« Il devint un Romaincourtien » : histoire coloniale et histoire régionale (original) (raw)

Compte rendu de Tommaso di Carpegna Falconieri, Il se voyait déjà empereur. Cola di Rienzo, un Romain au Moyen Âge, publié sur Lectures.revues.org, 2020

Lectures, 2020

Dans cet ouvrage traduit de l’italien, le medieviste Tommaso di Carpegna Falconieri s’attache a retracer la vie de Cola di Rienzo. Si le personnage n’est guere connu du grand public en France, il s’agit d’une figure centrale du « roman national » italien. Fils d’un tavernier, Cola di Rienzo accede en effet au gouvernement de la ville de Rome durant une breve periode en 1347, profitant de l’absence du pape, alors installe a Avignon, pour installer un regime politique original, foncierement ant...

Les sources du Compendium historial d’Henri Romain

Revue d'études médiévales et de philologie romane, 2024

Henri Romain’s Compendium historial is an abridgement of the commented translation of Saint Augustine’s City of God by Raoul de Presles, supplemented by additions taken from other sources. This article is intended to be a first study on the sources of the second book. Among the few Latin sources, Rodrigo Jiménez de Rada’s De rebus Hispaniae appears as particularly interesting. The main part of this article is devoted to an analysis of the use of this source.

Oralité et colonialité au prisme de la diglossie littéraire réunionnaise

Congrès Mondial de Linguistique Française, Université Paul Valéry, Montpellier, 2020

Si l'histoire des rapports entre écriture et oralité met en perspective des agencements permanents, la Modernité occidentale a donné une place prépondérante à la littératie. Dans la France hexagonale des XIXè et XXè siècles, la tradition orale et les langues régionales ont alors connu une dépréciation au profit de la langue nationale écrite. En même temps que des pratiques oratoires telles que la rhétorique et la poésie orale étaient exclues de l'enseignement, les écrits en langue minoritaire, particulièrement s'ils étaient à visée littéraire, étaient assignés à la littératie vernaculaire et la culture populaire. Le retour contemporain de l'oralité, particulièrement visible dans l'émergence du slam, se heurte donc au statut prépondérant donné à l'écrit et à la langue hégémonique. Dans les sociétés coloniales françaises, le système scripturaire a également été conçu comme un instrument de civilisation, mais réservé à une élite favorable au système colonial. La scolarisation a donc été basée sur la francisation, restreignant ainsi l'éducation des subalternes à une littératie rudimentaire. Ce processus de minorisation a eu des conséquences sociolinguistiques importantes dans les territoires français d'Outre-mer, qui conjuguent diglossie et colonialité. A l'Île de La Réunion, où le créole est la langue première de la majorité de la population, le rapport à l'écrit et à la langue dominante a ainsi longtemps participé d'une exclusion des textes créolophones de la littérarité. Il faudra attendre la fin du XX è siècle pour que soit remise en cause une littératie monolingue et que la tradition orale créole retrouve sa propre historicité linguistique et culturelle. Abstract. Orality and coloniality through the prism of the Reunionese literary diglossy. By developing an overview of the permanent historical arrangements that define the relation between writing and orality, we seek to demonstrate that Western Modernity assigned to literacy a predominant status. In France, during the XIX th and the XX th centuries, oral tradition and regional languages have been depreciated in favor of the written national language. As oratory practices like rhetoric and oral poetry were excluded from schooling, literary writings in minorized languages were assigned to vernacular literacy and folklor. The contemporary comeback of orality, particularly noticeable in the emergence of slam poetry, meets with the predominant status given to written and hegemonic language. In the French colonial societies, the scriptural system was also conceived as an instrument of civilization, but reserved for an elite favorable to the colonial system. Learning was therefore based on francization, thus restricting the education of subalterns to rudimentary literacy. This minorization had important sociolinguistic consequences on French Overseas Territories, 1 philippe.glatre@sorbonne-nouvelle.fr

La Querelle Des Régionalistes Et Des ‘Exotiques’: Mise Au Point Historique

Quebec Studies, 1991

Pour ceux qui connaissent mal le début du vingtième siècle, la querelle entre les régionalistes et "les exotiques" peut apparaître comme une simple aberration dans l'évolution de la littérature québécoise. On se demande qui étaient les exotiques et l'on découvre qu'à cette époque seul Paul Morin a produit une oeuvre, Le Paon d'émail, qui peut être qualifiée de véritablement exotique. Comment alors un seul écrivain at -il pu menacer à ce point tant d'auteurs régionalistes et susciter à lui seul une polémique d'une telle envergure? Bientôt on s'aperçoit qu'il faut également classer parmi les exotiques: Robert de Roquebrune, auteur de romans historiques tout à fait canadiens-français; 1 Marcel Dugas, un des premiers critiques québécois à reconnaître la valeur de la poésie de Saint-Denys Garneau et d'Alain Grandbois; 2 René Chopin, poète intimiste; 3 Guy Delahaye, écrivain généralement (jusqu'à récemment) peu connu et qui s'est surtout distingué par son dévouement à Emile Nelligan en tant que médecin à l'Hôpital Saint-Jean-de-Dieu. 4 L'aberration semble alors encore plus grande et l'on est tenté de conclure que les régionalistes n'étaient que des aveugles qui ont essayé d'entraver l'évolution de la littérature canadienne-française en prêchant un monolithisme littéraire. En effet, la plupart des exotiques choisiront après 1918-1920 ou d'aller vivre à l'étranger ou de s'enfermer dans une tour d'ivoire aussi éloignée que possible de la "foule méchante." Certains critiques parlent même, à leur propos, de "génération perdue." Les régionalistes étaient pourtant de fiers patriotes qui ne souhaitaient que contribuer à l'éclosion d'une littérature canadienne-française. Avaient-ils tellement tort de conseiller aux écrivains canadiens d'observer leur propre pays, d'écrire à partir du vécu plutôt qu'à travers des réminiscences livresques? Peut-on les accuser d'exclusivisme ou d'intolérance parce que les lecteurs canadiens préféraient les récits du terroir au Paon d'émail de Paul Morin? La littérature québécoise des années soixante, en cultivant surtout le "sujet canadien" et en utilisant le jouai, ne donnet-elle pas raison aux théories anciennes des régionalistes? The Quarrel between the regionalists and the "exotics" which polarized the literary scene in Québec at the beginning of the 20th century can be divided into four distinct periods: 1904-1911 ("The Two Inheritances"), 1912-1917 ("The Triumph of Regionalism?"), 1918-1920 ("War breaks out in Montréal"), 1920-1931 or 1938 ("Integral canadianism and the arrival of a new generation"). This conflict had important ideological and political ramifications related to the survival of the French-Canadian nation at a time of intense industrializa tion and social upheaval. Its existence also contributed to a broadening of literary points of view and to the gradual acceptance of realism and modernity in Québec literature.

Noms romains, identité culturelle et romanisation dans les provinces orientales de l’Empire

J'ai, en partie, emprunté le titre du livre récent édité par M. Dondin-Peyre et M.-Th. Rapsaet-Charlier 1 , ayant parfaitement conscience de la difficulté de la définition voire de l'ambigüité et de la complexité du terme 'identité culturelle' due aux approches différentes des sociologues, des anthropologues et des historiens 2 ; toutefois, j'ai préféré au terme de 'romanisation', celui d'acculturation puisque je le trouve plus commode et moins équivoque 3 . Il va de soi que le thème que je vous propose a ses propres limites, l'étude de l'usage des noms seuls ne suffisant pas pour définir l'auto-présentation des personnes, cette dernière devant être également étudiée à travers d'autres expressions culturelles.