Les applications de l'anthropologie. Un essai de réflexion collective depuis la France (original) (raw)
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Journal des anthropologues, 2007
Alors que la mondialisation s'intensifie de plus en plus, les anthropologues ne sont toujours pas parvenus à débattre de façon cohérente de la nature actuelle de leur pratique et de ses transformations à l'échelle mondiale. Ceci est peut-être dû à l'hégémonie internationale de l'anthropologie nord-américaine et à sa tendance à confondre ses propres crises internes avec une crise mondiale. Cet article s'inscrit dans une anthropologie critique de l'anthropologie, une anthropologie qui décentre, qui replace dans son contexte historique, et qui pluralise l'anthropologie telle qu'elle a été comprise jusqu'à aujourd'hui. Elle met en question non seulement le contenu, mais également les modalités des dialogues anthropologiques. Le projet « Anthropologies du Monde » cherche à reconceptualiser les relations entre communautés anthropologiques. L'anthropologie monologique a besoin d'être remplacée par une anthropologie hétéroglosse. L'hétéroglossie, comme le souligne Bakhtine (Werbner, 1997 : 6), ébranle « l'autorité des coutumes et des traditions réifiées ». Cosmopolitiques 2 La notion de cosmopolitique cherche à apporter une perspective plurielle et critique sur les possibilités d'articulations supra et transnationales (sur la notion de cosmopolitique, voir Cheah & Robbins, 1998 ; Ribeiro, 2003). Les cosmopolitiques intègrent des discours et des pratiques politiques qui se soucient de leur portée et de leur impact au niveau mondial. Ce sont les cosmopolitiques impliquées dans des conflits sur le rôle de la différence et de la diversité dans la construction de régimes politiques qui m'intéressent tout particulièrement. Je considère l'anthropologie comme une cosmopolitique de la Anthropologies du monde
L’anthropologie comme philosophie
Methodos, 2005
La démarche philosophique de Ludwig Feuerbach est le plus souvent envisagée comme le chaînon manquant entre celle de Hegel, dont elle aurait entrepris la critique, et celle de Marx, qui aurait dû se défaire de son emprise pour accéder au noyau scientifique de sa propre réflexion 1. Or, cette situation intermédiaire de l'oeuvre et de la pensée de Feuerbach en signale davantage la richesse propre que les limites. En effet, s'il est assurément réducteur de tenir Feuerbach pour le simple disciple (critique) de Hegel ou pour le simple précurseur de Marx, c'est qu'en réalité il est possible de dire sans risquer l'anachronisme que Feuerbach a été les deux à la fois ; et en ce sens l'étude de sa pensée doit permettre de comprendre ce qu'il y a d'hégélien chez le « jeune Marx » et de matérialiste (en un sens que Marx lui-même critiquera dans la première de ses Thèses sur Feuerbach 2) chez ce « Jeune-hégélien » 3. Pour commencer à le comprendre, il est instructif de rappeler quelle a été la trajectoire intellectuelle originale de Feuerbach : celui-ci est passé de l'étude de la théologie (à Heidelberg, en 1823) à celle de la philosophie spéculative hégélienne (à Berlin, à partir de 1824), pour laquelle il se passionne jusqu'à la fin des années trente, avant de s'en détacher brusquement, en dénonçant le tournant théologique larvé de la spéculation hégélienne et en se proposant alors de retrouver les racines réelles, humaines et sensibles, de cette spéculation 4. Feuerbach a lui-même donné la formule ramassée de cette trajectoire intellectuelle : « Dieu fut ma première pensée, la raison fut ma seconde, l'homme ma troisième et dernière. Le sujet de la divinité, c'est la Raison, le sujet de la Raison, c'est l'homme. » 5. 2 Cette citation peut être lue comme l'énoncé a parte subjecti d'une sorte de « loi des trois états », au sens où Comte en formulait l'exigence à l'ouverture du Cours de philosophie positive (strictement contemporain de L'essence du christianisme 6) : le premier état, l'état théologique de la pensée de Feuerbach, représenterait ainsi le stade infantile de son développement intellectuel ; le deuxième état, rationaliste, ou encore « hégélien », serait L'anthropologie comme philosophie
Terrains/Théories, 2020
Cet article se propose de revenir sur la conception et la mise en œuvre du programme de formation Anthropologie, Science & Société (Université Lumière-Lyon 2, Direction Régionale des Affaires Culturelles Auvergne-Rhône-Alpes). À l’aide d’exemples de terrain et de réalisations concrètes, il décrit et analyse les modalités et les effets de cette expérience pédagogique singulière, basée sur la transmission et l’expérimentation d’une posture davantage que sur l’enseignement formel de savoirs thématisés. L’article met l’accent sur plusieurs principes déployés au fil du programme : recherche partenariale, coproduction des projets, pluralité des formes d’écriture et de restitution, etc. Il montre comment, en construisant des modalités relationnelles inédites entre étudiant.es, enseignant.es et partenaires, et en assumant résolument les dimensions inductives et expérimentales des situations de formation, ce programme questionne les enjeux d’une professionnalisation de l’anthropologie mais aussi renouvelle l’enseignement et l’apprentissage de l’anthropologie.
2015 - L'Anthropologie pour tous. Actes du colloque d'Aubervilliers, 6 juin 2015.
2015
Avec notamment les contributions de Catherine Robert, Maurice Godelier, Françoise Héritier, Philippe Descola, Barbara Cassin, Bernard Sergent, Joël Candau, Stéphane François, Bernard Lahire, Christian Baudelot, Fabien Truong, Chantal Deltenre. Postface de Nicolas Grimal.