Instrumentum et paradoxe : les instruments d'écriture inscrits (original) (raw)

2022, au service de l’épigraphie romaine

Longtemps l'épigraphie apposée sur les objets usuels a été peu considérée : dans un contexte où l'attention se fixait sur les textes législatifs, les carrières publiques, les diplômes militaires, en somme quand l'intérêt des historiens était centré sur les hommes importants, les rouages essentiels de la société et de l'administration, les "couches supérieures", ces petits messages, au mieux simplistes et anodins, au pire alambiqués, en "mauvais" latin, et même, pour certains, vaguement scandaleux par la teneur légère qu'on leur soupçonnait sans vouloir l'approfondir, restaient enfouis dans des rapports de fouilles, confinés dans des articles pointus, sans qu'ils soient jamais mis en relation les uns avec les autres. Le premier article qui tranche sur cette indifférence est signé d' Antoine Héron de Villefosse, en 1914 1 ; bien qu'il ne fût pas à l'origine spécialiste d'épigraphie, ce conservateur au département des Antiques au Louvre s'était si bien formé à l'étude des inscriptions qu'il en décelait l'intérêt profond et savait les inscrire dans un contexte général. C'est ainsi qu'à l'occasion de la découverte de deux pesons de fuseau inscrits dans l'Yonne et la Nièvre, il en perçut l'originalité au point de faire un bilan des découvertes de ce type d'objets connus en France. Mais la réflexion qu'il avait amorcée en resta là.