Aperçus sur l’histoire des compagnonnages de tailleurs de pierre et maçons en France et en Europe (original) (raw)

« Dans l’état actuel de nos connaissances, l’histoire des compagnonnages français de tailleurs de pierre ne commence véritablement qu’au début du XVIIIe siècle. C’est en effet seulement à partir de cette époque que nous disposons d’une série continue de documents — le document est à l’historien ce que le bois est au charpentier — qui, tout à la fois, attestent de l’existence de ces formes d’associations professionnelles et nous permettent d’en saisir assez précisément le mode de fonctionnement, les usages, etc. Avant cette période, ce n’est pas immédiatement la nuit obscure de la préhistoire, mais peu s’en faut. Il ne fait pourtant aucun doute, à l’analyse des plus anciens documents du XVIIIe siècle, que les sociétés compagnonniques ne sont pas nées brutalement de la dernière pluie. Tout au contraire, l’archaïsme de la manière dont sont ordonnés leurs règlements laisse présager qu’elles existent depuis plusieurs siècles. Leurs usages ont pour ainsi dire une saveur toute médiévale. Mais les éléments documentaires que l’on possède pour le XVIIe siècle concernent des individus, des « compagnons », sans qu’il soit absolument certain qu’ils se rattachent à des sociétés pleinement structurées. Simplement, comme ces éléments (des surnoms, des marques de passage, rien de bien plus précis) possèdent des caractéristiques qui sont celles, plus ou moins exclusives, des compagnons Passants et Étrangers du XVIIIe siècle, nous sommes logiquement portés à accepter qu’ils concernent bel et bien le sujet. La chose devient encore plus problématique au XVIe siècle car ces mêmes éléments sont absents, ou, du moins, il n’en a pas encore été recensés, les recherches étant encore trop peu avancées pour conclure à une totale absence. Mais il existe néanmoins des indices, notamment quant à l’emblématique, qui, se rattachant encore nettement aux témoignages des XVIIe et XVIIIe siècles, permettent de faire sérieusement l’hypothèse de leur existence dès cette époque. »