si lointaine et le processus de spéciation, par lequel pourrait advenir une posthumanisation, conduit logiquement au retour d'une telle cohabitation. Thierry Hoquet souligne que À partir des différents aspects du principe de la spéciation, processus d'apparition des nouvelles espèces biologiques, il s'agira d'observer dans quelques textes de fiction la représentation du processus de posthumanisation, et plus particulièrement la coexistence d'espèces « humaines » multiples. la spéciation, qui explique la biodiversité actuelle, est un principe le plus souvent géographique : lorsque deux groupes de la même espèce sont physiquement séparés, ils évoluent indépendamment jusqu'à devenir deux espèces, chacune mieux adaptée à son nouvel environnement. nous verrons que cette dynamique influe profondément sur la construction des récits : c'est le cas avec les Eloi arboricoles et les Morlocks troglodytes de H.

De la disparition scénique entre le postmoderne et le posthumain

Revue "Sens Public", 2019

Résumé : Cet article propose une réflexion critique sur les concepts de postmodernisme et de posthumanisme dans le cadre du spectacle vivant contemporain. Dans un premier temps, en nous référant aux travaux de Jean-François Lyotard, Fredric Jameson et Cary Wolfe, nous allons mettre en évidence, selon une perspective historique, la genèse de ces concepts et analyser la façon dont ils repensent les rapports entre les nouvelles technologies et l’humain. Dans un deuxième temps, nous allons analyser le spectacle Le Sacre du Printemps (Paris, 2015) de Romeo Castellucci pour vérifier l’hypothèse du présent travail d’analyse qui suppose que cette création scénique se découvre sur le plan esthétique comme une mise en pratique des théories articulant la dualité postmodernisme/posthumanisme. Mots-clefs : machine, disparition, postmodernisme, posthumanisme, technocorps Abstract : The article offers a critical framework of postmodernism and posthumanism in relationship with contemporary performance. Referring on works of Jean-François Lyotard, Fredric Jameson and Cary Wolfe, I will first put into historical perspective the genesis of these concepts and examine how they rethink the relations between new technologies and human being. Secondly, I will analyze the performance The Rite of Spring (Paris, 2015) of Romeo Castellucci in order to uphold the following assumption : on aesthetic level, this scenic creation puts into practice the theories related to dualism postmodernism/posthumanism. Key words : machine, disappearance, postmodernism, posthumanism, technocorps

Transhumains d'hier et de demain : brève généalogie de la morale transhumaniste

Blog participatif de la Fédération Française des Sciences de la Cognition, 2022

Le transhumanisme est un mouvement qui concentre à lui seul de nombreux fantasmes et qui s’appuie sur ceux qui accompagnent les nouvelles technologies. Devenir-cyborg de l’individu, téléchargement de l’esprit, vie éternelle, clonage, singularité technologique : autant de termes employés par les enthousiastes de la science et qui n’ont cessé de traverser la littérature d’anticipation et la science-fiction en général. Mais, pour le transhumanisme cet avenir est possible et même désirable. Est-ce pour autant à raison ? Ou s’agit-il de simple spéculation de gourous d’un nouveau genre issus de la Silicon Valley ? D’aucuns y verront pur fanatisme d’illuminés scientistes au service d’un libéralisme des plus décomplexé, là où d’autres crieront au génie de chercheurs qui osent tenter de transcender les limites mêmes de la nature humaine. Pour se faire son propre avis sur la question et s’initier aux préceptes transhumanistes, encore faut-il revenir quelques années en arrière pour comprendre comment un tel mouvement a pu voir le jour et dans quelle mesure il y a lieu de croire ou de rejeter ses idéaux. C'est ici l'enjeu de cet article à destination du grand public.

TRANSHUMANISME ET POSTHUMANISME : DE LA FICTION À LA

Revue internationale de Philosophie, Metabasis, Italie, mai 2019, An XIV, numéro 27, 2019

While transhumanism refers to the alteration of human beings through technology, posthumanism is more difficult to define. We may think that posthumanism amounts either to a continuation or a break with huma-nism. No matter how this is settled, posthumanism today is influenced by the contentment or lack of con-tentment with respect to human life as it is. Insofar as posthumanism has an important critical dimension – and this is the dimension we’ll emphasize here – it is partly fostered by reflections about transhumanist aspirations. As it turns out, some features of transhumanism call for criticism. Transhumanist aspirations have a potential for radicalizing the differences between human beings, and for creating discontinuities between the current experience of human life and what it could become (for some people at least). This evolution is not without risk for freedom because human freedom cannot be abstracted from the relational features of social life. Beyond the physiological transformation of the individual human being - a privileged theme in fiction -, we will insist on the transformations which could be desired, concerning the status of the individual in society. In particular, we think of the transformations induced by the generalization of systems of standards aiming to frame behaviors. We might also consider the routinization of activities which results from their increasing standardization and normative determination. Isn’t it the case that this amounts to a kind of purportedly modi-fied humanity – a supposedly improved humanity with respect to the human being’s activity, action and crea-tion? Concerning the critical potential of posthumanism –insofar as the latter pays attention to the desired transformations of human life -, we’ll inquire whether its development now requires an investigation about the evolving reality of norms (beyond the accompanying reflections about fiction and prospects of the future).

Le Cyborg spirituel; Vers un posthumanisme transpersonnel

"Ce dont il est question ici, c’est du transhumain. Le terme transhumain caractérise la pratique transitionnelle de la transformation de l’humain que les transhumanistes embrassent par le biais d’une myriade de protocoles et d’expériences conceptuelles, technologiques, pharmacologiques, et biologiques. Si le côté obscur du 'post' signifie une sorte de critique réflexive ou d’anxiété parasitaire, le 'trans' offre, au contraire, un bouquet exubérant de connotations plus agréables : transition, transformation, transvaluation, transcendance." Attention, la présente traduction est sujette à modification.

Les transhumanistes aux prises avec des imaginaires contradictoires

2015

[English see below] La réception critique du transhumanisme le présente souvent comme un mélange d’espoirs un peu fantasques d’améliorations techniques de l’humain et de projets actuellement élaborés dans le secret de laboratoires ou start-ups. Tant les enthousiastes que les inquiets se plaisent parfois à présenter le transhumanisme comme une révolution inéluctable ; tout en alertant sur ses risques sociaux, politiques, métaphysiques ou symboliques. Mais en quoi consiste précisément ce futur qu’il faudrait nous préparer d’urgence à accueillir ? Cet article propose d’analyser deux régimes de tension traversant le transhumanisme dans son élaboration comme mouvement d’idées ; d’abord par certains bioéthiciens anglo-saxons, puis par des militants réunis en associations ou en groupes plus informels. Nous analysons deux lignes de désaccords internes à ces mouvements, afin d’en faire voir la diversité des attentes d’une part, et d’autre part d’ouvrir une discussion sur le rôle et la performativité de ce mouvement. Nous montrerons par là que les transhumanistes élaborent et sont mobilisés par un imaginaire sociotechnique fait d’interactions constantes entre émancipation et contrainte d’une part, entre fantaisie et rationalisation d’autre part. Ces composantes a priori hétérogènes produisent une tension relative dans les formes fragiles de promotion de futurs désirables, fondées sur des perceptions variables du potentiel des progressions technologiques et des fondements éthiques et politiques des sociétés contemporaines. ***English*** Most philosophical critiques view transhumanism as a mixture of odd hopes regarding human technological enhancement and real projects developed behind closed doors in labs or start-ups. Whether enthusiastic or anxious, these commentators often present transhumanism as an inescapable revolution, while warning about its social, political, metaphysical or symbolic risks. But what exactly is this future that we should so urgently prepare ourselves to embrace? This article aims to analyze two regimes of tension, which are pervasive in the development of transhumanism as a mode of thought; first in the work of some Anglo-Saxon bioethicists, and then within the perspective of activists gathered in associations or more informal groups. We look at two internal opposite lines of argument in order to capture the diversity of expectations and the possibility for an open discussion on the role and performativity of this movement. We will describe how transhumanists together contribute and are entangled in a sociotechnical imaginary constantly oscillating between emancipation and constraint, fantasy and rationalization. These heterogeneous components are particularly apparent in their attempts to promote desirable futures. We show that this movement is based on different perceptions of the potential of technological advances and of the ethical and political foundations of contemporary societies.

Animaux transgéniques et posthumanité: quand l'hybridité annonce la fin d'un monde

Hybrides et monstres: transgressions et …, 2012

Ouvrage pllblié avec le sOlllieli dll COl/seil Régiol/al de BOllrgogne el l'aide d' Ir Anilliols : al/illlaliX et al/illialité dam la littératllre de Imlglle frmlfaise (xx< -xxr sice/es) ' l, projet sOI/leI/II par l'Agel/ce NaliO/Jale de la Recherche Hybrides et monstres [Texte imprimé] : transgressions et pron}esses des cultures contemporaines / sous la direction de Lucile Desblache. -Dijon : Ed. universitaires de Dijon, 201,2 (58-Clamecy : Nouvelle Impr. Laballery). -1 vo!. (283 p.) : couv. ill. en cou!.; 23 cm. -(Ecritures, ISSN 1630-0858). -Bibliogr. p. [257]-269. Notes bibliogr. et webogr. Biogr. des auteurs. Index. ISBN 978-2-36441-024-4 (br.) : 22 EUR EAN 9782364410244 Auteur: Desblache, Lucile (1958-... ). Directeur de publication Sujet (RAMEAU) : Monstres --Dans la littérature Indice Dewey: 809.9337 (22e éd.) Pour citer cet o,wrage dans une bibliograpilie (norme Z44-005 -ISO 690) : DESBLACHE, Lucile, (dir.). Hybrides et mOl/stres : trallsgressions el promesses des wl/llres colltemporaines. Dijon: Éd. universitaires de Dijon, 2012. 283 p. (Écritures).