Le « migrant » introuvable. Récit de parcours et parcours du récit en compagnie d'Abdou Khadre (original) (raw)

Le récit migratoire ou l’identité instable

Journal des anthropologues

Dans sa célèbre description des combats de coqs, Clifford Geertz assimile la culture d'un peuple à un ensemble de textes que « l'anthropologie s'efforce de lire par dessus l'épaule de ceux à qui ils appartiennent en propre » (Geertz,1983 : 215). Interprétation des phénomènes culturels comme métalangage, que Vincent Crapanzano (1986 : 51-77) qualifie de brouillage, savamment opéré par C. Geertz, entre sa propre lecture et celle des Balinais. Ces derniers y apparaissent sous un « ils » globalisant, tandis que le « je » de l'anthropologue s'efface derrière l'autorité qu'il représente. Passage du « je » et du « tu » marquant « l'énonciation, chaque fois unique » au « il », défini comme « non-personne », mais pouvant référer à des positions objectives dans le temps et l'espace (Benveniste, 1981 : 251-257). Ainsi la figure masquée du dieu de la ruse, Hermès, introduit-elle le trouble au coeur du travail anthropologique. N'a-t-il pas une double ambition paradoxale : la révélation de l'autre-l'autre culture-dans son étrangeté et l'interprétation qui passe par la mise en texte de fragments divers-événements, paroles, mythes collectifs-de cette culture ? Le traitement des différences qui serait au coeur de l'activité de l'anthropologue apparaît contradictoire avec la portée universaliste de son propos. Non qu'il faille réduire ce paradoxe à l'opposition entre le recueil de données ou faits bruts par l'ethnographie et leur interprétation qui est le rôle de l'ethnologie. L'opposition concerne le double rapport du chercheur à ses interlocuteurs, d'une part, qui lui donne à lire leur culture et à ses lecteurs, d'autre part, pour qui il doit produire un discours qui fasse autorité.

Le migrant criminalisé, le temps d'une traversée

Cahiers de l'Afrique de l'Ouest, 2009

Le migrant criminalisé, le temps d'une traversée L'externalisation des frontières européennes à l'aune du droit L'exemple de l'émigration récente par voie maritime depuis les côtes sénégalaises * Mandiogou NDIAYE, expert international,

Traduire et interpréter le migrant : TIMS et expérience exilique

2015

Traduire et interpréter l’autre, c’est comprendre la culture de l’autre à travers ses différentes manifestations qu’elles soient linguistiques (les langues), paralinguistiques (les gestes) ou matérielles (les objets, les vêtements). Traduire et interpréter l’altérité signifie s’initier à ce qui est autre, apprivoiser les différentes appartenances de chaque identité, développer des habiletés et des compétences pour comprendre l’autre et rendre plus facile la relation avec lui en repoussant les frontières des préjugés fondés par des représentations stéréotypées qui préconisent une attitude contraire à toute éthique du traduire.

Parcours de l'exilé : du refuge à l'installation

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2018

Mettre en ordre L'attente La possibilité d'une installation pérenne après l'obtention du statut de réfugié ? Les perdus de vue des circuits d'accueil 2 | DE LA VULNÉRABILITÉ Qu'est-ce qu'un migrant « doit faire » et qui le rend vulnérable ? Des droits en morceaux De la vulnérabilité en justice 3 | POUR CONCLURE Notes Les auteurs Parcours de l'exilé : du refuge à l'installation Programme de recherche "L'accueil, la circulation et l'installation des migrants"

Ouvrage: Abdelkrim Bouhout. ESSAI SUR LA VISIBILITE DES MIGRANTS RELEGUES. L'Harmattan. Recension Dr. Brahim Labari in Revue Européenne des Migrations Internationales

REVUE EUROPEENNE DES MIGRATIONS INTERNATIONALES. Brahim Labari, « Bouhout Abdelkrim, Essai sur la visibilité des migrants relégués ». [En ligne], vol. 33 - n°1 | , 2017

Brahim Labari, « Bouhout Abdelkrim, Essai sur la visibilité des migrants relégués », Revue européenne des migrations internationales [En ligne], vol. 33 -n°1 | 2017, mis en ligne le 01 mars 2017, consulté le 15 octobre 2020.

2008, Des «réfugiés-migrants»: Les parcours d'exil des réfugiés mauritaniens au Sénégal

Recueil Alexandries, 2006

Qu'ils soient ouverts ou fermés, étroitement contrôlés ou non par les autorités du pays d'accueil, les sites de réfugiés ne sont jamais des espaces isolés. Le déplacement forcé et le regroupement dans des camps suscitent de nouvelles formes de mobilité, activement recherchées par les individus pour reconstruire leur vie sans dépendre de la seule assistance humanitaire. Peu visibles, ces mobilités « recherchées » se construisent sur plusieurs territorialités et catégories identitaires à la fois et empruntent souvent les voies de l'informel et de la clandestinité. S'appuyant sur une analyse des stratégies de survie des Haalpulaaren mauritaniens réfugiés au Sénégal, cet article met en évidence leur caractère transnational et s'interroge sur la fluidité des frontières entre migration forcée et migration volontaire. L'auteur montre comment, par des va-et-vient incessants entre leur pays d'accueil, leur pays d'origine et des pays tiers, les Haalpulaaren se sont appuyés sur des filières migratoires et des réseaux de solidarité qui dépassent largement l'espace du camp et le cadre rigide des États-nations qui définit le statut de réfugié. Si ces stratégies de survie s'inscrivent dans des formes de mobilités anciennes, caractéristiques des sociétés sahéliennes, elles ont aussi pris une dimension inédite dans le contexte de l'applicabilité du droit international des réfugiés.

Nulle part et ailleurs : les exils racontés de Maryam Madjidi

Book Chapter, 2024

Cet article explore la reconstruction scripturale de la mémoire traumatique de l’exil et son interaction avec les espaces géographiques dans les romans Marx et la poupée (2017) et Pour que je m’aime encore (2021) de Maryam Madjidi, une figure représentative des xénographies francophones. En se centrant sur l’expérience singulière d’une narratrice ayant fui Téhéran, l’objectif sera, dans un premier temps, de déterminer comment le trauma de l’exil impacte la perception identitaire de celle-ci. Ensuite, il sera question de comprendre l’influence de la politique iranienne sur la mobilité des femmes dans l’environnement urbain. Enrichie par les échanges avec l’autrice, cette analyse intègre des réflexions nées de cette collaboration.

Du parcours nomade à l'errance : une figure de l'entre-deux

Parcours… le terme suscite d'emblée une image de mouvement, une trace, un chemin, déjà balisé ou dessiné en cours de route, une marche, un voyage ou une traversée. Transposée sur un plan plus général, en termes anthropologiques par exemple, l'idée de parcours évoque le nomadisme et renvoie ainsi au temps des origines, ou aux tribus de plus en plus rares qui arpentent encore la planète. Du nomadisme à l'errance, il n'y a qu'un pas, semble-t-il, mais ce pas est lourdement chargé de sens. Le dictionnaire lui-même fait du nomade et de l'errant des synonymes 1. Pourtant, à y regarder de près, la conception de l'espace sous-jacente à ces deux êtres du mouvement diffère grandement. Le premier sait où il va, il suit un tracé déjà connu, ou en partie, un itinéraire conservé dans la mémoire de la tribu; il connaît l'environnement et y trouve des repères facilement, des signes qui lui permettent de continuer son chemin. Le parcours nomade est tributaire des ressources, de la présence d'îles, de forêts ou d'oasis, de la végétation ou de la force des vents, des puits ou des courants, des habitudes aussi, qui sont fortement ancrées dans la mémoire des communautés. Le second, au contraire, ignore encore où ses pas le mèneront; soit il est en fuite, et dans ce cas le moment marquant de son parcours est le point de départ, ce lieu qui reviendra

« Vous n’êtes pas là par hasard ». La fabrication d’une théologie de la migration au Maroc

2019

Une Afrique méditerranéenne au croisement des récits religieux et des migrations contemporaines Avec le renforcement des frontières de l'Europe depuis une quinzaine d'années, en dépit de réelles politiques migratoires impulsées par les États du Sud mis à part la toute nouvelle politique de régularisation menée par le Maroc depuis 2013 et réitérée en 2016, les migrants venus d'Afrique subsaharienne s'installent de manière plus pérenne dans les pays d'Afrique méditerranéenne. De nombreuses instances religieuses ou d'origine confessionnelle s'y organisent afin d'y faciliter l'accueil, la formation, l'accompagnement social et spirituel des migrants venus d'Afrique subsaharienne. Cette scène religieuse en plein effervescence s'appuie sur un fait incontournable: de manière générale, durant la migration, la foi et les pratiques religieuses s'ancrent, se renforcent, ou trouvent parfois de nouvelles directions. "Dieu devient un compagnon de voyage" dirons certains. Mais paradoxalement ce temps-là est aussi celui où on s'éloigne des parents, des aînés, où l'on fait de nouvelles expériences religieuses. C'est donc un temps de négociation entre une religion héritée, transmise et une religion expérimentée dans la mobilité. Un temps parfois de butinage. S'agissant de donner un sens à son expérience migratoire face au défaut de reconnaissance juridique, aux discriminations vécues au quotidien, aux difficultés économiques rencontrées dans les pays d'accueil ou de passage, l'acceptation passe souvent par les communautés religieuses qui deviennent des communautés de destin. Dans les pays d'Afrique méditerranéenne, les églises catholiques et protestantes, désertées ou peu fréquentées depuis la fin de l'époque coloniale, se retrouvent ainsi redynamisées et les acteurs religieux s'investissent à leur manière auprès de la société civile sur la question de l'aide et de l'accueil des migrants.