Étude de l'évolution de la position du trait de côte, approche par segmentation et apport des SIG pour combiner les informations sur le littoral : exemple de deux secteurs du Cotentin aux dynamiques différentes (original) (raw)
I.2. Des problématiques nombreuses qui s'accentuent : de l'aléa côtier au risque Depuis quelques années, du fait de plusieurs catastrophes littorales (tempête Xynthia en 2010, tsunamis, mouvements de terrain) et des nombreuses études sur les changements climatiques, on peut observer une prise en compte croissante par la population des problématiques littorales. Ainsi, les aléas côtiers, à la fois le recul du trait de côte et la submersion marine, sont des phénomènes connus. Cependant, tout n'est pas fait pour les diminuer, et partout on peut observer des aménagements qui ne respectent pas les précautions de base. Les problématiques littorales sont de plus en plus traitées par les collectivités territoriales (communes, Communautés de Communes et Communauté d'Agglomération) et les services de l'Etat (Pôle gestion du littoral des Directions Départementales des Territoires et de la Mer). D'autres organismes jouent un rôle important dans le domaine du littoral, à la fois pour la compréhension, la prévention et la préservation. On retrouve notamment le Conservatoire du littoral (créé en 1975), qui existe à l'échelle nationale, et le Réseau d'Observation du Littoral de Normandie et des Hauts de France (ROL). Des lois pour la préservation du littoral et pour limiter les aléas côtiers ont été décidées, parmi lesquelles le Rapport Picard de 1973 et la Loi Littoral de 1986. Cette Loi Littoral « vise à une protection plus globale du littoral grâce à plusieurs moyens », elle met en place « un certain nombre de contraintes dans l'élaboration des Plans Locaux d'Urbanisme (PLU) des communes littorales » (Baud et al, 2013). Les Plans de Prévention des Risques Littoraux (PPRL) sont réalisés par la Préfecture et entrent en vigueur dans les communes les plus soumises aux aléas côtiers. Avant de vouloir lutter à tout prix contre ces phénomènes, il est nécessaire de comprendre les processus qui régissent le littoral. C'est là le travail des chercheurs, des organismes et des services en charge du littoral. Il importe que les décideurs aient les meilleures clés en main pour avoir la meilleure gestion possible. En effet, l'incertitude scientifique provoque l'incertitude politique. I.2.1. Les aléas côtiers Les aléas côtiers sont des éléments incontournables des études sur les littoraux. Ce sont à la fois l'érosion du littoral et la submersion marine. L'érosion du littoral évoque le recul du trait de côte vers l'intérieur des terres. Il y a différentes formes d'érosion, parmi lesquelles on peut distinguer les processus de météorisation mécaniques et physico-chimiques. Cette érosion n'a pas la même forme selon la nature du trait de côte. Pour une forme d'ablation (falaises), l'érosion se traduit par le recul du front rocheux et souvent par des chutes de blocs. Pour les formes d'accumulation (plages, dunes), l'érosion fait intervenir la notion de budget sédimentaire (ou prisme sédimentaire), c'est-à-dire le volume d'entrées et de sorties de sédiments dans le système hydrosédimentaire local pendant un temps donné (Paskoff et Clus-Auby, 2007). Si ce prisme sédimentaire est positif, c'est-à-dire s'il y a plus d'entrées que de sorties, on parle d'accumulation ou d'accrétion. Si le prisme est nul, c'est-à-dire s'il y a autant d'entrées que de sorties, le littoral est stable. Enfin, si le prisme sédimentaire est négatif, c'est-à-dire s'il y a plus de sorties que d'entrées, le littoral est en érosion. I.3.2.4 Le trait de côte Le trait de côte est une notion centrale pour l'étude des littoraux, cependant il s'agit d'un terme imprécis, parfois controversé et qui fait l'objet de nombreuses définitions. Sa définition principale est qu'il s'agit de la « limite entre la mer et la terre » (MEDDE). Plus précisément, il s'agit de la « ligne d'intersection de la surface topographique avec le niveau des plus hautes mers astronomiques » (SHOM). Il correspond à la « laisse des plus hautes mers dans le cas d'une marée astronomique de coefficient 120 et dans des conditions météorologiques normales » (SHOM). Ces deux définitions émanent de points de vue océanographiques et ne correspondent pas forcément au point de vue de tous, le littoral étant à l'interface des sphères. Ainsi, de nombreux indicateurs peuvent exister, à partir de la limite de végétation, de différences d'altitude ou encore des limites de sables, de galets ou de falaises. Cependant, comme évoqué précédemment, les littoraux sont très variables et il est difficile, voire impossible, de trouver un trait de côte universel qui pourrait correspondre à tous les types de côte. Cette notion de trait de côte fera l'objet d'une partie spécifique (cf. 1.3.1 Les traits de côte : des longs cordons dunaires, des tronçons végétalisés et des traits de côte artificialisés, p. 66) où la variabilité des natures de traits de côte et des indicateurs sera abordée. D'autres notions existent et sont parfois préférées à la notion de trait de côte qui apporte l'idée d'un trait fixe. Pour le BRGM, « il convient d'aborder la notion plus générale de frange ou de bande côtière qui s'étend du domaine marin au domaine continental, au sein de laquelle un ou plusieurs indicateurs géomorphologiques sont définis selon les types de côte » (BRGM, 2012). En fonction de l'emprise spatiale (largeur et partie terrestre et/ou maritime) et l'intégration de plus ou moins d'éléments, les notions sont nombreuses. On peut par exemple parler de côte, de rivage, de domaine côtier, de trait de côte, de bande côtière, de littoral ou encore d'espace littoral, arrière-littoral et d'hinterland. Selon les acteurs et les informations étudiées, les termes diffèrent. C'est pourquoi il est nécessaire de bien les définir au préalable.