Approche psychanalytique du discours sectaire (original) (raw)

Sectaire et « inter-dit ». Introduction de la dimension du croire dans l'écoute du dire des personnes ayant vécu une expérience sectaire

2013

sectaire de sa structure polémique pour donner pleine valeur au dire des personnes. Ainsi, en situant l'écoute sous le versant symbolique, soit dans un rapport qui prend en compte le rapport du sujet à l'Autre, le sens produit par un acte d'écoute du croire ne prend plus appui sur un sens extérieur pour expliquer et rendre compte d'une expérience sectaire. Il est produit par la liaison des signifiants entre eux, ce qui ouvre un espace de recherche pour que du sujet puisse advenir. L'hypothèse d'un sujet à croire sur parole se présente alors comme fondement d'un acte d'écoute différentiel, dans la mesure où il permet l'élaboration d'un savoir efficace, soit un savoir qui déplace, qui surprend, et qui relance le sujet.

Une définition APOPHATIQUE du discours psychanalytique

L’A.L.S.© (L'Analyse des Logiques Subjectives©) a son rôle à jouer dans le tri nécessaire à effectuer, dans la jungle des productions "analytiques", entre les fausses pistes (banalement fantasmatiques) et les hypothèses potentiellement intéressantes, qu’il faudra encore, pour les réfuter ou les corroborer, confronter à la clinique. Contribuant à construire une définition apophatique du discours psychanalytique (attribut, selon Larousse, “d’une théologie qui approche de la connaissance de Dieu en partant de ce qu’il n’est pas plutôt que de ce qu’il est”), elle propose de caractériser ce discours en procédant par élimination, de dire ce qu’il n’est sûrement pas, à mesure qu’un savoir guidé par l’exigence d’une analyse littérale identifie les différents fantasmes dans ce qui se donne à lire ou entendre.

Etats limites et discours psychanalytique

Etats limites et discours psychanalytique (0. Kernberg et la question de l'inanalysabilité des patients dits cas limites)* Abdelhadi Elfakir Les développements autour de la catégorie d'états limites sont-ils à mettre sur le compte d'un approfondissement de la clinique et la théorie psychanalytiques ou sont-ils à considérer comme le résultat des dérives psychologisantes de celles-ci? Les positions qui sous-tendent la promotion de cette catégorie ne conduisent-elles pas à ravaler la division primordiale du sujet en une pathologie de l'instance moïque et ne donnent-elles pas par là même à l'analyse une visée médicalisante et adaptative ? ** Le transfert y est manié au niveau du seul registre de la conflictualité oedipienne où l'identification au moi de l'analyste devient le seul repère dans la direction de la cure. L'archaïsme supposé des mécanismes défensifs du moi dit limite ainsi que sa prétendue inanalysabilité ne se conjuguent-ils pas pour mettre à l'abri de la tâche analysante la résistance insoupçonnée mais toujours agissante de l'analyste? L'exemple de Kernberg ici largement analysé nous en dira long. Rappelons, dans ce point introductif, l'idée la plus communément admise actuellement selon laquelle la catégorie d'état limite ne se classe ni dans la névrose, ni dans la psychose, ni non plus dans la normalité. Ce qui la situe essentiellement par exclusion. Sur le plan de l'observation clinique, on a relevé auprès des patients dits cas limites une réactivité traumatique marquée d'épisodes de type dit anaclitique. Parmi les modes d'expression clinique de cette réactivité, on a noté la somatisation et les passages à l'acte. On a noté aussi que ces patients sont très peu assurés quant à leur identité et qu'ils présentent une instabilité dans leurs relations... Et on continue toujours à noter les signes de tels états dont le caractère intarissable est "comme le foie de Toinette en réponse aux symptômes multiples de son maître". Ce sont plus particulièrement les praticiens analystes qui se sont employés non seulement à isoler cette entité clinique, mais surtout à lui garantir les bases théoriques et pratiques jugées nécessaires pour sa constitution, sa singularisation et son traitement. C'est donc à partir de leur propre pratique analytique qu'un certain nombre d'analystes ont cru pouvoir dégager, pour l'entité limite, des formes d'organisation du moi permettant de dépasser l'étape de la psychose sans pour autant atteindre celle de la névrose. Ils sont ainsi unanimement d'accord sur la fragilité et la faiblesse du moi chez le cas limite, sur l'insuffisance de son surmoi et sur l'archaïsme de son idéal du moi, etc. Par conséquent, déni, clivage et identification projective sont élus, pour cette catégorie, en tant que principaux mécanismes de défense qu'il faut combattre psychanalytiquement ou psychothérapeutiquement, c'est selon. Déjà, peu après la mort de Freud, remarque J.-C. Maleval (l), un nombre considérable de psychanalystes se mettent à constater, d'une part, qu'un genre de patients d'une pathologie particulière, non familière jusque-là, s'accroît remarquablement, et d'autre part, que la cure analytique, telle quelle, ne peut être valable pour ce type de patients qui rechignent à s'y adapter. Depuis lors, de nouveaux syndromes se mettent à proliférer devant le regard des analystes qui se dépêchent d'ailleurs de les mettre sur le compte de ce qu'ils supposent être le développement théorique et le raffinement technique de la cure analytique. Ils finissent ainsi, tout bonnement, par être convaincus que c'est bien la pathologie qui s'est modifiée et que ce sont bien de nouvelles générations de patients, jadis mal connus, qui émergent, sans toutefois soupçonner les déviations tant théoriques que techniques que se voit subir l'expérience analytique. M. Safouan note, avec justesse, que les analystes postfreudiens, à la suite d'Abraham, se sont embarqués dans la tâche qui consiste à ordonner les entités cliniques sur la base d'une sérialisation purement psychogénétique. Cela fait que, pour ces psychanalystes, chaque entité est automatiquement référée et expliquée par une étape déterminée dans le développement

Le «phénomène sectaire» en Suisse et dans le monde

François Bellanger (ed.), L’Etat face aux dérives sectaires (Actes du colloque du 25 novembre 1999), 2000

par JEAN-FRANÇOIS MAYER Chargé de cours à ! 'Université de Fribourg «C'est une secte ou pas?» Telle est la question fréquemment entendue quand s'interroge une personne inquiète de l'engagement d'un de ses proches dans un quelconque mouvement à prétention religieuse. Apparemment, une réponse positive suffit à classer le groupe dans une catégorie suspecte. Nous nous souvenons d'un long appel qui nous avait valu de nous retrouver plongé téléphoniquement dans un psychodrame familial, avec une interlocutrice nous expliquant que, puisque nous avions cité le groupe dont il était question dans un livre sur les sectes, il s'agissait nécessairement d'un mouvement dangereux.

Discours sécuritaires et « alternatives diaboliques » 1

AVEC PLUS OU MOINS DE ZÈLE ET DE RAPIDITÉ PAR nombre de leurs alliés, se sont lancés dans une « guerre globale contre le terrorisme ». Au coeur de cette vaste croisade, la conviction que la militarisation de la politique étrangère pouvait constituer une réponse adéquate à la menace. Les interventions militaires sont présentées comme un moyen efficace pour lutter contre les terroristes « chez eux », avant qu'ils aient eu le temps d'arriver dans nos contrées. S'ensuivit une routine interventionniste faite d'actions militaires en Afghanistan, en Irak, au Pakistan, au Yémen, en Somalie, au Mali, en Syrie et, très récemment, en Libye. Une quinzaine d'années de bombardements et autres attaques de drones n'ont cependant guère contribué à stabiliser le monde. Au contraire, l'instabilité a plutôt tendance à s'étendre et la violence à s'enkyster. En dépit de ce bilan peu glorieux, la Belgique a décidé de s'arrimer au dispositif international de la « guerre globale contre le terro-risme ». Dans ce contexte, notre pays a ainsi accepté d'envoyer des soldats en Afghanistan, en Irak et au Mali. À l'heure où nous rédigeons ces lignes, il est également question d'expédier des conseillers militaires en Tunisie, voire de contri-buer aux bombardements sur la Syrie. 1 1 Autour de l'exposition Et si on osait la paix ? Le pacifisme en Belgique d'hier à aujourd'hui (organisée conjointement par l'IHOES et le Mundaneum) qui s'est tenue à La Cité Miroir, du 20 novembre 2015 au 21 février 2016, plusieurs événements ont été organisés. Parmi ceux-ci, Steve Bottacin a ini-tié et animé une contre/discussion « Sonnez les matines-«La Belgique, un pays en guerre ?» ». Christophe Wasinski était son invité. La présente analyse a pour point de départ cette intervention au PointCulture de Liège le samedi 23 janvier 2016. [Voir : http://liege.pointculture.be/agenda/sonnez-les-matines-la-belgique-combien-de-divisions\_9041.\] Notez que cette exposition se tient à la salle Allende de l'ULB du 10 mars jusqu'au 23 avril 2016. Elle sera ensuite remontée au printemps 2016 à Mons, au Mundaneum. 2 Christophe Wasinski est professeur de relations internationales à l'Université libre de Bruxelles et chercheur-associé au GRIP. Ses recherches se concentrent sur les questions de sécurité.

Processus groupal d'idéalisation et violence sectaire

Déviance et Société, 2005

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Sectaire et « inter-dit

Thèse -université Montréal, 2012

RÉSUMÉ La thèse questionne les conditions d’écoute des témoignages des personnes ayant vécu une expérience sectaire, ainsi que les enjeux éthiques et méthodologiques qui découlent de la manière dont la littérature propose de comprendre le dire de ces personnes. Une revue de littérature permet de montrer que les principaux cadres théoriques utilisés pour expliquer le sectaire (aliénation, manipulation mentale, addiction) déterminent la manière dont est entendu le dire des personnes. De cette façon, le sens du sectaire n’oriente pas seulement la compréhension que nous avons des personnes. Il trace aussi les conditions de l’écoute. Le postulat de base de la thèse est que l’introduction de la « dit-mention » du croire comme carrefour interprétatif permet de développer une écoute qui concerne à la fois le sujet parlant et la dimension de l’être. À partir d’une théorisation du croire comme mouvement du vivant distinct de la religion, de la spiritualité, de la croyance et de la mystique, la thèse déplace la problématique de l’expérience sectaire de sa structure polémique pour donner pleine valeur au dire des personnes. Ainsi, en situant l’écoute sous le versant symbolique, soit dans un rapport qui prend en compte le rapport du sujet à l’Autre, le sens produit par un acte d’écoute du croire ne prend plus appui sur un sens extérieur pour expliquer et rendre compte d’une expérience sectaire. Il est produit par la liaison des signifiants entre eux, ce qui ouvre un espace de recherche pour que du sujet puisse advenir. L’hypothèse d’un sujet à croire sur parole se présente alors comme fondement d’un acte d’écoute différentiel, dans la mesure où il permet l’élaboration d’un savoir efficace, soit un savoir qui déplace, qui surprend, et qui relance le sujet. Mots-clés : sectes, croire, croyance, sujet, inconscient, intervention, lecture discursive. ABSTRACT The thesis questions the conditions of listening concerning the testimonies of people who lived a sectarian experience, as well as the ethical and methodological issues arising from the way literature proposes to understand the telling of these people. A literature review shows that the main theoretical frameworks used to explain the sectarian (alienation, mental manipulation, addiction) determine the way the telling of these people is listened. Thereby, the meaning of the sectarian directs not only our understanding of people, but it also outlines the conditions of the listening. The premise of the dissertation is that the introduction of the « dit-mention » (the mension of the telling) of the believe as an interpretative intersection leads to develop a listening concerning both the speaking subject and the dimension of the being. From a theorization of believe as a movement of the living distinct from religion, spirituality, belief and mysticism, the dissertation moves the problematic of a sectarian experience from its polemic structure to give full value to the telling of people. Thus, by setting the listening on its symbolic side, that is in a way that takes into account the subject's relation to the Other, the meaning produced by an act of listening to a believe does not rely anymore on an external meaning to explain and report a sectarian experience. It is produced by the binding of the signifiers together, which opens a research space where something of the subject can happen. The hypothesis of a subject « à croire sur parole » (which words must be believed) then offers a basis for a differential act of listening, since it allows the working out of an effective knowledge, a knowledge that moves, surprises, revives the subject. Keywords : sects, sectarian, believe, belief, subject, unconscious, intervention, discursive reading,

Psychanalyse et théologie en dialogue

Conférence

Penser avec et après Jean-Daniel Causse constitue pour moi une épreuve. Une épreuve dans un double sens : -Épreuve de la douleur causée par la perte d'un ami avec qui j'entretenais un dialogue régulier et enrichissant, touchant de façon générale aux sciences humaines et particulièrement à l'articulation entre théologie et psychanalyse. -Épreuve que l'on passecomme on passe un examenet qui permet de franchir un cap. Épreuve synonyme de renouvellement dans la mesure où je me suis trouvé, du fait de la disparition brutale de Jean-Daniel, devant la nécessité de chercher en moi-même et chez d'autres, les ressources pour poursuivre le travail de la réflexion et de l'élaboration d'une pensée.

Le langage totalitaire au prisme de lanalyse de discours

Dans son étude sur Bakhtine, Jean Peytard se demande comment le discours de l'idéologie peut être intériorisé par le sujet. Le philologue allemand Victor Klemperer a lui-même tenté de répondre à cette question en analysant les discours nazis de 1933 jusqu'à la chute de régime hitlérien. Il recense les principaux processus observés et montre comment le discours totalitaire en vient à transformer la langue et la manière de penser à partir d'une rhétorique du consentement qui tire sa force de son « effroyable homogénéité » et de son caractère plurisémiotique. A cet égard, les observations et la démarche de Victor Klemperer rejoignent les réflexions de Jean Peytard sur le sens, l'idéologie et l'univers sémio-discursif. Mots-clés : Discours totalitaire, idéologie discursive, analyse du discours Resumo : Em seus estudos sobre Bakhtin, Jean Peytard indagou como o discurso da ideologia poderia ser interiorizado pelo sujeito. O filólogo alemão Victor Klemperer tentou responder a esta questão ao analisar os discursos nazistas de 1933 até a queda do regime hitleriano. Klemperer mostrou os principais procedimentos do discurso totalitário e como ele consegue transformar a linguagem e o modo de pensar a partir de uma retórica do consentimento que tira sua força da « terrível homogeneidade » e de seu caráter plurisemiótico. Nesse sentido, as observações de Victor Klemperer encontram as reflexões de Jean Peytard sobre o sentido, a ideologia e o universo semiodiscursivo. Abstract : In his study about Bakhtine, Jean Peytard wonders how the discourse of ideology can be internalized by the subject. The German philologist Victor Klemperer has attempted himself to answer this question by analyzing the Nazis' speech from 1933 until the fall of Hitler's regime. He identifies the main processes observed and shows how the totalitarian discourse manages to transform the language and the way of thinking with a rhetoric of consent, which draws its strength from its « dreadful homogeneity » and its plurisemioticity. In this regard, the observations and the approach of Victor Klemperer join up with the arguments of Jean Peytard about meaning, ideology and semio-discursive universe.