La Côte d'Amapa: de la bouche de l'Amazone à la Baie d'Oyapock, à travers la tradition orale palikur (original) (raw)

RESUMO. Uma análise eho-histórica do passado da Costa do Amapá é apresentada aqui como uma contribuição ao estudo do passado das populações indigenas da Amazônia. É uma confrontação entre a tradição oral dos indios Palikur, os dados dos arquivos, e os resultados da pesquisa arqueológica contemporânea. A conclusão é um esboço de alguns pontos fortes da pesquisa eho-histórica. &SUMÉ. Üne analyse ethnohistorique du passé de la Cdte dilmapa estprésentée ici en tant que contribution à I'étude du passé des populations indigènes de l'Amazonie. II s'agit d'une confrontation entre la tradition orale des Palikur, les données d'archives, et les résultats de la recherche archéologique contemporaine. Quelques lignes directrices rur la recherche en ethnohistoire sont esquissées en con clusion. I Y 1 Bol. Mas. Par. Emilio Goeldi. .Cr. Antropol.. 3 (1). 1987 de la bouche nord de l'Amazone à la baie d'Oyapock (l), forme un ensemble nettement différencié des grandes étendues de forêt dense de terre ferme qui commencent immédiatement à l'ouest. Aujourd'hui, cette région n'abrite plus dans sa partie septentrionale, que trois groupes amérindiens différents, les Palikur, les "Galibi" de Uaça et les Karipuna, totalisant 2624 personnes en 1982 (Povos Indígenas no Brasil, 1983), alors qu'à l'inverse, les évidences archéologiques (Meggers et Evans, 1957; Hilbert, 195 7) montrent que le peuplement y fut autrefois continu et relativement , important. Cependant, de façon quelque peu contradictoire avec ces évidences de peuplement, cette région marécageuse fut ressentie parles voyageurs qui la longèrent ou la jkmétrèrent, et ce jusqu'à aujourd'hui, comme rébarbartive pour les établissements humains (2). De plus, enjeu colonial entre la France et le Portugal puis le Brésil, elle demeura de facto un refuge pour !es groupes indigènes fugitifs jusqu'h la fin du X V I I I e m e siècle. Pour ces raisons, en bonne partie, la côte d'Amapa a toujours été présentée par les auteurs anciens ou les anthropologues contemporains comme un embrouillamini ethnico-géographique dont peu de cohérence pouvait ressortir. Toutes les tentatives, au reste superficielles, àde rares exceptions près, pourcomprendre le peuplement de la région, soit persistent dans cette impression de noeud inextricable, soit procèdent par classifications ou identifications hâtives reprises ensuite sans examen critique. Dans nos travaux précédents sur l'histoire des Amérindiens de Guyane (Grenand, P., 1979 et surtout 1982), nous avions effleuré le süjet du peuplement de la région côtière en cédant aux mêmes démons. L'examen attentif, quoique non définitif (des sources nous manquent encore) des documents anciens et de la littérature moderne, en particulier arche@ logique, confronté à Yétude des traditions orales de la population survivante la plus importante de la région, les Palikur, nous amène aujourd'hui à réexaminer ce thème de recherche ethnohistorique. Nous espérons en cela répondre modestement au. voeu émis par Betty MEGGERS et Clifford EVANS (1957): "lfar-1 De 1978 a 1982, nous avons effectué plusieurs missions chez les Palikur de Guyane française, totalisant environ six mois d'enquête sur le terrain chacun. La premiere mission, de Juillet a Septembre 1978, fut menée en coopération entre I'ORSTOM et les ERA 43 1 et 715 du CNRS, avec la présence de Mme. Simone Dreyfus-Gamelon Toutes les autres missions ne comptaient plus que 1'ORSTOM et l'ER4 431 du CNRS. Nous remercions particulierement M. Expedito Arnaud, du Museu Paraense Emilio Goeldi de Belem, de nous avoir fourni l'agréable occasion, pendant trois jours, de sejoumer au grand village de Ukumene, sur le Rio Urucaua. Nous remercions également M. Hugues Petitjean-Roget, qui, au cours de la premiere mission, Facilita grandement notre introduction au sein de plusieurs familles palikur. 2 Un texte anonymede 1652, cité par Arturen 1750, nous dit:"Le butétaitd'engagerles Arecarets a quitter leurs terres, presque toutes noyées" ... ce qu'ils refusèrent de faire. 2 Les Palikur et I'hintoire de 1'Amapa cheologists and ethnologists will develop an awareness of assistance, they can render to each other, then the only result can beprofit to both specialties and the advuncement of the general field of anthropology". Quoique le présent exposé ne s'intéresse pas directement à l'impact des conquérants européens, il est clair que celui-ci constitue un facteur décisif influant négativement de façon permanente sur la nature et l'importance des groupes indigènes de la région. En sens inverse, les migrations, conflits ou alliances que cet impact a engendrés sont autant de révélateurs permettant de définir l'origine et?mique, la culture et les stratégies politiques de ces groupes. * Dans ce travail, la graphie CARIB sera utilisée pour désigner l'ethnie des Carib côtiers, OU Galibi La reprise de cette erreur renferme pour le moins une ambiguïté, car, p. 249, B. Meggers et C. Evans acceptent les conclusions de NIMUENDAJU (1 926) et les integrent a leur analyse, cependant que p. 581, elles sont mises endoute. Ce changement d'opinion est regrettable, dans la mesure ou la minutieuse analyse archéologique des diverses zones occupées par les ARUA (Amapá, Mexiana, Caviana et Nord Marajó) leur permet de conclure a des traits communs entre ARUÄ et civilisations archéologiques arawak de l'Orénoque et des Antilles. ou Kalbïa. La graphie KARIB sera réservée pour la famille linguistique. 3 Le No 'rd d e D o n 4 L u Pdiknr et l'histoire da 1'Aa;p. 1 ' KUR, soit deux langues étroitement apparentées, soit deux dialectes d'une même langue. La confusion part en fait de DEYROLLES (1916) qui signale l'immigration d'"Indiens" du temtoire contesté à l'est de l'Oyapock "autourde la Crique (= rivière) Maraouane, d'où le nom d'lndiens de Maraouane ou simplement MARAOUANES, qui leur a érd donné". RIVET et REINBURG (1921) feront d'une imprécision, une erreur, en ne se contentant pas d'assimiler les "Indiens de Maraouane" aux PALIKUR mais ecL les considérant identiques aux MA-RAONES (MARAON) dont parle la littérature s'echelonnant du XVIème au début du XÏXeme siècles.. MMUENDAJU en 1926 a longuement montré que les MARAON apparaissent chez les auteurs anciens comme un groupe nettement différent des PA-LIKUR, ce qui est entièrement confrmC par les traditions orales de ces derniers. En particulier, nous possédons de nombreuses évidences que leur langue était differente du Palikur (cf. Tableau 3). Les derniers MARAON constituant des communautés spécifiques, vécurent dans les bas-Oyapock (LEPRIEUR, 183 1) et il n'est pas impossible qu'ils aient entre autres résidé àla même crique Maraouane, petit fluent de rive gauche du bas-Oyapock et constituant l'écoulèment naturel d'un grand marais riche en gibier et en poisson. Cependant, à la fin du XIXème siècle, il n'y avait plus d'Amérindiens clans cette région hormis une population mixte habitant les premiers sauts de 1'0,yapock. Cette population incluait certes des éléments MARAON (COUDREAU, 1892, cite d'ailleurs le cas précis de l'épouse du chef Gnongnon) et il estde mi)me certain que des éléments MARAON existaient parmi les trois populations du bassin de la Uaça. Tout concourt cependant à afErmer, qu'à cette époque, c'est ii dire peu de temps avant l'éclatement de l'affaire du Contesté franco-brésilien (1 8 9 9 , les MARAON avaient cessé d'exister en tant qu'ethnie. Le destin du groupe PALIKUR., nommé à tort MARAOUANE (MARA-WAN) par RIVET et REINBURG est de son côté bien connu. NIMUEN-DAJU a bien montré son évolution, en particulier le retour du plus grand nombre des familles à Urucaua en Amapa vers 1920, tandis que d'autres rencontrées par nous tant à Petit Toucouchy (Riv. Ouanary) que Couman-couman et Trois Pal& tuviers (bas-Oyapock) se considèrent comme des descendants directs des émigrés de 1900 tout en se rattachant aux miJmes clans que les PALIKUR de l'Urucaua. Le tort de la plupart des chercheurs qui suivirent RIVET et REINBURG, fÙt d'avoir négligé NIMUENDAJU et d'avoir accordé une valeur extrême au travail de RIVET, alors scientifique de renommée internationale. Ces malentendus éliminés, examinons les positions de nos principaux prédécesseurs sur le peuplement ancien de 1'Amapa: 77