P. Montlahuc, Le pouvoir des bons mots. « Faire rire » et politique à Rome du milieu du IIIe siècle a.C. à l’avènement des Antonins, Rome, 2019, dans Revue historique 698, 2021, p. 523-525. (original) (raw)

Le pouvoir des bons mots. « Faire rire » et politique à Rome du milieu du III e siècle a.C. à l'avènement des Antonins, Bibliothèques des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, fasc. 390, Rome, 2019, 500 p. La politique romaine n'était pas empreinte que de grauitas. L'humour (ou le « faire rire », formule empruntée à Cicéron et Quintilien), sous des formes variées, avait toute sa place sur la scène politique romaine et on ne s'étonnera pas si cette qualité trouva à s'insérer dans les stratégies des premiers de la cité, non plus de ce qu'elle opéra comme un élément de distinction sociale, un savoir-faire codifié (notamment à travers le concept d'urbanitas) qu'on pouvait apprendre à maîtriser en alternant les manières de « faire rire ». C'était là, notamment, la caractéristique des bons orateurs, lesquels soulignaient ainsi publiquement leur force d'esprit (plus encore peut-être, en raison de sa spontanéité, quand le bon mot venait en réplique à une attaque préalable). Que ce soit lors des procès, au Sénat, sur le Forum ou dans le cadre militaire et diplomatique, les traits d'humour trouvaient aisément à s'exprimer et avaient leur utilité, variable en fonction des lieux (par exemple, gagner l'assentiment du Sénat ou les faveurs d'un jury, créer de la cohésion au sein des légions ou donner confiance aux soldats avant un combat). Bien souvent, ils révèlent un rapport de force et relèvent d'une mise en scène des puissants. Ce sont les mécanismes destinés à provoquer le rire, dans un contexte donné (en dépit de