Une approche cognitive du régionalisme. Identités régionales, territoires, mouvements sociaux en Bretagne, Écosse et Galice dans les années 1970 (original) (raw)

2011

Le fil conducteur de cette thèse est que la région peut être analysée comme un outil cognitif permettant d’aborder les questions sociales sur une base territoriale, c’est-à-dire comme une ressource avant d’être une donnée ou un projet. La deuxième proposition qui structure le texte est que la région est une construction polycentrée, que les acteurs régionalistes et régionalisants sont bien plus divers qu’on ne le perçoit généralement, et qu’on ne peut comprendre la densité sociale, identitaire, cognitive d’une région sans analyser ces acteurs et reconnaître leur rôle régional. Pour tester et étayer ces deux hypothèses, la démonstration suit un parcours à la fois historique et théorique en se concentrant sur trois régions « à forte identité », la Bretagne, l’Écosse et la Galice, et en se focalisant sur les années 1970, qui marquent un réinvestissement de la question régionale en Europe occidentale. Pour poser la comparaison il s’est tout d’abord agit d’analyser la structure des opportunités idéologiques dans les trois régions par le biais d’une approche socio-historique. Dans un deuxième temps, la thèse étudie les mouvements sociaux des années 1968 et 1972 comme des chocs cognitifs, qui ont notamment permis la contestation de la doxa nationale et l’émergence d’un cadre de l’injustice régionale. Enfin, la démonstration se focalise sur six acteurs de la gauche non-régionaliste (CFDT et PSU en Bretagne, CCOO et PCG en Galice et STUC et CPGB en Écosse) en mettant en évidence leur rôle dans la construction sociale du territoire régional, notamment du fait de leur utilisation de la région comme outil cognitif, qui permet une territorialisation de leur analyse politique. The theme of this thesis is that the region can be analyzed as a cognitive tool for addressing social issues on a territorial basis, that is to say as a resource as much as a given or a project. The second proposal that structures the text is that the region is a polycentric construction, that the regionalist and regionalizing actors are more diverse than is generally perceived, and that one cannot understand the social, identity, and cognitive density of a region without analyzing these actors and recognizing their regional role. To test and support these two hypotheses, the demonstration follows an approach both historical and theoretical focusing on three regions with a “strong identity”, Brittany, Scotland and Galicia, and concentrating on the 1970s, which are characterized by a reinvestment of the regional question in Western Europe. To lay the foundations for the comparison, the first step is the analysis of the ideological opportunities structure in the three regions through a socio-historical approach. The thesis then examines the social movements of the years 1968 and 1972 as a cognitive shock, which have enabled the challenge of the national doxa and the emergence of a master frame of regional injustice. The demonstration finally focuses on six non-regionalist left-wing organisations (PSU and CFDT in Brittany, CCOO and PCG in Galicia, and STUC and CPGB in Scotland), highlighting their role in the social construction of the regional territory, especially through their use of the region as a cognitive tool, which enables them to territorialize their political analysis.