Le flair en images, ou comment est donnée à voir la communication olfactive (original) (raw)
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Nez, la revue olfactive, n°4, 2018
L’art peut-il s’appréhender par le nez ? L’artiste peut-il s’exprimer par l’odeur ? C’est la question que posent les expositions de plus en plus nombreuses consacrées aux œuvres, souvent composites, qui utilisent l’odeur et parfois le parfum comme matériau. La revue Nez propose un panorama non-exhaustif de cet art dit « olfactif ».
Le temps partagé de la sensation olfactive
2009
Nous n'avons pas de raisons de penser que les irritations de surface de l'homme même investiguées jusque dans l'éternité se prêtent à une systématisation unique qui soit scientifiquement meilleure que toutes les autres 1. » Ce que nous appelons une sensation est une représentation stabilisée, pendant un laps de temps plus ou moins long, du flux extrêmement mouvant des stimuli-des « irritations de surface » dirait Quine-qui nous sollicitent à tout instant. Objet d'un jugement, cette sensation devient alors une perception. Même si par convention nous assimilons ce laps de temps au présent de la sensation-ce que Quine appelle le « module » de la stimulation, où le présent est conçu comme une durée et non comme une coupure entre le passé et l'avenir 2-la notion d'un présent qui dure est logiquement irrecevable. L'idée de la durée de la sensation, note Condillac, est en fait produite « par la succession des impressions qui se font sur l'organe ». Elle se conserve ou se reproduit « par la succession des sensations que la mémoire rappelle 3 ». Le présent de la sensation est donc fait en réalité d'un passé et d'un présent en devenir, c'est-à-dire d'un enchaînement de séquences temporelles. Quoi qu'il en soit, cette représentation d'une sensation à la fois présente et durable est une sorte de socle expérientiel à partir duquel nous réussissons à croire en notre identité personnelle : de la durée de la sensation naît le sentiment durable du moi. C'est un même sujet qui perçoit la durée d'un stimulus visuel, tactile, auditif, olfactif. Dans cet article, j'essaie de répondre à la question suivante : cette perception de la durée peut-elle être partagée, quantitativement et qualitativement, ce qui est une condition nécessaire pour qu'une expérience sensorielle puisse être qualifiée de sociale ou de culturelle 4 ? Elle est nécessaire, certes, mais pas suffisante, car le partage peut être naturellement contraint. Se pose alors une nouvelle question : si la sensation est partagée, quelles en sont les modalités, naturelles et/ou culturelles ? Enfin, si l'on admet que le partage est pour une part culturellement contraint, ne faut-il pas s'attendre à des formes différenciées de ce partage, selon par exemple le contexte de la perception, ou selon le jugement porté sur la valence hédonique du stimulus (plaisant, neutre ou déplaisant), ou encore selon le jugement d'intensité ou de familiarité porté sur ce stimulus ? Pour répondre, je vais privilégier une hypothèse, banale, celle qui voit dans le langage l'expression culturellement orientée de nos expériences mondaines individuelles 5. Peuton repérer parmi les descripteurs olfactifs utilisés dans le langage naturel 6 des termes qui évoquent davantage que d'autres la durée de la sensation ? Si tel était le cas, on pourrait alors supposer que quelque chose de cette durée, ou plus exactement de sa perception,
L’observation des ambiances olfactives en milieu urbain
2000
L'odeur focalise facilement les inquietudes des habitants des villes vis-a-vis de la qualite de l'air. Pour observer les ambiances olfactives en milieu urbain il faut cependant depasser la notion de nuisance et confronter les savoirs, afin de connaitre et comprendre les caracteristiques de la perception olfactive in situ et les phenomenes odorants en rapport aux configurations urbaines.
2011
A AB BS ST TR RA AC CT T EMANATION OF COMMUNICATION The role of smell in interpersonal communication: towards a modeling of olfactory communication The thesis focuses on olfactory communication involving individuals in position of interactants during "face to face" communication situations. I believe that wearing a fragrance is one form of communicative intent on what the communicating subject aspires to be. In the field of information and communication sciences, olfactory communication is studied in a theoretical context which mobilises resources from interactionism and ethnomethodology. Enfin, je tiens à remercier l'ensemble des personnes qui liront cette thèse, pour l'intérêt qu'ils portent à mes recherches. P A mes deux grands-mères… L'une s'est éteinte à l'aube de la soutenance de cette thèse, L'autre est l'essence de la genèse de ce travail. Je n'aurais jamais eu la curiosité de m'intéresser à un tel sujet, si je n'avais pas été le témoin de l'amour inconditionnel que ma grand-mère portait à ces petites fioles remplies d'élixirs parfumés… « Le souvenir est le parfum de l'âme. » George Sand C'est pourquoi nous partageons la conception orchestrale de la communication, elle ne s'arrête pas à ce qui est échangé verbalement, mais à un ensemble, à un système regroupant les différents modes de communication, comme la gestuelle, le toucher ou encore l'odorat. Notre recherche est donc totalement pensée en fonction de la fameuse phrase : « On ne peut pas ne pas communiquer » reprise selon leur propre vocable par Watzlawick, Goffman ou encore Hall, mais certainement mieux explicité par Birdwhistell: Un individu ne communique pas, il prend par à une communication ou il en devient un élément. Il peut bouger, faire du bruit…, mais il ne communique pas. En d'autres termes, il n'est pas l'auteur de la communication, il y participe. La communication en tant que système ne doit donc pas être conçue sur le modèle élémentaire de l'action et de la réaction, si complexe soit son énoncé. En tant que système, on doit la saisir au niveau d'un échange. (Birdwhistell, 1959, in Winkin, 1981 ; p.75) Chapitre I : Approche psycho-socio-pragmatique de la communication olfactive domaine de la sensation. C'est certainement une des spécificités de cette communication olfactive 6 , qui fait qu'inférer des intentions communicatives par le biais d'un parfum est une action profondément inscrite dans la subjectivité des interactants. L'odeur est un élément communicationnel profondément influencé par la valeur hédonique qu'elle revêt aux nez de celui qui la perçoit. Enfin, tout comme peut l'être le discours d'un individu, l'odeur peut influencer les acteurs de la communication que ce soit en donnant de l'assurance à celui qui s'en pare ou en influant sur la perception positive ou négative de la représentation que se fait l'interactant de l'individu parfumé. 6 Spécificité sur laquelle nous reviendrons lors du chapitre IV. communication : D'Aristote aux sémioticiens modernes, toutes les théories de la communication ont été fondées sur un seul et même modèle, que nous appellerons le modèle du code. Selon ce modèle, communiquer, c'est coder et décoder des messages. Récemment, plusieurs philosophes, dont Paul Grice et David Lewis, ont proposé un modèle tout à fait différent, que nous appellerons le modèle inférentiel. Selon le modèle inférentiel, communiquer, c'est produire et interpréter des indices. (Sperber & Wilson, 1986 ; p.13) Nous rejoignons ces auteurs, le modèle du code (tel que celui évoqué par Shannon et Weaver en 1949), omet un aspect fondamental de l'échange : la relation qui I.1. Pragmatique inférentielle et communication olfactive 40 Chapitre I : Approche psycho-socio-pragmatique de la communication olfactive s'instaure entre deux individus, soit l'ancrage de ces acteurs au sein d'une société, d'une culture, dans une certaine émotion ou un rapport de pouvoir, en d'autres termes : leur situation psychosociale. Or nous pensons qu'une communication de type olfactive ne peut reposer que sur cette notion d'inférence, où les acteurs de la communication se prêtent mutuellement des intentions, de part ce substrat chimique qui est l'odeur, et dont le code, n'est pas toujours évident à déceler en fonction des variables interindividuelles de chacun. C'est pourquoi, nous allons à présent, nous référer à un modèle développé par Sperber et Wilson (1986), la pragmatique inférentielle axée sur la théorie de la pertinence et le principe de coopération, afin de mobiliser les différents éléments de cette forme de communication olfactive. Première Partie C Ch ha ap pi it tr re e I II I : : A Ap pp pr ro oc ch he es s p ps sy yc ch ho os so oc ci io ol lo og gi iq qu ue es s d de es s p ph hé én no om mè èn ne es s i id de en nt ti it ta ai ir re es s Nous allons à présent, nous intéresser à la notion de soi, afin de mieux appréhender la volonté individuelle de chacun à communiquer sur lui-même. Comment l'individu porte-t-il un regard sur lui-même ? Par quels moyens peut-il construire l'image de son soi ? Nous envisageons l'odeur comme un moyen de communiquer, avant tout sur soi-même. Comme nous l'avons rapidement évoqué précédemment, la communication olfactive engage les acteurs et leur identité, l'individu parfumé est dans une quête de montrer une image de lui-même qui lui sied, ainsi il est dans une forme de narcissisme où l'essentiel est avant tout d'aimer l'image qu'il souhaite renvoyer de lui-même aux autres. Il est dans une forme de construction identitaire : Grâce aux concepts de soi et d'identité sociale, une approche psychosociale montre que le parfum peut devenir une "carte d'identité olfactive" et même participer directement à la construction de l'identité de l'individu. En utilisant tel parfum, celui-ci souhaite se donner une image et donc une identité aux yeux des autres mais aussi à ses propres yeux. Le mode de communication que la personne va adopter avec autrui et les réponses qu'elle va attendre d'eux peuvent également reposer sur cette représentation identitaire. (Courbet & Fourquet, 2003) Les recherches sur la conscience de soi remontent à 1890, avec James, puis d'autres suivent avec Baldwin en 1897, Cooley en 1902 et enfin Mead en 1934, tandis que celles sur l'identité débutent avec les travaux d'Erickson en 1960, bien que Freud ait déjà ouvert cette voie en 1921, avec la notion d'identification. Peut-on parler de concepts équivalents ? Selon Marc (2005 ; p. 23), « la conscience de soi recouvre tous les contenus de conscience qui portent sur la personne propre ; ces contenus sont infiniment variés et changent à chaque instant », cependant, l'identité « tend à La supériorité, elle-même, n'est pas sa propre fin. C'est un moyen de préserver le soi. Nous devons nous distinguer d'autrui, et nous y arrivons en faisant quelque chose que 8 Nous reviendront sur cette notion lors du Chapitre III Nous pouvons donc déduire qu'il existe des similitudes entre l'apprentissage olfactif, et la construction identitaire et celle du soi de l'individu, en effet, nous Synthèse du Chapitre II 82 Chapitre II : Approches psychosociologiques des phénomènes identitaires façonnons nos expériences olfactives sur des préférences en termes d'odeurs, mais aussi sur des informations que nous leur avons associées. Il en est de même pour la construction du soi de tout un chacun, l'individu est perpétuellement influencé par ses souvenirs et ses acquisitions mémorielles au cours de son évolution. Nous approfondirons lors du chapitre suivant les spécificités du stockage des données olfactives, afin de comprendre quels en sont les rouages physiologiques. Une des particularités du bulbe olfactif est qu'il forme, en quelque sorte, une « cartographie des odeurs » : telle odeur vient en effet stimuler (de manière reproductible) telle zone du IV.3.Analyse sémantique des occurrences axées autour des rituels de réparations 339 Chapitre IV : La situation d'embarras I : Elle va plaisanter avec le monsieur ? S : Ah, je pense pas que elle va les faire au monsieur mais elle va prendre à partie un peu les gens... les autres gens... (Sujet 34, femme, parfum C, Annexe 1, p.426
Le religieux et le sacré vus à travers l’iconographie de l’olfaction
Figures du sacré, 2013
L’article explore la représentation de la sensorialité olfactive, véhiculée par le mouvement des nuages, dans la peinture religieuse moderne et s’interroge sur la relation entre la question religieuse de la foi et la dimension sacrée de la contagion de la transcendance. L’iconographie picturale est tout d’abord mise en comparaison avec la représentation de l’olfaction et la disparition des corps saints dans la photographie artistique contemporaine et, ensuite, avec la photographie publicitaire consacrée aux parfums. Les propositions interprétatives sur la relation de trois corpus avec la distinction entre religieux et sacré seront développées par le truchement d’une méthodologie sémiotique. [en] This article explores the representation of olfactory sensoriality in modern religious painting as conveyed by the movement of clouds, and thus raises the question of the relationship between the religious dimension of faith and the sacred contagion of transcendence. The representation of olfaction in pictorial iconography is compared with the disappearance of the holy bodies in contemporary artistic photography and perfume advertising. Interpretive propositions about the distinction of the religious and the sacred in relation to three corpuses are developed with a semiotic methodology.
L'Expérience olfactive dans les attractions historiques, les médias et les arts visuels
ASTASA, 2022
A partir de la fin du XVIIIe, on dénombre plusieurs tentatives d'intégrer une dimension olfactive à des attractions visuelles historiques, comme les fantasmagories ou les panoramas. Ces expérimentations permettent notamment l’avènement d’un genre différent de spectateurs et d’une esthétique de l’expérience, qui se développera considérablement dans les pratiques médiatiques et artistiques aux XXe et XXIe siècles. Ce nouveau paradigme immersif et cette nouvelle logique spectatorielle, qui émergent d’abord dans un contexte européen de course au sensationnel et de réflexion sur le concept d’art total, perdurent jusqu’à aujourd’hui. Between the end of the 18th century and the 19th century, there were several attempts to turn historical visual attractions into poly-sensorial experiences, such as Phantasmagorias and Panoramas, to the point of integrating an olfactory dimension intended to favor illusion as well as immersion, paving the way for new forms of creation. These experiments specifically allowed the advent of a different kind of spectators – who, from « eyes, » become « bodies » – and of an aesthetics of experience that will develop considerably in artistic practices, including olfactory ones, in the 20th and 21st centuries. This new immersive paradigm and this new spectatorial logic, which first emerged in a European context of sensationalism and reflection on the concept of total art, persist until today. The multiple immersive olfactory apparatuses that have appeared in the arts, media and entertainment since the 20th century are their direct descendants.
L'ODEUR DE L'ART, un panorama de l'art olfactif (avant propos)
L'ODEUR DE L'ART, un panorama de l'art olfactif , 2021
This book attempts to sketch a history of art that is apprehended not by the senses of the intellect, such as sight and the eye, but by one of the forgotten senses of the body: the nose. Taking as a starting point the futuristic adventures of the beginning of the 20th century and stretching until our days, it is proposed here to give an account of the presence of the fragrances in what the West established as the history of the art. The olfaction completely invisibilized by the critic, is however omnipresent, and it is talkative. It says all of our world, while being opposed to a hegemonic culture of the all eye, dividing since always the body and the spirit of the artists and the spectators. Through the study of smell, art opens up in another way.
L’impact de l’odorat sur le comportement humain : vers un marketing olfactif sur Internet ?
Patrick Süskind raconte dans son livre, Le Parfum, la vie de Jean-Baptiste Grenouille, doté d’un sens olfactif extraordinaire, en France du XVIIIème. Attiré par le parfum naturel des jeunes belles vierges qui inspire l’amour, il en tue vingt-quatre pour créer le parfum de l’amour idéal. Avec ceci, il arrive à manipuler les gens (à son risque et péril). Mais, au-delà de la fiction, peut-on vraiment manipuler le comportement de l’être humain par l’odeur? Cet article explore les définitions de base, la littérature du marketing olfactif et ses limites, l’aspect pratique et même l’expérience olfactive sur Internet afin de jeter les bases des réponses plus consistantes et des pistes de recherches futures. Abstract Patrick Suskind relates in his book, Le Parfum, the life of Jean-Baptiste Grenouille, gifted with an extraordinary sense of smell in France of the XVIIIth century. Attracted by the natural scent of young attractive virgins who inspires love, he kills twenty-four to create the scent of ideal love. With this, he manages to manipulate people (at his own risk). But beyond fiction, can we really manipulate the behavior of human beings by smell? This article explores the basic definitions, olfactory marketing literature and its limits, practicality and even olfactory experience on the Internet to lay the groundwork for more consistent responses and further research.
Manger et les cinq temps du drame olfactif
2005
L'acte de menjar pot assemblar-se a un drama olfactiu. Primer, és dramàtic en el sentit etimològic del vocable (es tracta d'una acció complexa) i, segon, en el sentit teatral. Com pot succeir damunt d'un escenari de teatre, les olors del menjar ens commouen tot suscitant imatges mentals que quedaran marcades permanentment en la nostra memòria.