Vasquez-Parra, Adeline, Aider les Acadiens ? Bienfaisance et déportation, 1755-1776 (Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2018), coll. « Études canadiennes/Canadian Studies », vol. 32, 201 p (original) (raw)

Les pèlerinages du Devoir en Acadie (1924 et 1927): un voyage intéressé et curieux pour les Canadiens français

2016

Les Canadiens ont plus d'ancêtres d'origine normande, au caractère plus rond, plus rude. Les Acadiens viennent du sud de la Loire où l'on est plus sensible, plus délicat peut-être et sans doute plus susceptible. En général, l'Acadien évitera toute rudesse de langage, toute indélicatesse de manières et tout ce qui pourrait faire mal. S'il est personnellement victime d'indélicatesse, il souffrira en silence. Les Canadiens peuvent s'engueuler, se marcher sur les pieds sans en souffrir, sans s'en apercevoir ou sans s'en souvenir. Une certaine suffisance arrogante de ces derniers, rencontrés dans les chantiers ou représentés par des commis-voyageurs a déplu aux Acadiens. Trop de Canadiens hâbleurs ont rendu les Acadiens méfiants. Ce sentiment existe encore quelque peu à l'état latent dans le peuple. RENÉ BAUDRY, Les Acadiens d'aujourd'hui : rapport de recherche préparé pour la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, 1966. Plus actif que passif, Bourassa se fit un point d'honneur, comme journaliste ou politicien, de prêcher ses idées partout au Canada et en Nouvelle-Angleterre. Il effectua très tôt des voyages dans l'Ouest canadien, puis en Ontario, en Acadie et en Nouvelle-Angleterre. En parcourant l'historiographie à son sujet, on se rend compte que partout où il passe, Bourassa est acclamé par les minorités francophones qu'il croise. Bien qu'il soit connu et accepté que Bourassa ait consacré de ses énergies à défendre les intérêts des Acadiens des Maritimes, les sources à ce sujet demeurent bien minces. En conséquence, la recherche à ce sujet est parcellaire, c'est-à-dire qu'elle est quasi exclusivement incluse parmi des études générales sur Bourassa et les Canadiens français ou Bourassa et le nationalisme, ou d'autres sur les relations entre les Québécois et les Acadiens. Pour pallier ce manque, je me propose donc d'étudier l'attitude du Devoir, un organe de presse nationaliste qui, sous la houlette de son directeur et fondateur, n'a eu de cesse de se faire le protecteur et le laudateur de la minorité acadienne des Maritimes. J'ai choisi, afin de circonscrire un peu mieux ce thème de recherche plutôt large, de consacrer cet essai aux tournées par train que Le Devoir a organisé en 1924 et 1927. Comme le journal a toujours étroitement épousé les vues de son directeur 5 , et que plusieurs journalistes, dont Louis Dupire et Omer Héroux, ont toujours soutenu les causes acadiennes, je parlerai, à moins de spécifier le contraire, indistinctement du Devoir et de Bourassa quand j'aborderai leurs attitudes à l'égard de cette minorité francophone et des relations qu'ils ont entretenues avec elle.