« Paris 1900. Le Congrès des religions n'aura pas lieu. La dernière utopie religieuse du XIXe siècle ? », Archives de sciences sociales des religions, 202, 2023, p. 143-165 (original) (raw)
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L'élargissement de l'horizon religieux initié dans les temps modernes mène au XIX e siècle à de profonds changements dans la perception du fait religieux. Avant que ces changements n'éclatent dans ce qu'on nomme la crise moderniste, un long travail de maturation des mentalités et des consciences s'est effectué, accéléré par la Révolution et son attente d'une régénération totale de l'humanité 1 , attente quasieschatologique d'un monde nouveau où la religion serait elle aussi le signe d'une mutation sociale profonde et globale.
Études Ricoeuriennes / Ricoeur Studies, 2018
L'oeuvre de Paul Ricoeur est-elle entrée dans le panthéon philosophique? La question n'est pas insensée, tant sa pensée demeure située dans une zone intermédiaire, un entre-deux indiscernable-une via media, ironiquement si chère à Paul Ricoeur. Sans doute, le foisonnement d'une oeuvre qui se nourrit des sciences sociales et franchit imperceptiblement mais obstinément les frontières disciplinaires explique en partie le fait que le lecteur et le monde académique se sentent déroutés. Tantôt, en effet, c'est le genre des ouvrages de P. Ricoeur qui est débattu-philosophie ou histoire des idées?-, tantôt ce sont ses filiations qui sont marquées du sceau du herméneutique, ou philosophie de l'action?-tantôt enfin, c'est son apport réel à la connaissance philosophique qui se trouve remis en question-simple lecteur ou véritable inventeur de concepts? Ces jugements de valeurs affectent inégalement l'oeuvre de P. Ricoeur: Histoire et vérité (1955), 1 Le conflit des interprétations (1969) 2 ou Soi-même comme un autre (1990) 3 sont des essais largement cités ou étudiés, quand son exégèse biblique est le plus souvent écartée, délaissée, et
Les différents événements qui marquèrent le milieu du XIXe siècle ont conduit certains catholiques à envisager avec pessimisme l'avenir de l'Europe. En réaction aux mouvements de 1848-1849, l'Espagnol Juan Donoso Cortès brosse ainsi le tableau d'un futur où l'oppression politique serait d'autant plus forte que l’Église aurait perdu son influence sur les sociétés. Une dizaine d'années plus tard, alors que l'unification italienne se réalise au détriment des États pontificaux, le Français Louis Veuillot reprend ces thèses et les développe pour décrire un monde dominé par un despote qui, ayant usurpé les pouvoirs du pape, pourrait dominer aussi bien les corps que les âmes, à l'aide des moyens de contrôle nouveaux dont disposent les États modernes (centralisation, télégraphe, etc.). Ainsi, la dystopie d'un monde sans le pape ne reflète pas simplement les craintes suscitées par les bouleversements politiques du milieu du XIXe siècle mais témoigne également de la méfiance radicale d'une partie des catholiques à l'égard de la modernité sous toutes ses formes.
Archives De Sciences Sociales Des Religions, 2004