Les salles de consommation à moindre risque : un déplacement des frontières entre normaux et stigmatisés ? (original) (raw)
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2015
LA TERRASSE, VERSION 2014 Sous mandat de la Ville de Lausanne, un groupe de travail constitué de plusieurs institutions spécialisées dans la prise en charge des dépendances aux substances psychotropes1 a émis à l’automne 2011 un certain nombre de propositions relatives au développement d’un nouvel espace d’accueil destiné aux personnes socialement marginalisées touchées par l’abus de substances. La possibilité d’y tolérer la consommation d’alcool était au cœur des recommandations. Elle reposait, d’une part, sur la nécessité de compléter le dispositif socio-sanitaire lausannois par une offre permettant d’abaisser son seuil d’accès et de favoriser un lieu de rassemblement alternatif à la rue ; et, d’autre part, sur la nécessité de développer des prestations en matière de réduction des risques pour une population particulièrement touchée par l’alcoolo-dépendance ou par la consommation à risque (Labhart 2010) et peu desservie par l’offre existante. C’est dans ce cadre que la Terrasse, h...
Cette communication se propose d’étudier le rapport qu’entretiennent des personnes en demande d’asile au motif de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre aux établissements commerciaux LGBT+ (bars, boîtes, saunas) parisiens. Quelle accessibilité pour cette population à ces lieux ? Quelles pratiques en sont faites ? Pour répondre à ces questions, je m’appuierai sur une série d’entretiens réalisés avec des demandeur.se.s d’asile et réfugié.e.s de différentes nationalités, complétée par un matériau ethnographique constitué à partir d’une participation observante de deux ans dans une association spécialisée dans l’accompagnement de ces personnes dans leur procédure de demande d’asile. Il apparaît dans un premier temps que ces établissements peuvent être le lieu de différentes marginalisations pour les demandeur.se.s d’asile, que ce soit en termes de classe, de race et de genre, voire de situation administrative. Plusieurs recherches ont en effet documenté la façon dont les établissements commerciaux LGBT+ pouvaient s’avérer difficiles d’accès pour différents groupes dans un contexte néolibéral et homonormatif (Held, 2017 ; Lewis, 2017 ; Prieur, 2015 ; Manalansan, 2005). L’espace parisien ne fait pas exception et les rapports de pouvoir dans lesquels s’inscrivent ces demandeur.se.s d’asile conduisent une partie d’entre elles et eux à renoncer a priori à fréquenter ces lieux ou bien à en conditionner leurs pratiques. Entre mise à l’écart et sentiment de ne pas être à sa place, il s’agira d’analyser les façons dont différents types de marginalisation peuvent se déployer. Il convient cependant de se prémunir de toute vision normative : si certain.e.s souffrent d’un accès difficile à ces lieux, d’autres n’aspirent pas à les fréquenter. Mais pour celles et ceux qui le souhaitent, ces marginalisations multiples ne sont pas pour autant toujours synonyme d’absence de pratiques de ces lieux. Dans la lignée des critical refugee studies invitant à prendre en considération l’agency des personnes réfugiées trop souvent appréhendées sous le prisme de la victimisation (Ehrkamp, 2016), il s’agira de porter une attention particulière aux stratégies mises en place pour pratiquer ces lieux malgré tout. Cette négociation des rapports de pouvoirs permet non seulement de profiter de ces espaces, mais également d’en faire de véritables lieux ressources pour des personnes souvent isolées et récemment arrivées en France. C’est à la lumière de cette tension entre espaces marginalisant et espaces ressources que je propose d’analyser le rôle que peuvent jouer les établissements commerciaux LGBT+ pour des demandeur.se.s d’asile.
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - SHS, 2022
Les personnes issues de minorités culturelles venues en France pour des raisons économiques (anciennes colonies), naviguent entre leur culture familiale (minoritaire) et la culture majoritaire. La double appartenance culturelle peut amener à vivre une perte de cohérence de soi et des tensions existentielles. Ces tensions sont démultipliées lorsque la culture minoritaire est socialement dominée, voire dévalorisée par la culture majoritaire. Cette recherche explore l'effet des zones de contacts inversées, c'est à dire des lieux de consommation où la domination culturelle s'inverse, sur la réduction des tensions identitaires. Une étude ethnographique dans des hammams en France, puis des études exploratoires dans des restaurants africains et lors d'un spectacle de hiphop, ont permis d'identifier trois stratégies de réduction des tensions identitaires : 1. Une stratégie de valorisation de la culture minoritaire par une mise en scène de soi/nous ; 2. Une stratégie d'adaptation identitaire et de fluidité culturelle qui permet un dialogue entre soi/nous et l'autre ; 3. Une stratégie de revendication culturelle et de distanciation par rapport à la culture majoritaire qui conduit à un repli sur un safe House. Mots clés : identités culturelles ; tensions identitaires ; zones de contact ; espaces de consommation.
Incivilités et civilité dans les espaces d’accueil des Caf : changer de regard
Revue des politiques sociales et familiales, 2015
Revue des politiques sociales et familiales n°121-3 e et 4 e trimestres 2015 67 Organisation-Gestion-Métiers (1) La recherche a été réalisée par Yves Janvier, Clémence Rouballay, Sophie Tiévant, Anne Wyvekens, coauteurs du rapport (Rep-Etéicos, 2015). (2) Il précise : « Par ordre conçu, nous entendons l'ordre social (et non juridique) tel qu'il devrait être dans l'esprit des individus ».
Au coeur des groupes de bas statut: La stigmatisation
Résumé Dans la plupart des groupes sociaux, certaines caractéristiques, comme par exemple une certaine couleur de la peau, une certaine orientation sexuelle ou une certaine appartenance religieuse, peuvent fréquemment s'accompagner de mépris et de rejet. Ces caractéristiques sont connues sous le terme de « stigmate ». L'enjeu poursuivi dans ce chapitre porte sur l'analyse de ce phénomène, de même que sur les conséquences qui l'accompagnent. Dans un premier temps, nous dégagerons, sur la base des définitions proposées tant par des psychologues sociaux que par des sociologues, les principaux éléments constitutifs du concept de stigmatisation. Ensuite, nous montrerons que tous les groupes stigmatisés ne vivent pas cette situation de manière identique et nous présenterons quelques-uns des éléments à l'origine de la plus grande vulnérabilité manifestée par certains groupes stigmatisés. La suite de ce chapitre nous amènera à défendre l'idée que les contextes de sti...
Au supermarché. Libertés et contraintes dans le temple moderne de la consommation
Protée, 2001
Les courses au supermarché sont un bon exemple pour vérifier comment les liens qui constituent l’intersubjectivité peuvent être parfois influencés par des formes déterminées d’« interobjectivité ». Là où l’influence du Destinateur se fait sentir, dans le sens injonctif (la pièce de monnaie pour avoir le chariot) ou incitatif (collection de points, don, rabais), les Sujets ont tendance à renouer des liens sociaux ; par contre, quand les marchandises sont proposées sans intermédiaire (self-service), et que seule leur syntaxe propre est chargée d’engendrer des programmes d’achat, on note alors le retour de simulacres d’autosuffisance du Sujet par rapport aux autres Sujets.