Sémiologie, syndromes aphasiques et examen clinique des aphasies (original) (raw)
L'aphasie peut affecter la production du langage oral, du langage écrit, ou bien les deux à la fois ; elle peut aussi affecter la compréhension du langage oral et/ou écrit mais, le plus souvent, elle touche à la fois la compréhension et la production du langage dans à la fois la modalité auditive (langage oral) et visuelle (langage écrit). Toutefois, comme on va le voir, plusieurs types d'aphasie peuvent être distingués au sein desquels l'une ou l'autre de ces modalités est compromise de manière prépondérante. Dans certains cas plus rares, une fonction linguistique spécifique-l'articulation, l'écriture, la lecture ou la compréhension auditiveest affectée de manière isolée. Avant de décrire de manière détaillée les différents signes et syndromes aphasiques, il importe de souligner qu'il ne faut pas considérer comme signalant une aphasie certains troubles, même sévères, de la communication verbale. Premièrement, l'aphasie ne doit pas être confondue avec les désordres de l'articulation d'origine neuromusculaire (« dysarthries » ; cf. Infra), dans lesquels les difficultés d'élocution ne constituent qu'un aspect particulier du désordre moteur. Deuxièmement, des patients avec mutisme, donc tout à fait silencieux, ne sont pas nécessairement aphasiques, bien qu'ils puissent l'être dans certains cas. Le mutisme peut être la conséquence d'états psychotiques, d'une avolition ou d'une indifférence à l'environnement. Troisièmement, des désordres de la communication verbale peuvent apparaître dans les états altérés de conscience. Un état confusionnel (dû à des désordres métaboliques, des intoxications, tumeurs ou traumas) peut ainsi s'accompagner d'anomalies ou de difficultés de production et de compréhension du langage, mais ces difficultés sont la conséquence d'un niveau d'éveil insuffisant ou d'une pensée désorganisée, et non d'une atteinte de la fonction linguistique elle-même (Damasio, 1988). SÉMIOLOGIE DES APHASIES Une des premières tâches du thérapeute consiste à dresser l'inventaire le plus exhaustif possible des troubles du langage présents chez le patient dont il entame la prise en charge (Lecours & Lhermitte, 1979). Les troubles du langage observables dans le cadre d'une aphasie recouvrent des situations pathologiques et des expressions sémiologiques très variées. Le descriptif sémiologique peut varier chez un même patient et au même moment de l'évolution de la maladie. Certains facteurs tels que l'état de fatigue et diverses variables affectives (stress, dépression, etc.) peuvent modifier la qualité des performances verbales. Dans le même sens, il est classique d'observer le phénomène de « dissociation automatico-volontaire » (ou principe de Baillarger-Jackson) selon lequel des comportements verbaux particulièrement automatisés, caractérisés par leur fréquence d'emploi élevée, résistent mieux à la maladie et peuvent apparaître parfaitement conservés dans certaines conditions. C'est le