Restes biologiques dans les patines rituelles de la statuaire Dogon (MALI) (original) (raw)
2006, Premier colloque International de Pathographie, (La pathographie : une paléopathologie des célébrités - Perspectives historiques, archéologiques et médicales)
"La statuaire Dogon (Mali) est principalement constituée de statues anthropomorphes en bois, dont certaines sont antérieures au 14e siècle, et recouvertes d’une patine croûteuse. Celle-ci a été décrite par les ethnologues du 20e siècle comme étant un mélange de sang d’animaux sacrifiés et de bouillie de mil, appliqué sur l’objet lors de cérémonies rituelles. Cependant, aucune recherche scientifique n’a jamais été entreprise pour étudier la composition réelle de ces patines. Le but de notre étude, qui porte sur une quinzaine d’objets Dogon provenant des collections du musée du quai Branly (Paris), est la mise en place d’un protocole d’analyse spécifique de ces patines . Sur l’ensemble des statues étudiées, nous avons pu observer une grande diversité d’aspect à l’échelle macroscopique (épaisseur, réseaux de craquelures, couleur, …). Au niveau microscopique, les prélèvements que nous avons effectués sont des mélanges extrêmement complexes. L’acquisition de cartographies en microscopie infrarouge a permis la mise en évidence dans un même échantillon différentes familles de composés chimiques : protéines, lipides, polysaccharides et minéraux (kaolinite). L’analyse en microscopie électronique à balayage (MEB) a révélé la présence d’hématies sur des échantillons contenant une grande quantité de protéines. La préservation de telles structures biologiques sur des objets collectés en Afrique il y a plus de soixante-dix ans, confirme l’utilisation de sang pour la fabrication des patines de certains des objets étudiés."