Colloque "Langue et droit" (19, 20 et 21 novembre 2014) (original) (raw)

La relation langue / droit (ou droit / langue) ne semble pas avoir bénéficié, de la part des juristes tunisiens, et encore moins de la part des linguistes, d’une analyse d’ensemble. Les développements que d’aucuns ont consacré à la question se rapportent essentiellement au problème de la « contrariété entre les séquences », arabe et française, dans le droit tunisien (Mahfoudh, 2004). S’inscrivant dans le troisième axe du colloque de Tozeur 2014 (circulation et appropriation des discours), la présente contribution interroge cette problématique centrale du rapport langue / droit sous l’angle didactique. En fait, en didactique du français langue étrangère, l’appellation « français juridique » fait partie des langues de spécialité (LSP) ou du français sur objectifs spécifiques (FOS) ou encore du français langue professionnelle (FLP), selon que la formation dispensée s’appuie sur un matériel pédagogique conçu a priori ou bien sur un matériel spécifiquement élaboré en fonction d’un public ciblé (Mourlhon-Dallies, 2008). En milieu universitaire tunisien, il existe deux types d’enseignement du « français juridique », conçus comme unités optionnelles programmées dans les cursus académiques, l’un destiné aux futurs juristes (facultés de droit) et l’autre aux futurs enseignants de français (faculté des lettres et instituts de langues). Au-delà de la polémique sur le profil de l’enseignant-formateur (juriste ou linguiste ?), et partant de notre expérience de l’enseignement du français de spécialité à l’université tunisienne (Msalmi, 2014), nous pensons qu’un cours de « français juridique », est avant tout un cours de langue et non un cours de droit. Or, pour donner des propositions didactiques appropriées, l’élaboration de ce type de cours pourrait s’inspirer du concept de langue-culture (Galisson, 1994) pour étudier le système linguistique (Gonzalez Rey, 2009) et culturel (Damette 2007), relatif à l’usage particulier de la langue en question (le français) dans un domaine de référence ou de spécialité (le droit dans notre cas) et caractérisé par un vocabulaire, une syntaxe, un discours et une culture propres aux activités professionnelles qui en découlent. Dans le cadre de notre contribution, nous partons donc, dans un premier temps, par une délimitation du champ de recherche et nous précisons, par la suite, le contexte de l’étude. Dans une deuxième partie, nous effectuerons une analyse en termes d’approches morphologiques, sémantiques et discursives d’un ensemble de textes représentatifs du droit tunisien et disponibles sur le portail électronique www.jurisitetunisie.com, selon que nous nous attachons au vocabulaire juridique, au discours spécialisés en droit ou aux interactions professionnelles en français dans ce domaine de référence. Outre ces contenus utilitaires, nous nous intéressons également à la dimension culturelle voire interculturelle du « français juridique », une approche qui nous parait complémentaire du traitement purement linguistique de la question. Dans une troisième et dernière partie, nous proposons des réponses contextualisées, sous forme de référentiels de formations et de séquences didactiques, directement utilisables dans les cours de « français juridique », en réponse aux attentes des deux types de publics d’étudiants tunisiens concernés. Mots clés: Culture, Didactique, Droit, « Français juridique », Jurisite Tunisie, Langue de spécialité.