Marseille et l’organisation ‘autonome‘ des pouvoirs pendant la Révolution française (original) (raw)

Marseille et l’organisation « autonome » des pouvoirs constituant et exécutif pendant la Révolution française

L’histoire de Marseille est devenue une donnée majeure de la compréhension du présent des Marseillais. Cité par excellence, Marseille confère un potentiel civique exceptionnel à ses initiatives civiques. Notre objectif est de montrer l’ampleur de l’action civique des Marseillais, au cours de la Révolution française, et son apport décisif à la formation des pouvoirs. Nous nous intéressons ainsi plus particulièrement aux pouvoirs constitués pendant le moment fédéraliste (1793) dont la condamnation immédiate par le centre parisien a quelque peu obscurci la dimension démocratique.

Prises de parole démocratiques et pouvoirs intermédiaires pendant la Révolution française

Il n'est guère possible de s'en tenir à la description de la parole révolutionnaire selon l'échelle d'observation du discours d'assemblée si l'on veut rendre compte de la dimension démocratique des langages de la Révolution française . Quel que soit l'impact de la "centralité législative" dans la formation de la nation française, il n'en reste pas moins que l'instauration d'une raison constituante , avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, ouvre la parole révolutionnaire à une expérimentation au quotidien de la citoyenneté au-delà du discours d'assemblée. C'est là où nous faisons intervenir la réflexion stimulante de Jürgen Habermas, au moment du bicentenaire de la Révolution française, sur le "pouvoir engendré communicativement" au sein des procédures démocratiques de formation de l'opinion et de la volonté

Conduites politiques de Marseillaises pendant la Révolution française -- Pub. 1996

L'expression de "Conduites politiques de Marseillaises" employée dans le titre de notre communication renvoie conjointement à une double réalité : - d'une part, elle désigne, dans la perspective d'une analyse de l'action politique des citoyennes pendant la Révolution française, la part féminine d'une culture politique définie plus généralement comme "l'ensemble des discours et des pratiques symboliques par lesquels des individus et des groupes énoncent des revendications" dans la conjoncture révolutionnaire; - d'autre part, elle nous renvoie à l'une des ressources de l'archive, objet d'étude de l'historien du discours. En effet, l'expression de conduite politique est tout particulièrement attestée dans un contexte précis, le phénomène de la suspicion en l'an II, pour désigner des justifications de vie que nous avons conservé à l'état manuscrit.

Un argument saisi dans le mouvement démocratique, la souveraineté délibérante. Le cas marseillais---- Pub. 2003

« Un argument saisi dans le mouvement démocratique, la souveraineté délibérante à Marseille », Qui veut prendre la parole ? dir. M. Detienne, Paris, Seuil, Le Genre Humain, 2003, p. 329-349. --------------------------- L’étude des manières de s’assembler pour délibérer des affaires communes pendant la Révolution française est généralement rapportée à une émergence fondatrice, certes radicale, l’avènement d’un espace législatif inédit avec la formation de l’Assemble nationale en juin 1789. A partir de cet événement majeur s’instaure un ensemble de pratiques délibératives propres à la centralité législative, mais progressivement étendues, par le biais du club des Jacobins , au réseau des sociétés populaires. Cependant le « partage des langues » pendant la Révolution française, dont la complexité suscite des pratiques colingues démocratiques n’est pas calqué sur le partage du pouvoir politique dans l’espace de la « centralité législative ». Il n’est donc pas possible de limiter l’espace délibératif à l’espace tribunitien de l’Assemblée nationale et du club des Jacobins dont il suffirait de décrire les règles de fonctionnement et son insertion interlocutive dans le nouvel espace public pour comprendre l’impact du mécanisme démocratique dans son ensemble, y compris dans sa dimension foncièrement représentative. Bref, il ne nous semble guère possible de s’en tenir à la description des pratiques langagières du discours d’assemblée si l’on veut appréhender la dimension foncièrement démocratique des nouveaux espaces délibératifs.

Varèse après la perte de ses « libertés » (1766-1802

En juin 1766, lorsque Marie-Thérèse d'Autriche cède à François III duc de Modène le bourg de Varèse contre la volonté de ses habitants, ceux-ci s'aperçoivent qu'une nouvelle conception du pouvoir de l'État à l'égard des gouvernés se fait jour. Depuis le temps du seigneur Bernabò Visconti (1385), les citoyens de Varèse s'étaient prévalus des doctrines juridiques du consensus. Ces revendications resurgissent en 1802 au temps de la République italienne, dans les jours suivants l'introduction du système départemental, lorsque Varèse est annexée au département du Lario sous administration de Côme. Au miroir de deux épisodes de défense des libertés communautaires se reflète le changement du droit public intérieur et international européen déterminé par la pleine affirmation du pouvoir absolu des États et de la prévalence des principes de l'« équilibre ». Lombardie, Varèse, monarchie Habsbourg, République italienne, libertés, juristes, État, communauté Varese after the loss of its "liberties" (1766-1802). In June 1766, when Maria Theresa of Austria ceded the city of Varese to Francis III, Duke of Modena, against the will of its inhabitants, they realized that a new conception of State power and rulers-ruled relations was gaining foothold. Until then, since the time of Bernabò Visconti (1385), the citizens of Varese had availed themselves of the legal doctrines of consensus. These claims reappeared in 1802 at the time of the Italian Republic, in the days following the introduction of the departmental system, when Varese was annexed to the Lario department under the administration of Como. In the mirror of two episodes of defense of community liberties is reflected the change in European domestic and international public law determined by the full affirmation of the absolute power of States and the prevalence of the principles of "balance".

François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385)

Ecole française de Rome, 2017

La commune marseillaise au XIVe siècle est marquée par la domination angevine de Naples, qui n’étouffe cependant pas la vitalité politique urbaine, dont témoigne la dimension scripturale de l’administration municipale. Le gouvernement quotidien a en effet produit une abondante documentation jusqu’ici peu étudiée pour elle-même : les délibérations du conseil de ville, qui permettent de retracer les jeux de pouvoir traversant la cité portuaire. Les années 1348-1385 sont marquées à Marseille par une situation de crise prolongée, notamment par la durable déstabilisation du pouvoir souverain. Dans ce contexte, l’assemblée municipale s’affirme comme le lieu du gouvernement de la ville. Alors que s’effacent les officiers royaux, le conseil de ville s’approprie une part grandissante d’autonomie et consolide le statut marseillais d’exception dans le comté de Provence. Au cours des pratiques de l’assemblée – délibérations, serments, désignation de citoyens chargés de mettre en œuvre les ordonnances adoptées – de nombreux habitants participent à l’activité de l’assemblée urbaine, sous la direction d’une élite municipale qui s’entoure de notaires et de praticiens du droit. La légitimité communale s’appuie sur les outils scripturaux, depuis les statuts de la ville jusqu’aux écrits les plus quotidiens, dont la circulation définit un régime de normativité spécifique. L’enregistrement des séances s’avère l’instrument décisif de la construction de l’autorité par l’écrit : autour des registres délibératifs gravitent les multiples pièces administratives et juridiques qui assurent l’institutionnalisation et l’autonomie du gouvernement de la ville. Professeur agrégé en lycée international à Marseille, François Otchakovsky-Laurens est docteur en histoire médiévale et chercheur associé au laboratoire TELEMME (UMR 7303, Université d'Aix-Marseille et CNRS). Ses travaux portent sur l'écrit de gouvernement, la normativité juridique, la vie politique et les pratiques de délibération urbaines à la fin du Moyen Âge.