Les Eaux supérieures dans l’art monumental du Moyen Âge ». Synthèse critique. (original) (raw)
2012, L’eau à l’époque romane. Revue d’Auvergne, 604, 2012, p. 51-72.
Résumé Les Pères de l’Église et les théologiens médiévaux interprétèrent généralement les Eaux supérieures de manière littérale, mais parfois aussi de manière allégorique – ce qui n’a pas manqué de provoquer de vifs débats entre eux. Quant à leurs représentations peintes, elles divergent fortement selon qu’elles figurent dans un manuscrit ou dans la peinture monumentale : si l’abstraction domine dans la première catégorie, c’est plutôt l’inverse dans la seconde. En effet, dans la fresque, les eaux célestes sont figurées à l’image des eaux terrestres, à l’aide du vocabulaire conventionnel du monde marin.. Le fait que certains motifs d’origine romaine aient été transformés par les artistes en fonction des canons médiévaux, n’a évidemment aucune influence sur l’identification des scènes marines. Malgré cette évidence, certaines représentations des Eaux supérieures ont été interprétées récemment comme des évocations des Eaux inférieures sur base de références textuelles et iconographiques à première vue convaincantes. Le présent article démontre toutefois qu’à l’analyse, ces arguments ne peuvent être retenus et que l’ interprétation traditionnelle de nos scènes s’impose naturellement. Abstract The Church Fathers and medieval theologians generally interpreted the Waters of the Heavens in a literal way, but sometimes allegorically as well, something which never failed to provoke lively controversy With regard to their representations in the visual arts, there is a considerable difference between the ways they are shown in manuscript and in wall painting. The Heavenly waters are usually represented abstractly in book painting, and much more concretely in wall painting. In effect in fresco the Heavenly Waters are figured by the image of terrestrial waters largely by the visual vocabulary of the ocean world. The fact that certain motifs of Romanesque origin have been transformed by medieval artists according to the patterns of medieval canons did not seem to have influenced these marine scenes.. . In spite of this evidence, certain representations of the Heavenly Waters have recently been misinterpreted as evoking the lower waters or those of a “sea hell” on the basis of textual and iconographic references at first sight convincing. The present article demonstrates that under further analysis these arguments cannot be supported and that the traditional interpretation of these scenes follows naturally.