De la révolution au travail humanitaire. Reconversions de militants syriens exilés au Liban (original) (raw)
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Cet article propose une lecture de l’actuelle contestation syrienne à partir du point de vue des Palestiniens de Syrie. Cette communauté d’un demi-million d’individus a intégré la « révolution » syrienne et cela à partir de ses propres subjectivités et attentes. Cette étude vise, d’une part, à approfondir notre connaissance des « répertoires d’actions » et des « pratiques de résistance individuelles » adoptées au cours de la contestation syrienne face aux contraintes imposées aux contestataires par la répression du régime. D’autre part il montre comment cette communauté de réfugiés a réagi face à la crise qui traverse son pays hôte et comment la « révolution » est devenue le théâtre pour l’expression non seulement des quêtes de liberté et dignité du peuple syrien, mais aussi des revendications proprement palestiniennes s’inscrivant dans un contexte national marqué par le mécontentement généralisé des réfugiés vis-à-vis de leur leadership politique.
RIPC, 2018
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Revue Internationale de Politique comparée , 2018
Récusant les explications qui suggèrent une obéissance unanime de la part des combattants du Hezbollah libanais face à la décision du parti de participer au combat armé en Syrie, cet article veut mettre en évidence la diversité des parcours combattants au parti. Pour cela, il analyse d’une part la diversité des positionnements militants face à cette décision, et d’autre part les (ré-)enchantements et les désenchantements que ces combattants associent à l’engagement armé en Syrie. L’approche ethnographique en cours de guerre, et d’autant plus quand elle est de longue durée, permet d’éviter le piège du « consentement aveugle » et révèle les fluctuations dans ces engagements et les adaptations continuelles que ces combattants font entre l’idéel et la réalité de la guerre. ENGLISH This article challenges analyses suggesting that Lebanese Hezbollah fighters unanimously obey the party’s decision to take part in the armed combat in Syria. It instead reveals the diversity of the paths taken by fighters within the party. To do so, it examines, on the one hand, the diversity of the activists’ stances vis-à-vis this decision and, on the other hand, the (re-)enchantments and disenchantments that these fighters associate with armed involvement in Syria. An ethnographic approach during times of war, especially when this war lasts a long time, allows one to avoid the pitfall of “blind consent” and reveals fluctuations in the fighters’ commitment as well as the continuous adaptations that they make between their ideals and wartime reality.
Les réfugiés syriens au Liban : entre l'approche humanitaire et les divisions politiques
2012
11 « Mikati préside une réunion consacrée à la situation humanitaire des réfugiés syriens », L'Orient-Le Jour, 28 février 2012 12 « Les réfugiés syriens entre le HCR et la situation au Nord » par Ghassan Rifi, As-Safir, 4 janvier 2012 13 As-Safir, 20 mars 2012. 14 Voir à ce sujet notre étude : La situation des réfugiés et travailleurs syriens au Liban…, op. cit. Il convient de noter que le nord du Liban est une région politiquement favorable à l'opposition syrienne et où les liens économiques et familiaux sont nombreux avec la Syrie.
Crise et déradicalisation : les rebelles syriens d’Ahrar al-Sham
2015
Principale faction rebelle syrienne, Ahrar al-Sham est fondé début 2012 par des militants jihadistes libérés l’année précédente de la prison de Seydnaya. D’emblée, le mouvement engage une dynamique de déradicalisation qui le différencie d’al-Qaeda et de l’État Islamique d’Irak dans sa relation au reste de l’opposition, aux États régionaux, et aux objectifs du soulèvement de 2011. Cette déradicalisation ne s’est pas opérée en dépit de la guerre civile mais, à l’inverse, à cause de cette dernière. Confrontés au phénomène inédit d’une large mobilisation populaire armée, les fondateurs d’Ahrar al-Sham opèrent une révision critique de l’avant-gardisme jihadiste et se rallient à une lutte définie comme une révolution syrienne plutôt que comme une simple étape du jihad global. Combinée à un partenariat étroit avec la Turquie et le Qatar, cette mise à distance de l’internationale jihadiste, confortera la dynamique de déradicalisation du mouvement.
Critique internationale, 2018
Issu de la mouvance jihadiste, le groupe rebelle syrien Ahrar al-Sham a opéré depuis sa création en 2011 un mouvement de déradicalisation idéologique. Cette mue, parachevée en 2017 avec l’adoption officielle du drapeau national syrien, a vu Ahrar al-Sham embrasser une posture « révisionniste » qui l’a graduellement éloigné des factions les plus radicales et rapproché du mainstream révolutionnaire. Cette trajectoire peut être lue à la lumière de facteurs contextuels, en l’occurrence l’influence des États sponsors de l’insurrection syrienne et l’émergence en 2011 d’un projet de révolution populaire opposant une alternative idéologique crédible au projet jihadiste. Toutefois, la réponse d’Ahrar al-Sham à ces stimuli externes ne peut se comprendre qu’à travers ses ressorts organisationnels, c’est-à-dire un sevrage précoce vis-à-vis des réseaux jihadistes transnationaux et la mise en place d’une structure décisionnelle collégiale qui a permis la consolidation de l’aile réformiste du groupe aux dépens de sa rivale doctrinaire. Cette étude d’un processus de déradicalisation en temps de guerre civile entend enrichir la réflexion sur les dynamiques de modération des groupes islamistes, essentiellement étudiées jusqu’ici dans des contextes de paix ou d’adieux aux armes. Elle contribue également à une prise en compte des mécanismes de transformation idéologique des groupes armés non-étatiques, une question largement délaissée par les travaux théoriques sur les guerres civiles.
Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 2015
L’exil des réfugiés syriens au Liban permet de produire une ethnographie des souffrances. Si la recherche sur le Moyen‐Orient s’intéresse depuis longtemps aux réfugiés, leurs souffrances sont étudiées indirectement en termes de mémoire. Au présent, elles sont principalement l’objet d’une gestion humanitaire et psychologique qui ne laisse aucune place à ses aspects sociaux. Étudier la souffrance sociale révèle les présupposés modernes et séculiers de l’approche traumatique qui réduit la souffrance à une expérience individuelle et passive. Pourtant, la dimension collective et/ou religieuse dans laquelle les réfugiés inscrivent leurs souffrances leur permet de la vivre activement. Cette conception offre les conditions de possibilité pour le sacrifice de soi en politique. Ainsi, l’étude de la souffrance nous permet d’élargir notre compréhension des relations entre religieux et politique au cœur de l’engagement.