Ordre partisan et gouvernement des populations : pour une sociogenèse des matrices de pouvoir du PKK (2023) (original) (raw)

Genèse de la hiérarchie sociale et du pouvoir politique bidân

Cahiers d'études africaines, 147,XXXVII-3: 587-633., 1997

La société bidân, arabophone, de la Mauritanie possède une structure sociale et politique hautement hiérarchisée tout en étant organisée dans un cadre segmentaire. On retrouve ainsi trois groupes statutaires qui constituent en même temps des qabâ'il ("tribus", sg. qabîla) : les 'arab ou hassân (guerriers), les zwâya ou tolba (religieux) et les znâga, lahma ou tlâmîd (tributaires). Il existe également d'autres catégories sociales qui ne forment pas de qabâ'il : les ma'allemîn (forgerons), les iggiwîn (griots), les 'abîd (esclaves) et les hrâtîn (affranchis). Ces groupes sont simplement associés aux qabâ'il par des liens de protection ou, dans le cas des hrâtîn, par des liens d'allégeance personnelle ou de clientélisme pouvant donner lieu à l'insertion proprement segmentaire. Forgée et remaniée dans le temps long, l'insertion statutaire des groupes et des individus continue à fournir un cadre social et politique dans la Mauritanie contemporaine. Cette situation soulève un certain nombre d'interrogations relevant des aspects structurels et historiques du problème : comment est justifiée l'existence de la hiérarchie statutaire 2 ?, existe-t-il un lien entre la hiérarchie sociale et le pouvoir politique?, quels sont les fondements de cette hiérarchie?, depuis quand existe-elle?, enfin, pourquoi perdure-t-elle dans le contexte d'un État démocratique moderne?

Une décennie de pouvoir AKP en Turquie : vers une reconfiguration des modes de gouvernement ?

The Justice and Development Party (JDP) has been in power in Turkey since 2002, consolidating its electoral support among an array of social groups ranging from broad appeal among the popular classes to business leaders and a growing middle class. The success of the JDP is a consequence of the manner in which the party inserted itself into certain economic and social sectors. While the party has internalized the principles of reducing the public sphere and outsourcing to the private sector, it has not restricted the reach of government intervention. On the contrary, it has become increasingly involved in certain sectors, including social policy and housing. It has managed this through an indirect approach that relies on intermediaries and private allies such as the businesses and associations that is has encouraged. In this way, the JDP has developed and systematized modes of redistribution that involve the participation of conservative businessmen who benefit from their proximity to the decision-makers, charitable organizations, and underprivileged social groups. These public policies have reconfigured different social sectors in a way that has strengthened the Party’s influence.

Le PKK: Un Groupe Terroriste Comme Un Autre?

Le terrorisme nationaliste, voire séparatiste est devenu de nos jours le problème commun des Etats qui sont formés de différents composants ethniques. En Europe, on vit ce problème de façon très déchirante dans certains pays surtout, comme la France, l'Espagne et la Turquie. L'Angleterre, avec sa solution politique à un conflit armé, a su transformer une vielle question en une situation nouvelle et pacifique. Mais à part cela, le terrorisme séparatiste reste toujours un problème de premier ordre pour les Etats susmentionnés. La Turquie, pays membre de l'OTAN et candidat à l'Union européenne, fait face, depuis presque 40 ans à un problème de terrorisme, qui au début, était une question nationale, mais avec le temps et les changements de conjoncture politique, est devenue une question transnationale, voire internationale. De nos jours, et surtout avec la Guerre en Irak, la Turquie essaie de se débrouiller à la foıis avec une situation conflictuelle dans la région sud-e...

L'armée turque en politique. Autonomie institutionnelle, formation de coalitions sociales et production des crises

L’implication de l’armée dans la vie politique est une constante de la république de Turquie jusqu’aux années 2000. Pour expliquer cette particularité, on met en évidence que les interventions militaires, loin d’être des réponses à des crises du secteur politique, sont le résultat des dynamiques internes de l’armée et de la formation de coalition dont l’armée est le pivot. Cette double dynamique d’autonomisation de l’institution militaire et d’intervention dans le champ politique via la formation de coalition éclaire plus largement les mécanismes qui permettent à un acteur institutionnel de créer des situations de crise et, par ce biais, de s’installer au c œur du jeu politique.

Répression participative et contrôle social de la dissidence sous l’AKP en Turquie

Pôle Sud, 2020

Par opposition à la thèse gramscienne, cette contribution montre que la répression n’est pas antinomique au renforcement de la légitimité d’un État. Elle étudie, à partir du cas de la Turquie contemporaine, comment un parti politique au sommet de l’État, le Parti de la Justice et du Développement (AKP), peut mettre en place des mécanismes répressifs, auxquels la population civile participe, qui consolident sa légitimité. Les ressources sont distribuées et les conduites sont récompensées ou réprimées selon leur conformité à une nouvelle forme de « citoyenneté » (« vatandaşlık ») définie selon des logiques partisanes. Ces mécanismes permettent à l’État-AKP de produire des subjectivités dominées et actives dans l’entretien des dispositifs exclusifs et punitifs. Les pratiques coercitives sont encouragées par l’État-AKP et utilisées pour contrôler les conduites dissidentes au sein de la société. L’encouragement de la répression participative est légitimé par le discours sécuritaire faisant appel au registre de la « menace terroriste » et renforcé par l’informatisation des techniques de pouvoir.

Printemps Arabe - Meta-Facteurs de Transformation de l’Ordre Politique (2011-2020)

2020

Si les différentes trajectoires transitionnelles entamées par les pays du Maghreb et du Moyen-Orient depuis 2011 relèvent chacune d’un contexte profondément national, elles s’inscrivent aussi dans un mouvement régional d’émancipation ancré dans l’histoire du monde arabe. Les trajectoires qui s’y dessinent sont à la fois spécifiques et collectives, et motivent une part d’inspiration mutuelle entre pays en révolution, qui donne au printemps arabe une dimension indéniablement transculturelle et universelle. Au-delà des processus de transformation propres à un État, en quoi une approche par des « méta-facteurs » éclaire-t-elle les révolutions arabes ? Et comment les déterminer ?