Biographie de Jean Racine (original) (raw)

Civilité et honnêteté chez Racine

2018

Jean Racine (-) représente l'une des plus belles réussites littéraires et sociales au XVII e siècle. Auteur dramatique à succès dès , grâce à Andromaque, il va accumuler les honneurs : élu membre de l'Académie française en , nommé historiographe du roi en , membre de l'Académie des Inscriptions et Médailles depuis , il accède à la charge de Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi en , charge dont il obtiendra la survivance en faveur de son fils aîné. Belle carrière d'un homme de lettres devenu l'un des plus proches courtisans de Louis XIV, « prodigieux avancement social », diraient certains, qui continue de nous impressionner, compte tenu du fait que Racine était né dans une famille de la bourgeoisie moyenne de province et qu'il perdit ses deux parents dès l'âge de trois ans. Quelles furent les réactions de ses contemporains à l'égard de cet itinéraire exceptionnel ? À la mort de Racine, le marquis de Dangeau notait dans son Journal : Le pauvre Racine mourut à Paris. C'était un homme de mérite, et illustre par ses ouvrages. Il travaillait à l'histoire du Roi ; il était de l'Académie Française. Je n'ai jamais connu d'homme qui eût tant d'esprit que celui-là. Dans ses Mémoires, Saint-Simon, en exploitant son addition au Journal de Dangeau, Raymond Picard, « Racine et son étrange carrière » [ ], repris dans De Racine au Parthénon. Essais sur la littérature et l'art à l'âge classique, Gallimard, , p.. Cité par Raymond Picard, Nouveau Corpus racinianum. Recueil-inventaire des textes et documents du XVII e siècle concernant Jean Racine, édition cumulative, CNRS, , p. .

Rétif lecteur de Racine

1999

L'oeuvre de Racine reste au XVIIIe siècle un modèle de référence. Le jeune Voltaire compte sur ses tragédies, composées sur le modèle classique, pour se faire un nom dans la littérature. Rétif entretient avec l'héritage racinien un rapport ambigü, mêlé d'envie et de rejet pour ce père littéraire. Cet héritage est pourtant moins pesant que celui de Rousseau et de ses Confessions, par rapport auquel Rétif cherche à prendre ses distances pour donner à son autobiographie, Monsieur Nicolas, parue en 1797, une résonance radicalement neuve et originale dans le monde des lettres. Dans les deux cas se retrouve la question essentielle du père, dans l'oeuvre de cet autodidacte qui cherche en lui sa propre origine. Dans ces conditions, le recours à l'image peut être considéré comme une stratégie pour échapper à l'emprise trop prégnante des modèles.

Le Véritable saint Racine, d’après les Mémoires de son fils

Jean Racine, 1699-1999, 2004

Le « tendre Racine », at on dit depuis le milieu du XVIIIe siècle dans la plus parfaite équivoque sémantique. Non pas tendre Racine comme le disaient ses ennemis du temps de sa carrière théâtrale ou comme le reprendront certains auteurs de parallèles afin de l'opposer à l'héroïque Corneille, mais tendre Racine au sens positif, lorsque l'éloignement temporel par rapport à l'esthétique galante eut fait oublier le tendre Quinault devenu le mièvre et inconsistant Quinault. Tendre Racine en même temps lorsque, sous l'effet des controverses biographiques du XVIIIe siècle, s'est imposé le Racine bon père, bon époux, bon courtisan, fidèle ami et fervent chrétien-à l'opposé de la statue du « génie » qu'un autre XVIIIe siècle était parallèlement en train de fabriquer. Cette image-résultat d'un processus de déplacement du pathos du théâtre à l'ethos de l'auteur-a tenu durant un siècle et demi, jusqu'à ce que, entreprenant un déplacement du même ordre mais fondé sur des critères différents, des analyses critiques axées sur la « cruauté » de l'univers racinien aient fait estimer à la fin du XIXe siècle que l'homme Racine avait pu héberger dans sa propre conscience le contraire de l'image véhiculée durant des décennies, celle d'un cruel Racine : la « ménagerie » que semblait révéler l'univers racinien devait pouvoir s'expliquer par le fait que Racine était lui-même un « fauve ». Mais c'est une autre histoire. Pour en revenir au passage du tendre Racine des oeuvres théâtrales à l'homme tendre-correspondant à un déplacement du public au privé qu'a étudié Dinah Ribard 1-, il fut essentiellement le résultat de l'entreprise de Louis Racine, son fils cadet, auteur en 1747 de Mémoires contenant quelques particularités sur la vie et les ouvrages de Jean Racine 2. Dès l'ouverture de cet ouvrage, adressé à son propre fils, Louis Racine faisait ainsi valoir sur quel plan particulier il fallait se placer pour interpréter correctement la fameuse tendresse racinienne : Oui, mon fils, il était né tendre, et vous l'entendrez assez dire ; mais il fut tendre pour Dieu lorsqu'il revint à lui ; et du jour qu'il revint à ceux qui dans son enfance lui avaient appris à le connaître, il le fut pour eux sans réserve ; il le fut pour ce Roi dont il avait tant de plaisir à écrire l'Histoire ; il le fut toute sa vie pour ses amis ; il le fut depuis son mariage et jusqu'à la fin de ses jours pour sa femme, et pour tous ses enfants sans prédilection : il l'était pour moi-même, qui ne faisais guère que de naître quand il mourut, et à qui ma mémoire ne peut rappeler que ses caresses. On voit que ce n'est pas la tendresse en soi qui est l'essentiel ; c'est le fait que la tendresse de l'homme fut une caractéristique plus haute que le génie de l'auteur. Une 1 Dans une communication prononcée à Oxford en avril 1999 et publiée seulement en 2005, bien après la rédaction du présent texte : « Racine sans théâtre : le travail biographique dans les Mémoires sur la vie de Jean Racine », [in] La Réception de Racine à l'âge classique : de la scène au monument, études présentées par Nicholas Cronk et

Luc Racine (1943-2008)

Recherches sociographiques, 2008

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Portrait de l’artiste en astronaute. Un entretien avec Rober Racine

2018

A-L. P. Une exposition, comme celle que vous présentiez récemment au Musée d'art contemporain des Laurentides (MACL), n'arrive pas sans antécédents. Intitulée Le cycle des méditations 1 , celle-ci participe de votre parcours littéraire et artistique amorcé depuis les années 1990. Plusieurs de vos romans parus jusqu'à ce jour font référence à la conquête de l'espace. Je pense par exemple à L'ombre de la Terre, paru en 2002. Mais il y a aussi, dix ans plus tard, Le cycle lunaire, une série de trois expositions débutée en 2012 et présentée aux galeries Roger Bellemare/Christian Lambert (Montréal) et dont nous avons pu voir le dernier épisode, intitulé Là-haut, au loin, dans la nuit, la Terre brille sur elle-même, au printemps 2017. Pourquoi cette fascination pour l'au-delà et l'aventure spatiale ? R. R. Enfant, j'aimais jouer avec les insectes, les mouches en particulier. Je pouvais les endormir et les réveiller. J'avais un esprit de recherche, d'expérience plus ou moins scientifique. J'aimais être dehors, explorer et observer la nature. Derrière notre maison, il y avait des champs à perte de vue. J'ai été tous les insectes, les merles et les carouges, toutes les herbes, les ciels et la terre. Tout cela a été mon premier livre de lecture. La plupart des voisins avaient une piscine, alors j'ai été tous les astronautes marchant dans l'espace, faisant la grimace à la gravité terrestre. Je bougeais sous l'eau dans un semblant d'apesanteur merveilleux. Le bonheur. Je suivais avec passion tous les voyages des missions spatiales que je refaisais avec mes mouches. J'observais le ciel, de jour et de nuit, en me demandant comment

L’ombre de Roscius. Racine lecteur de Cicéron et de Quintilien

Racine, revue Europe , 2020

Le nom du comédien Roscius figure de la main de Racine dans les marges de plusieurs exemplaires issus de sa bibliothèque – un Plutarque, et surtout trois Cicéron. Quelle espèce de fascination ce nom a-t-il causé pour être ainsi reporté plusieurs fois ? Mais qui, du comédien ou de l’orateur, intéresse alors Racine ? L’étude illustre l’intérêt des traces de lecture, en s’attachant aux détails matériels de l’écriture : graphie, place des annotations face au texte, soulignements du texte manuscrit ou imprimé. La diversité des graphies – notamment celle du R majuscule, initiale que le comédien et le poète ont en commun – laisse reconstruire une diachronie que confirment d’autres témoins, tels que les manuscrits de jeunesse, copiés à Port-Royal, ou la correspondance. Une fois réuni avec précision, le corpus des annotations peut être relu en regard du texte de Cicéron. C’est alors l’intérêt des conceptions de Roscius pour la bienséance qui apparaît.

Quelles représentations du corps violenté chez Racine

2014

Lorsque le 20 juin 1664 Racine (1639-1699) fait jouer sa première tragédie, La Thébaïde, le siècle est entré depuis un certain temps déjà dans la période que l'on nommera classique. Les règles d'or de la tragédie ont été discutées et mises en place entre 1630 et 1640, La Mesnardière a publié sa Poétique en 1640, Corneille ses trois discours en 1660 1 , dix ans plus tard, en 1674, Boileau écrira dans son Art poétique : Ce qu'on ne doit point voir, qu'un récit nous l'expose : Les yeux en le voyant saisiront mieux la chose ; Mais il est des objets que l'art judicieux Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux 2 illustrant ainsi, plus que théorisant, ce qu'a accompli la tragédie classique. Qu'on songe seulement au récit de Théramène relatant la mort d'Hippolyte, Athalie, revivant en rêve la mort de sa mère. Les exemples, chez Racine, sont nombreux de cette violence racontée et non mise en scène. Pourtant le début du siècle ne s'était pas privé d'offrir à la scène des spectacles sanglants. Sans compter les mutilations multiples chez Shakespeare-citons entre autres Titus Andronicus ou King Lear,-en France, Hardy s'en était fait le champion, et Rotrou lui-même, bien qu'édulcorant ses sources et ses propos, ne rechigne pas à une certaine violence, dans les mots et dans les actes. Chez Racine, les actes violents, s'ils sont présents « derrière la tapisserie », ont clairement délaissé l'espace scénique et, si l'impression de violence persiste, elle plutôt évoquée que clairement et distinctement exprimée.

Racines de la Rébellion

New Covenant Publications International Ltd, 2020

Le texte, Racines de la Rébellion, pousse dans le sol fertile du mécontentement profond, de l'autodétermination et de la lutte insatiable pour la liberté. Enracinée dans le choc de deux anciens royaumes et se déroulant dans les épicentres spirituels du monde, l'intrigue de ce livre déclare l'hostilité virulente et intraitable contre la vérité ; donnant naissance aux séquelles assiégées de la tyrannie et de la révolution et aux flambées d'hostilité et de persécution, qui produisent toutes le fruit amer de l'anarchie. Le mystère de la rébellion domine les sièges des gouvernements et fait rage également dans le cœur de l'humanité. S'épanouissant dans une subversion passionnée et intrépide, ils construisent et établissent les instruments de la rébellion, un ordre de chaos et de coercition, exigeant une conformité et une coopération universelles. En éclairant efficacement les fondements secrets du gouvernement mondial unique et de l'impérialisme hégémonique, le lecteur est armé pour déterrer et contrer le plus grand canular de tous les temps. ....