L’incipit dans les versions croates - « Longtemps, j’ai réfléchi au temps » (III) (original) (raw)
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Le temps et l’impossibilité d’un langage phénoménologique
Philosophiques, 2012
Après les travaux de Jaako Hintikka, de David Stern et, plus récemment, de Denis Perrin, l'idée qu'il y ait une réfl exion wittgensteinienne sur le temps et qu'elle soit à l'origine de l'abandon d'un projet de langage phénoménologique n'a plus rien de surprenant, mais on ne peut pas pour autant la considérer établie. Il me semble qu'un élément important de ce débat se trouve au chapitre VII des Remarques philosophiques : en effet, on y trouve la première discussion suivie sur la possibilité d'un langage phénoménologique-discussion évidemment axée sur la question du temps. Sans prétendre à une lecture « alternative » de la réfl exion de Wittgenstein sur le temps et le langage phénoménologique, je voudrais mettre en évidence l'importance de ce chapitre pour ce problème et aussi essayer de montrer que la clé de sa lecture doit être recherchée dans une reductio ad absurdum dont la base est l'impossibilité de mesurer le temps. ABSTRACT.-After the works of Jaako Hintikka, David Stern and, more recently, Denis Perrin, the idea that there is a wittgensteinian refl ection upon the time and that it is at the origin of the abandonment of the project of a phenomenological language is nothing surprising, but we cannot consider it established yet. It seems to me that an important element in this debate is in chapter VII of the Philosophical Remarks : indeed, we fi nd there the very fi rst sustained discussion on the possibility of a phenomenological language-a discussion obviously centred on the question of time. Without aiming to propose an "alternative" reading of Wittgenstein' refl ections on time and the phenomenological language, I would like to bring to light the importance of this chapter for this problem and also try to show that the interpretation key must be looked for in a reductio ad absurdum whose base is the impossibility to measure time.
Studia Romanica et Anglica Zagrabiensia, 2020
Original scientific paper Reçu le 1 juillet 2020 Accepté pour la publication le 25 novembre 2020 Cette étude se propose de comparer la distribution et l'utilisation de certaines conjonctions de subordination temporelles en français et en croate (français : tant que/ aussi longtemps que, jusqu'à ce que ; croate : dok). Tout en étant universelle, la catégorie grammaticale du temps donne lieu à des conceptualisations langagières tout à fait comparables mais différentes. Notre expérience linguistique du français et du croate et notamment l'expérience de l'enseignement du français aux croatophones nous ont permis de remarquer que les différences dans leurs conceptualisations respectives suscitent certaines divergences entre les deux systèmes, et sont par conséquent susceptibles d'entraîner des difficultés dans l'apprentissage du français par les croatophones. Le but de cette étude est de mettre en évidence quelques différences dans l'utilisation de ces conjonctions de subordination temporelles françaises et leurs équivalents croates en tenant compte des temps, modes et aspects ainsi que des rapports chronologiques entre le procès de la proposition principale et celui de la subordonnée introduite par la conjonction temporelle. Nos observations sur la sémantique de la temporalité s'appuieront sur des exemples puisés à des grammaires et à un corpus parallèle (de textes littéraires français et leurs traductions croates et inversement).
« Le temps mort » – L’épreuve du temps dans l’écriture de Maurice Blanchot
« Le temps mort » – L’épreuve du temps dans l’écriture de Maurice Blanchot. in Bene Adrián – Bene Krisztián (eds.): Philosophie francophone en Hongrie. (Acta Romanica Quinqueecclesiensis VI.) Pécs, Université de Pécs, 2019
Maurice Blanchot’s works characterise time as something which is “without present, without presence” [sans présent, sans présence]. This temporality is not constituted by the passing of the moments. This temporality is not a successive, irreversible line of passing presents. That is why this time is called “dead time” [temps mort]. This immobile, in-actual, non-moving, always postponed time is neither the temporality of everyday life, nor the time concept of philosophy. For Blanchot this time is the “time of narration” [temps du récit], the time of the “narrative voice” [voix narrative]. According to Blanchot this counter-time is par excellence the time of literature, the time of art. But how can it be possible? How and where can the temporality of “the absence of time” [l’absence de temps] be possible?
Dans cet article, on montre que l'optatif oblique, loin d'être facultatif, s'explique dans la plupart des cas. À contextes comparables (en subordonnée passée), il est majoritaire par rapport à l'indicatif, et ce chez tous les auteurs du IV e siècle avant J-C. Dans l'analyse, on distingue plusieurs classes de verbes introducteurs et deux situations : discours et récit. L'optatif oblique apparaît dans des contextes de récit, où l'indicatif est l'exception. Celui-ci se comprend de la même façon que le présent historique tel qu'il est défini par . La conclusion est que l'optatif oblique est grammaticalisé comme une forme de temps du récit. Les explications qui s'appuient sur la pragmatique doivent donc être écartées.
Le temps dans l'ekphrasis de tableau (Achille Tatius, Philostrate)
Guez, J.-P., 2013 "‘Il va arriver quelque chose’ : construction du temps dans l’ekphrasis de tableau" in M. Briand (ed.), La Trame et le Tableau. Rennes, Presses Universitaires de Rennes, La Licorne, 35–51.
Au coeur des rapports problématiques entre narration et description, réside l'idée selon laquelle le visuel et le verbal s'opposent comme l'espace et le temps. Cette représentation, que Lessing fut le premier à articuler clairement, délimite hermétiquement les domaines de la poésie et de la peinture, en affectant à l'une le temps et les actions, à l'autre l'espace et les objets. Corrélativement, elle prête à la description, à l'intérieur même du domaine verbal, une position bancale : renonçant aux actions pour s'attacher aux objets immobiles, la description singe les arts visuels en un discours contre nature 1 . Il y a là un système d'intelligibilité cohérent, mais dont maints travaux ces dernières décennies, tant du côté de l'histoire de l'art que du côté de la littérature, ont bousculé la rigidité. La faculté des arts visuels, tout d'abord, à intégrer la catégorie du temps en produisant une narration, a été soulignée et disséquée, notamment à propos de l'Antiquité 2 . Réciproquement, la théorie littéraire en général, et les spécialistes de la rhétorique ancienne en particulier, ont contesté la distinction ontologique entre narration et description, préférant envisager celle-ci comme un mode de discours -celui du descriptif, et plus précisément, dans le contexte antique, de l'ekphrasis -articulé à une certaine pragmatique (donner l'illusion de « voir »), et pouvant appréhender indifféremment les objets ou les actions 3 . Loin d'être le domaine exclusif de la narration verbale, le temps, en un mot, se révèle appropriable par différentes sémiotiques, selon leurs moyens propres. Précisément, s'il est vrai qu'on peut aussi bien raconter que peindre ou décrire le temps, qu'en estil de l'ekphrasis d'oeuvre d'art ? En tant qu'énoncé verbal imitant un objet visuel, elle occupe à l'évidence, dans le système esquissé plus haut, une position intermédiaire qui appelle plusieurs questions. Dans quelle mesure le temps y est-il représenté, et sous quelle forme ? De quel côté penche-t-elle ? Les ekphraseis d'oeuvre d'art sont-elles narrativisées à la manière d'un récit verbal, ou imitent-elles plutôt les procédés iconiques de narrativisation ? Par-delà même cette alternative, la diégèse est-elle le seul moyen qu'elles mobilisent pour évoquer une image se déployant dans le temps ? Sans prétendre à l'exhaustivité, je souhaite dégager quelques tendances et quelques procédés de construction du temps dans l'ekphrasis d'oeuvre d'art antique, à partir d'un corpus restreint, composé des Images de Philostrate l'ancien, et du Leucippé et Clitophon d'Achille Tatius. En me rangeant à l'opinion la plus répandue aujourd'hui, je considérerai que nous avons affaire dans les deux cas à la description de tableaux 1 L'histoire de la « description » dans la rhétorique moderne, avec le rôle joué par le Laocoon de Lessing, est retracée par J.-M. Adam, "Une rhétorique de la description", dans Figures et conflits rhétoriques (dir. M. Meyer et A. Lempereur), Bruxelles, Editions de l'Université de Bruxelles, 1990, 165-92. 2 V. M. Stansbury-O'Donnell, Pictorial narrative in ancient Greek art, Cambridge, CUP, 1999, pour un bilan et une synthèse des recherches sur la question. 3 Je renvoie aux jalons que sont P. Hamon, Introduction à l'analyse du descriptif, Paris, Hachette, 1981 ; D. P. Fowler, "Narrate and Describe : the Problem of Ekphrasis ", JRS, n°81, 1991, 25-35 ; J.-P. Aygon, Pictor in fabula. L'ecphrasis-descriptio dans les tragédies de Sénèque, Bruxelles,
Sous « la longue logique de l’histoire » : Les métaphores temporalisées
Études littéraires, 2002
Résumé La présente étude porte sur un texte de Marc Cholodenko, Bela Jai, qui est une fable sur le temps, l’histoire et la narration. Mettant en scène un personnage d’écrivain, Gaspadin Pissatiel, qui, d’un côté, est le « maître de la longue logique de l’histoire » et abat « les questions au fur que le temps avance irrésistiblement » et, de l’autre, souhaite composer « une histoire sans narration », ce « roman » semble à la fois réitérer et contester l’axiome de Ricoeur selon lequel « le récit est le gardien du temps ». Pour l’analyser, nous prendrons comme point de départ les conclusions de Temps et récit, dans lesquelles Ricoeur, constatant les limites de l’intrigue face au mystère de la temporalité, fait l’hypothèse que d’autres aspects du discours viennent relayer la narration lorsque celle-ci ne peut plus dire le temps : il songe alors à des « échanges » entre refiguration narrative et redescription lyrique (métaphore, louange et plainte). C’est bien à la faveur de tels échange...
« […] D’Un Temps Qui a Déjà Servi »
Protée, 2007
La Clepsydre (1973) de Wojciech Has est l’adaptation cinématographique de la nouvelle de Bruno Schulz Le Sanatorium au croque-mort (1934-1937). La nouvelle et le film racontent tous deux la même histoire, celle d’un homme prisonnier d’un univers stagnant et d’un temps indéfiniment réitéré. Cependant, l’imaginaire qu’évoque la nouvelle ainsi que celui qu’expose le film diffèrent à maints égards. Aux impressions de vide et de désillusion qu’exprime la nouvelle de Schulz, Has préfère l’excès de figures ruiniformes et l’exubérance baroque des espaces pléthoriques. Il marque du même coup le passage d’un sentiment de désenchantement à un sentiment du sublime et, ce faisant, d’un imaginaire « moderne » de l’évidement à un imaginaire « contemporain » du débordant.