Reste cette nuit (original) (raw)
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Revue Hémisphères, 2017
L'obscurité représente alors un territoire inconnu des chercheurs et des politiques. Il s'agit d'une terra incognita, une terre vierge sur laquelle nous ne possédions pratiquement aucune données. La nuit est un espace en friche et peu peuplé. Sa population est majoritairement masculine et plutôt jeune. Sa conquête progressive génère des tensions dans les villes, entre les populations qui dorment, celles travaillent et celles qui se divertissent.
1998
Ne nous enlevez pas la nuit Bertrand Bergeron à Hélène Rioux 'aussi loin que je me souvienne me revient cette impression, dérangeante comme un réel, le seul auquel on aurait accès, comme si je me vivais en retard ou plutôt comme si je regardais, en spectatrice impuissante, se dérouler ma vie à côté de moi, à la manière d'une voyeure tout aussi étonnée par la chose qu'intéressée dans sa trame. Et peut-être est-ce à cause de cet aspect « à côté de ma vie » que Martin me rassurait à ce point, si petit fragile et là, tout près de sa mère, à côté de moi dans un lit à Montréal ou à La Havane ou bien, comme maintenant, à Paris, au milieu des ombres habitées de la nuit, et lui qui dort, la bouche ouverte, sûr du monde et de la vie puisque sa mère, puisque moi aussi je dors, mais à quel moment dort-on vraiment? Car s'il est un don que j'envie chez les autres, c'est bien de parvenir à cette certitude quant à la frontière étanche qui sépare la veille du sommeil et fonde les garanties mêmes de l'avenir et du lendemain, moi qui ai bien dû m'accoutumer à rester étrangère à des oppositions aussi nettes, franches, la veille et le sommeil, ce qui existe et ce qu'on imagine, sans compter tout le reste qui semble si évident pour les autres, mais me demande des calculs à n'en plus finir simplement pour passer pour une des leurs, une citoyenne de la vie normale, celle-là même qui rassure Martin, semble-t-il, puisqu'il dort là, à mes côtés. Si bien qu'en pareilles circonstances, forcée de décider si ce que je ressens, ce que je vis appartient au réel ou à l'imaginaire, à la veille ou au rêve, semblable assurance, non, vraiment, c'est au-dessus de mes forces, de mes prétentions, de la toute petite fenêtre par laquelle ta
Revue Esprit, 2014
La ville contemporaine revoit ses nycthémères et toute la société est bouleversée. Depuis le début des années 90, on assiste à une colonisation progressive des nuits urbaines par les activités économiques qui redessine de nouveaux territoires et de nouvelles territorialités. D'autres populations, d'autres points de convergence, d'autres limites et d'autres frontières se dessinent dans les nuits urbaines territoires d'investigation, de créativité et d'expérimentation à habiter.
Les cahiers de médiologie, 1996
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Revue Projet
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Choisir, 2017
L'alternance des jours et des nuits a longtemps conditionné l'activité humaine urbaine. Mais les temps changent. Il y a désormais une vie après le jour dans nos agglomérations, pour le meilleur et pour le pire. Et un nouveau territoire à explorer et à gérer pour nos collectivités publiques. Il y a peu, la nuit urbaine, symbolisée par le couvre-feu, était encore le temps de l'obscurité, du sommeil et du repos social. Elle inspirait les poètes et les artistes en quête de liberté, servait de refuge aux malfaiteurs et inquiétait le pouvoir qui cherchait à la contrôler. Espace-temps peu investi par l'activité humaine, elle intéressait peu les chercheurs, les édiles et les techniciens, qui ont longtemps pensé et géré la ville comme une entité fonctionnant seulement 16 heures sur 24. Un drôle de déni, confirmé par le fait que dans de nombreuses langues, le mot nuit apparaît comme une négation des huit heures : non-huit, no-eight, nein-acht... Mais d'autres populations, d'autres points de convergence, d'autres limites et d'autres frontières se dessinent désormais dans la ville, qui devient un territoire d'investigation, de créativité et d'expérimentation.