De l'esprit des lois à l'émotion judiciaire (original) (raw)

2000, HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe)

La traduction juridique est plurielle à la mesure de la diversité des discours de nature juridique. De l'objectivité recherchée du texte de loi à la subjectivité totale de la lettre versée à un dossier d'instruction, il existe de nombreux types de textes qui servent des objectifs différents, qui s'inscrivent dans des situations de communication très diverses et qui, de ce fait, appellent des stratégies de traduction différenciées. Si le texte législatif ou réglementaire, ou encore le contrat, se prête à une approche contrastive mettant en correspondance des stéréotypes, pour tenter de susciter une lecture identique dans les différentes langues (cas de l'Union européenne, par exemple), la demande d'asile politique ou de droit de visite d'enfants légitimes en cas de divorce, de même que toute déposition dans des affaires judiciaires, justifie une démarche interprétative/adaptative de nature à déclencher chez le lecteur-utilisateur de la traduction la réaction voulue. Dans le premier cas, la fidélité est à l'émission ; dans le second, la fidélité est à la réception. Le traducteur est ainsi conduit à mettre en oeuvre une méthodologie répondant à des paradigmes théoriques opposés. Au texte objectif convient la théorie linguistique de la traduction avec la démarche comparatiste qu'elle suscite et la recherche de correspondances notionnelles proprement dénotatives. En revanche, la théorie interprétative/adaptative de la traduction offre une approche efficace du texte subjectif avec une démarche applicative orientée vers une réécriture visant à produire des équivalences émotionnelles. Finalement, le domaine juridique est peut-être un des rares champs d'application de la traduction où peuvent coexister des approches fondées sur des axes théoriques contradictoires.