Changements socio-culturels et formes de sexuation dans la société « coutumière » boni de la Guyane française au tournant du XXe siècle (original) (raw)

Les Bushinenge en Guyane : entre rejet et intégration de la fin du xvIII e siècle aux dernières décennies du xx e siècle

Le mot de Bushinenge 1 désigne aujourd'hui l'ensemble des groupes de Marrons du Surinam (Djuka, Saramaka, Matawaï, kuinty, Aluku ancienne-ment nommés Boni, Paramaka) qui ont occupé un certain nombre de lieux dans la forêt puis certains axes fluviaux du Surinam (Saramakariver, Copéname, tapanahony) et de la Guyane française (le Maroni-Lawa) durant la seconde moitié du xVIII e siècle. Originaires de l'Ouest-africain et ayant connu le système esclavagiste hollandais au Surinam, les Bushinenge se sub-divisent en groupes organisés autour d'éléments qui font référence aux socié-tés et aux cultures ouest-africaines, amérindiennes et européennes à travers un certain nombre de pratiques des colonisateurs du Surinam (notamment les Anglais et les Hollandais). Nous nous attacherons ici à une étude de la question du traitement réservé au peuple Boni en Guyane française au temps de la colonie (de 1776 à 1946) et du département (

Dire la blancheur chez les Businenge en Guyane. Pratiques de catégorisation et racialisation des rapports sociaux (2020)

Cahiers des Amériques latines, 2020

Cet article vise à analyser des catégorisations de la majorité raciale dans une langue minoritaire, afin de saisir ces dynamiques de racialisation depuis la perspective de personnes minorisées. Il s’agit de catégories utilisées en Guyane par des personnes businenge – des Marrons –, locuteurs des variétés de nenge. Nous étudions ainsi les désignations renvoyant à la blancheur, comme bakaa, weti et poyte, dans une perspective historique, à partir de dictionnaires anciens, puis contemporaine, en nous appuyant sur des données collectées ethnographiquement. Puis nous analysons des interactions à l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni, en combinant la sociologie des rapports sociaux et des approches sociales du langage ancrées dans l’ethnographie. La distinction entre bakaa et weti permet de penser la race comme rapport de pouvoir, où disparaît l’évidence du marqueur biologique de couleur. Nommer la blancheur s’avère aussi un moyen de proposer une perspective critique de l’ordre social.

Regard ethnographique sur les fonctions sociales de la pirogue à pagaie chez les Bushinengé de Guyane

Recherches et ressources en éducation et en formation, 2009

Par le biais d'une enquête ethnographique auprès des Djuka, des Saramaka et des Aluku de Guyane française, il s'agit d'appréhender les fonctions sociales de la pirogue à pagaie chez les Bushinengé de Guyane. Cette embarcation jouait un rôle important dans les fonctions sociales des groupes : transport des biens et des personnes, pêche, chasse et cueillette, contact familial, rites d'apprentissage des techniques pour les plus jeunes ou encore jeux pour les enfants ou pour les adultes (courses). Pourtant, au fil des époques, la pirogue va subir des mutations à vocation économique jusqu'au milieu du 20 e siècle (transport du bois-milieu 19 e ; orpaillagefin 19 e), où l'utilisation, les techniques de navigation et les matériaux de la pirogue se modifient fortement avec l'apparition du moteur hors-bord, dont la multiplication d'utilisation s'accroît après les années 1950-1960 au point de faire quasiment disparaître la forme traditionnelle de pratique.

Céramiques métissées : Témoignages d’interactions culturelles dans la société guyanaise du XVIIe et XVIIIe siècle

Archéologie Caraïbe, eds Bérard, B. et Losier, C. , 2014

Guyanese cultural map has changed just before the arrival of the Europeans on the territory. In this situation, the first explorers met recently restructured groups. The analysis of archives points out that Cayenne Island during the 16th and 17th century as well as during de precolonial period was a cultural and political frontier dividing the territory; the Karib (Kali’na) group in the West and the Arawak (Palikur) in the East. Thus, when the French settled on bringing with them African slaves to work on their plantations, they increased the ethnic diversity of the region where the Native American societies were already in a process of reorganization. During the precolonial period and after the arrival of the European population on the coast of the Guyanas, the focal point was the Cayenne Island; an area where cultural interactions and blends between the various groups were intense and numerous. The analysis of archaeological collections and comparative studies of native and colonial potteries indicate that certain objects reflect the social and cultural permeability of the Guyanese production during the 17th century. Indeed, some Guyanese earthenware objects show stylistic and technical features suggesting a creolization between practices and expertise of various groups. This article explored the theme of cultural interactions and the process of creolization between Native American, European, and African populations as observed on ceramic assemblages from Cayenne Island and its periphery.

Le rattachement d'un peuple marron à la France. Les Boni, de la Guyane néerlandaise à la Guyane française (1836-1892)

Revista da Faculdade de Direito da UFG, 2019

Les Boni sont aujourd’hui regardés comme le seul peuple marron rattaché à la France. L’article retrace les étapes qui ont abouties à cette situation. Massacrés par les Marrons Ndjuka, alliés des Néerlandais, en 1793, les Boni ne concluent pas de traité de paix avec les Pays-Bas par la suite : ils sont placés sous une sorte de « tutelle » des Ndjuka reconnue tant par les Néerlandais que par les Français. En 1860, avec les abolitions de l’esclavage, les Boni se voient reconnaître leur liberté par les deux puissances coloniales. Progressivement, à partir de 1880 et en raison d’un litige frontalier entre la France et les Pays-Bas, les Boni nouent un lien avec la France, confirmé en 1892.

Jean Moomou, Le Monde des Marrons du Maroni en Guyane (1772-1860). La naissance d’un peuple : les Boni. Matoury, Ibis Rouge, 2004, 216 p., bibl., ill., fig., cartes

L Homme Revue Francaise D Anthropologie, 2007

dans ce premier ouvrage était ambitieux : « Si la tribu des Saramaka a fait l'objet d'études d'anthropologues comme Herskovits in Rebel Destiny, Richard Price et Sally Price ; les Djuka avec M. Kahn, Sylvia de Groot ainsi que Diane Vernon », prétend-il, « l'histoire des Boni reste un terrain vierge » (p. 26) 1. Trois chapitres, composant la deuxième des trois parties qui agencent le livre, sont ainsi consacrés à mettre en évidence l'émergence du groupe boni, Marrons comparables d'après l'auteur, au même titre que les autres Bushinengé du Surinam, aux seuls Maroons de Jamaïque. Ainsi nommés en référence au chef mulâtre et esclave Boni Bokilifu, ces Marrons en fuite devant les pouvoirs coloniaux depuis 1712 ne seront sédentarisés qu'en 1841. « S'agit-il d'une tribu, d'une nation […], d'un peuple à part entière ou encore d'un clan, d'un groupe social, voire d'une communauté traditionnelle, ou encore d'une société ? » (p. 17), s'interroge quelque peu vainement l'auteur, lui-même boni, dans son introduction.

Entre vivants et morts chez les Bushinenge du Surinam et de la Guyane française : ancestralisation, ancestralité, ancestrolâtrie

Chez les Bushinenge, le mot « dieu » n'est pas à prendre dans son sens premier. Il a plutôt le sens que l'on donne au mot « sacré » ou au mot « divinité ». Par exemple, le serpent Dagwé est appelé Papa Gadu. L'expression ne signifie pas « père de dieu », mais que l'on affaire à quelque chose de sacré auquel on doit respect. Mama, Papa, Tata sont des attributs relatifs au respect, qui exigent que l'on s'incline. Les Bushinenge considèrent comme sacrés/divins les éléments qui dépassent leur connaissance, et dont l'explication rationnelle dépasse leur entendement. Ainsi, les astres (étoiles, lune, soleil), la terre, les rivières, quelques arbres (fromager, nkatu), des plantes et des lianes (gaan tétéï), des herbes, certains rochers, notamment les inselbergs, des animaux comme le caïman, le porc-épic, l'anaconda/boa, le vautour, le pika, le hibou, ainsi que l'homme décédé devenu ancêtre, sont sacralisés. L'âme des défunts, les esprits de la nature, ceux des rivières 1 sont vénérés par les Marrons bushinenge qui négocient ainsi leurs faveurs. Cette dimension spirituelle se traduit par des cultes, des rites, l'usage de la télépathie, et l'appel à l'intuition.