Que ne se sont-ils compris ! Benveniste, Lacan, Culioli (original) (raw)
« Un jour je me suis aperçu qu'il était difficile de ne pas entrer dans la linguistique à partir du moment où l'inconscient était découvert. », déclare Lacan en 1972 1. En 1975 dans un court texte intitulé « Peut-être à Vincennes… » 2 , il appelle de ses voeux l'enseignement des sciences connexes à la psychanalyse, et en premier lieu la linguistique, pas seulement parce que les études de Jakobson justifient, explique-t-il, ses positions, mais parce que l'objet en est, selon lui, ce qu'il nomme lalangue, par la convergence d'une grammaire formelle qui en articule les éléments et de l'équivoque qui l'anime. La linguistique devait ainsi, comme d'autres sciences, trouver à se renouveler au contact de la psychanalyse. C'est ainsi qu'après Saussure et Jakobson, Lacan s'est tourné vers Benveniste, « le plus grand [linguiste] qui fût parmi les français », en lui demandant une contribution sur cette intrigante question des mots à sens antithétique que Freud avait soulevée dans son compte-rendu de l'article du philologue Karl Abel sur les mots primitifs. 3 Cette contribution a pris la forme d'un article intitulé « Remarques sur la fonction du langage dans la découverte freudienne », en 1956, dans le premier numéro de la revue La Psychanalyse. 4 Je ne reprendrai pas, pour m'y être intéressé dans un autre article 5 , la question des rapports entre Lacan lecteur de Freud lecteur d'Abel et la façon dont Benveniste va réfuter la thèse des mots antithétiques, en affirmant le caractère systématique