Thierry Dodin & Heinz Ratner, eds, Recent Research on Ladakh. 7. Proceedings of the 7th Colloquium of the International Association for Ladakh Studies (original) (raw)

Ladakh and Spiti : A Comparison

2021

LADAKH ET SPITI : UNE COMPARAISON L'Inde compte deux régions où l'on parle un dialecte tibétain et où on pratique le bouddhisme tibétain. La première est le Ladakh ancien royaume indépendant jusqu'à sa conquête par le maharaja du Jammou dans les années 1830. La seconde est le Spiti, une région longtemps disputée entre le Tibet et le Ladakh avant l'imposition du protectorat britannique en 1840. Le Ladakh fut ouvert aux étrangers en septembre 1974 et a fait depuis l'objet de recherches très approfondies. Le Spiti n'a été ouvert qu'en 1993 et les recherches y ont pris du retard. Nous disposons néanmoins de suffisamment d'éléments pour commencer une comparaison. Cet article se propose donc de comparer l'organisation familiale ; la parenté, la hiérarchie sociale et le calendrier agricole des Ladakhi et des Spitipa. Alors que, vu la proximité culturelle et géographique ce ces deux peuples, on s'attendrait à beaucoup de similitudes, nous allons voir que c'est loin d'être le cas. Dans les dernières lignes l'auteur trace des directions d'une recherche qui pourrait aider à expliquer ces différences. L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE DU SPITI Les cinq kothis Le Spiti était divisé en cinq kothis. L'un d'eux correspondait à la vallée de la Pin, un affluent de la Spiti. Trois autres se partageaient à peu près la vallée de la Spiti : amont, centre, aval. Je dis à peu près parce que « in a few case different holdings in the same village belong to different kothis » (Lyall, p. 181). Le cinquième était le chos gzhis 1 que les chroniqueurs anglais orthographient « chuzi ». Il ne s'agissait pas d'un territoire continu mais de maisons dispersées dans tout le waziri. La différence entre les maisonnées membres du chos gzhis et celles appartenant aux quatre autres kothis, est que les premières payaient une « taxe » ou un impôt aux monastères, tandis que les autres la payaient au roi du Ladakh puis à Gulab Singh puis aux Anglais. La Gazetteer est plus précise : « Kothi chhozhi [kokhri 2 chos gzhis] consists of a cluster of villages in the NorthWest corner of the valley, and of a number of others or portions of others scattered among those », au milieu des trois autres qui se partagent la vallée, mais pas le long de la Pin (page 94 / 262 3). Assez curieusement, si les chroniqueurs sont à peu près d'accord sur le nombre de maisons du chos gzhis, ils ne le sont plus sur le nombre total de maisons. J. D. Cunningham parle de 250 « paying house ».De ces 250, 52 ou 53 étaient « appropriated to the five monasteries of the district 4 agreably to an arrangement made by Lhasa on the transfer of Pitti to Ladakh 5 ». D'après Lyall, il y avait 296 « holdings » à Spiti et, d'après la description qu'il en donne, il semble bien qu'il parle de khang pa, c'est-à-dire d'unités formées de khang chen + khang chung (maison principale + maison annexe, cf infra), uniques personnes morales qui, avec les champs qui en dépendent, forment les zhing khang. 1 D'habitude je donne les transcriptions phonétiques, quelquefois suivies de la translittération (Kaplanian 2015). Étant donné que je ne connais pas la prononciation des mots au Spiti, dans cet article je ne donne que la translittération. 2 L'orthographe ko khri est donnée par Gergan, 1976. 3 Gazetteer Pages 94 / 181. Le premier chiffre indique la pagination de de la partie Lahoul /Spiti, c'est le chiffre en haut de la page. Le second chiffre correspond à la pagination réelle. 4 On voir parfois les difficultés qu'il y a à lire les chroniqueurs. Pour J. D. Cunningham « district » désigne le Spiti, pour d'autres il est au synonyme de kothi. 5 J. D. Cunningham, 1844, page 211 ; à ne pas confondre avec A. Cunningham 1854. Cf bibliographie.

Le Ladakh (Jammu & Cachemire) de l'âge du Bronze à l'introduction du Bouddhisme: une étude de l'art rupestre. Tome 4: Annexes et illustrations.

Le Ladakh constitue la plus vaste, la plus élevée et la plus occidentale des régions naturelles de l’Himalaya. Bien que politiquement rattachée à l’état indien du Jammu et Cachemire, elle est géographiquement située aux confins de l’Asie Centrale, de la Chine, du Tibet et de l’Inde. Par conséquent nous pouvons présumer que cette situation privilégiée lui a conféré une importance historique majeure. Cependant, le Ladakh a fait l’objet de peu de recherches archéologiques : on compte seulement trois sondages. Le manque de données est aujourd’hui comblé par un matériel abondant, varié et fiable : l’art rupestre. Véritables créations picturales ou simples graffiti, les pétroglyphes sont des marqueurs spatio-temporels immuables, qui ne peuvent mentir ni sur leur provenance ni celle de leurs auteurs. De part leur quantité (on en connaît plusieurs milliers) et leur variété (ils illustrent des êtres anthropomorphes, zoomorphes, des monuments et des signes), ils recèlent des informations essentielles pour l’histoire du peuplement. Puisque les représentations rupestres couvrent une période s’étendant de la Préhistoire à l’époque moderne nous avons opéré un choix pour notre étude. Par une analyse comparative thématique et stylistique des images gravées nous sommes en mesure d’inscrire le Ladakh au sein du groupe des cultures des steppes à l’Âge du Bronze et à l’Âge du Fer ainsi que de l’identifier comme carrefour culturel pour la diffusion du Bouddhisme au Ier millénaire de notre ère. Les axes de recherches retenus s’inscrivent dans la thématique des recherches archéologiques menées actuellement en Asie centrale. Ladakh is the largest, highest and westernmost region of the Himalayas. Although it belongs to India’s state of Jammu and Kashmir, it is located at the crossroads of Central Asia, China, Tibet and India. We may assume that this unique location resulted into a major historical importance. However Ladakh’s history prior the 15th century is rather fragmentary and legendary. Very limited archaeological researches have been conducted in this Himalayan region. In the light of successful rock art projects lead in Central Asia and in the northern areas of Pakistan, petroglyphs appeared as the most promising and easily available material to carry out the first systematic archaeological study of Ladakh. In the course of my PhD I gathered about 15, 000 petroglyphs scattered over 100 rock sites. A comparative analysis of zoomorphic and anthropomorphic representations shows that during the Bronze and Iron Ages (2500-300 BC) Ladakh shared thematic and stylistic traits with the Central Asian steppes. Later on, at the beginning of the 1st millennium AD, several rock inscriptions in kharosthi and brahmi are firm testimonies that Ladakh was under the influence of the Indian cultural expansion. Then, Tibetan rock inscriptions in Ladakh datable to the second half of the first millennium provide evidence for the expansion of the Tibetan empire (7th-11th centuries) into the western regions. These inscriptions are frequently accompanied by engraved representations of Buddhist stūpa. The typological and comparative study of these enables us to better apprehend the introduction and diffusion of Buddhism into Ladakh. In summary my researches on the rock art of Ladakh allows for the first time to propose a secure cultural sequence of the region from Protohistory to the Medieval Period. It also demonstrates that the Himalayas have never been a barrier between Central Asia, the Indian subcontinent and the Tibetan plateau and that Ladakh always has been a cultural crossroad.

Le Ladakh (Jammu & Cachemire, Inde) de l'Âge du Bronze à l'introduction du Bouddhisme : une étude de l'art rupestre. Tome 1: Texte.

Le Ladakh constitue la plus vaste, la plus élevée et la plus occidentale des régions naturelles de l’Himalaya. Bien que politiquement rattachée à l’état indien du Jammu et Cachemire, elle est géographiquement située aux confins de l’Asie Centrale, de la Chine, du Tibet et de l’Inde. Par conséquent nous pouvons présumer que cette situation privilégiée lui a conféré une importance historique majeure. Cependant, le Ladakh a fait l’objet de peu de recherches archéologiques : on compte seulement trois sondages. Le manque de données est aujourd’hui comblé par un matériel abondant, varié et fiable : l’art rupestre. Véritables créations picturales ou simples graffiti, les pétroglyphes sont des marqueurs spatio-temporels immuables, qui ne peuvent mentir ni sur leur provenance ni celle de leurs auteurs. De part leur quantité (on en connaît plusieurs milliers) et leur variété (ils illustrent des êtres anthropomorphes, zoomorphes, des monuments et des signes), ils recèlent des informations essentielles pour l’histoire du peuplement. Puisque les représentations rupestres couvrent une période s’étendant de la Préhistoire à l’époque moderne nous avons opéré un choix pour notre étude. Par une analyse comparative thématique et stylistique des images gravées nous sommes en mesure d’inscrire le Ladakh au sein du groupe des cultures des steppes à l’Âge du Bronze et à l’Âge du Fer ainsi que de l’identifier comme carrefour culturel pour la diffusion du Bouddhisme au Ier millénaire de notre ère. Les axes de recherches retenus s’inscrivent dans la thématique des recherches archéologiques menées actuellement en Asie centrale. Ladakh is the largest, highest and westernmost region of the Himalayas. Although it belongs to India’s state of Jammu and Kashmir, it is located at the crossroads of Central Asia, China, Tibet and India. We may assume that this unique location resulted into a major historical importance. However Ladakh’s history prior the 15th century is rather fragmentary and legendary. Very limited archaeological researches have been conducted in this Himalayan region. In the light of successful rock art projects lead in Central Asia and in the northern areas of Pakistan, petroglyphs appeared as the most promising and easily available material to carry out the first systematic archaeological study of Ladakh. In the course of my PhD I gathered about 15, 000 petroglyphs scattered over 100 rock sites. A comparative analysis of zoomorphic and anthropomorphic representations shows that during the Bronze and Iron Ages (2500-300 BC) Ladakh shared thematic and stylistic traits with the Central Asian steppes. Later on, at the beginning of the 1st millennium AD, several rock inscriptions in kharosthi and brahmi are firm testimonies that Ladakh was under the influence of the Indian cultural expansion. Then, Tibetan rock inscriptions in Ladakh datable to the second half of the first millennium provide evidence for the expansion of the Tibetan empire (7th-11th centuries) into the western regions. These inscriptions are frequently accompanied by engraved representations of Buddhist stūpa. The typological and comparative study of these enables us to better apprehend the introduction and diffusion of Buddhism into Ladakh. In summary my researches on the rock art of Ladakh allows for the first time to propose a secure cultural sequence of the region from Protohistory to the Medieval Period. It also demonstrates that the Himalayas have never been a barrier between Central Asia, the Indian subcontinent and the Tibetan plateau and that Ladakh always has been a cultural crossroad.

Ladakh's economy, first part, 1847-1980

Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - Université Paris Descartes, 2021

Du sucre non produit localement. Il est mentionné p. 303. Même réflexion pour le riz p. 304. Le riz, non produit sur place, était un aliment rare et cher, et surtout un aliment de prestige que l"on pouvait servir lors de certaines réceptions, comme les mariages. Voilà à peu près tout ce qu"on peut tirer des données de Cunningham. On retiendra le chiffre approximatif de 160-180 kg de céréales par personne et par an, hors fêtes et rituels. La FAO indiquait qu"il fallait 3500 kilocalories par jour et par personne pour des individus faisant un travail physique pénible dans un climat difficile (Osmaston in HBV 8 , p. 176). Or, nous démontrera le même Osmaston, la valeur énergétique du blé, de l"orge aussi bien que des pois est de 3350 kcal/kg (p. 173). Il faudrait donc consommer presque 1 kg par jour, plus précisément 356 kg par an et par personne, de céréales et de pois. Nous commençons à voir, et cela se confirmera ultérieurement, que, quel que soit le mode de calcul, nous sommes nettement en dessous des normes internationales, même si la FAO a, dans une seconde étude, diminué son chiffre de 3500 à 3000 kcal par personne et par jour. D"après Osmaston, il semble que la consommation soit plutôt de l"ordre de la moitié, soit 1500 kcal/jour, soit 163 kg par an pour les pois plus les céréales, ce qui nous rapproche des chiffres de Cunningham. Critique de Cunningham Cunningham estime la population à 125 000 âmes (pour Leh et Kargil seulement, Lahoul et Spiti exclus). Le recensement dit de Mehta Mangal 9 donne 20 047 habitants pour le seul tehsil de Leh. Les recensements suivants de 1891 et 1901 donnent respectivement 28 274 et 31 620 habitants, toujours pour le seul tehsil (sous-district) de Leh. Or depuis les premiers recensements la population du tehsil ou du district (selon les époques) de Kargil a toujours été un petit peu inférieure à celle du tehsil/district de Leh 10. Cela veut dire qu"aux époques citées la population totale des deux districts ne dépassait pas 60 000 personnes. Ceci est confirmé par le recensement de 1951 qui donne 82 380 habitants pour le nouveau district unique du Ladakh (Kargil + Leh). Donc la population se serait réduite de moitié entre 1857 et la seconde moitié du XIXème siècle, ce qui est d"autant plus étonnant qu"il n"y a eu ni guerre, ni épidémie pendant cette période 11. On devrait plutôt s"attendre à une augmentation de la population en comparant avec les données démographiques du Spiti, plus fiables, occupation anglaise oblige.

À PROPOS DE LA CORVÉE au Ladakh

hal-02908931, 2021

The starting point was a response to Christian Jahoda’s attacksagainst Nicola Grist, who died in 2004 and is no longer available to respond. One thing leading to another,the case of the corvée in Ladakh, Spiti, Western Tibet and even Central Tibet was reopened by the author. In the Buddhist and Tibetan speaking areas located West of Tibet (Ladakh, Spiti) where there is a division between khangchen (main house) and khangchung (annex house), it seems that there is a theoretical rule of equality between khangchen (i.e.khangchen+khangchung, being together one single corporate group) which is little implemented in terms of revenue, but pretty much implemented in terms of corvée. On the other hand, from central Tibet to western Tibet there was a system (rkang or sleb) which could adapt the revenue as well of the work loading case of corvée to the size of the house. This is an example of a difference between Tibet (Central Tibe tas well as Western Tibet) and the marginal kingdoms of Ladakh and Spiti. Le point de départ était une réponse aux attaques de Christian Jahoda contre Nicola Grist qui, décédée en 2004, n’est plus là pour lui répondre.De fil en aiguille l’auteur a été amené à rouvrir le dossier de la corvée au Ladakh, auSpiti, auTibet de l’Ouest et même au Tibet central. Dans les régions bouddhistes et tibétophones situées à l’ouest du Tibet où il existe une division entre khangchen (maison principale) et khangchung (maison annexe), il semble qu’il y ait une règle théorique d'égalité entre les khangchen (entendre par là les khangchen+khangchung) peu appliquée en matière d'impôts et de taxes, mais à peu près appliquée en matière de corvée. Par contre du Tibet central au Tibet de l’ouest il existait un système (rkang ou sleb) permettant d’adapter la charge de travail en cas de corvée à l’importance de la maison. Ceci est un exemple de coupure entre le Tibet, du Centre jusqu’à l’Ouest, et les royaumes marginaux qu’étaient le Ladakh et le Spiti.

Incursion toponymique au coeur de deux territoires villageois du Ladakh

SMADJA, Joëlle (dir.). Histoire et devenir des paysages en Himalaya : Représentations des milieux et gestion des ressources au Népal et au Ladakh. Paris : CNRS Éditions,, 2003

En choisissant d’étudier le rapport de sociétés himalayennes du Népal et du Ladakh à leur milieu naturel, les auteurs de cet ouvrage proposent une lecture nouvelle des paysages actuels, de leur diversité comme de leurs transformations. Données naturelles sur la chaîne himalayenne, démographie, perceptions et représentations des milieux, histoire de leur mise en valeur, exemples locaux et actuels de gestion des ressources, notamment arborées, font l’objet d’investigations souvent inédites...